Chapitre 02 : Le Départ (suite)
Après le déjeuner, Indira téléphona à Christine, une de ses collègues de travail, et elle l'informa de ne pas aller la chercher le lendemain matin. En effet, comme Indira habitait sur la trajectoire, tous les matins, Christine l'attendait devant chez elle pour l'emmener au travail. Après presque un an, Indira continuait à se demander pour quelles raisons sa collègue tenait tant à l'emmener tous les jours. Pour qu'Indira se sente rabaissée de n'avoir qu'une Super 5 datant de Mathusalem alors que Chirstine roulait dans la 406 flambant neuve que lui avaient offert ses parents ? Parce que Christine voyait qu'Indira ne roulait pas sur l'or et souhaitait lui faire économiser des frais de carburant ? Ou simplement parce que christine se sentait bien en la compagnie d'Indira et souhaitait discuter un peu avec elle avant d'affronter le stress du travail ?
Se sentant observée, Indira tourna la tête et découvrit le tendre regard chocolat de son frère.
-Ne sois pas tant préoccupée, Indi. Tout va finir par s'arranger. Je ne te cache pas que ce sera difficile, les premiers temps. Mais tu es forte, et je sais que tu peux y arriver.
-Je n'arrive pas à être aussi confiante. Après tout, même Frédéric n'a pas voulu m'aider...
-Il a ses raisons. Peut-être n'en a-t-il pas les moyens. Ou peut-être a-t-il peur qu'en t'installant chez lui, tu n'en partes plus. tu sais, certaines femmes sont si encombrantes, d'autres souhaitent tellement se marier...
-Tu as sans doute raison...
Pour changer de sujet, Indira demanda :
-N'aurais-tu pas des journaux de petites annonces ? J'aimerais voir s'il y a des appartements à louer dans le coin.
-Cela peut attendre, Indi. Nous ne nous sommes pas vus depuis si longtemps.
-Je ne souhaite pas t'encombrer de ma présence plus de temps que nécessaire. De plus, étant donné que je ne vivrai plus chez papa et maman, nous pourrons nous voir quand bon nous semblera.
-Sache que ta présence ne m'encombre pas. Mais je respecte tes choix : si tu souhaites partir de chez moi le plus rapidement possible, je t'y aiderai.
-Merci.
Victor alla chercher une pile de journaux qu'il posa sur la table basse dans le salon, devant le canapé sur lequel Indira était assise. Il prit place en face de la jeune fille qui saisit un journal et il la regarda. Indira était sa soeur, il en était sûr. Tous deux se ressemblaient trop sur certains points : même volonté farouche de réussir dans la vie, même envie d'indépendance, même recherche de solitude. Mais lui-même était aussi brun qu'Indira était blonde, ses yeux étaient aussi sombres que ceux de la jeune fille étaient bleu clair, sa peau était aussi blanche que celle d'Indira était tannée par le soleil... Il était le grand frère et elle était la petite soeur, et cependant, elle avait réussi là où il avait échoué : avoir une apparence physique qui se remarque, qui fait que les gens se retournent... Si elle avait été un peu plus grande, elle aurait pû être mannequin. Seulement, du côté de la taille...
-Quelque chose te préoccupe ?
Victor sortit de ses pensées et sourit.
-Non, tout va bien, je réfléchissais.
Puis il prit au hasard un journal et l'ouvit à la page de l'immobilier, où il regarda les annonces.
-Regarde ça ! s'exclama Indira. Une cuisine, une chambre et une salle de bains pour 1500F par mois !
-Ca a l'air d'être intéressant. Tu peux appeler si tu veux.
-Je ne vais pas déranger ces pauvres gens un dimanche.
-Ne t'en fais pas, Indi, s'ils tiennent réellement à louer leur appartement, le fait que tu les appelles aujourd'hui ne les dérangera pas.
Victor se leva et aller chercher le téléphone sans fil qu'il tendit à sa soeur.
-Vas-y, sinsista-t-il.
Indira n'attendit pas plus longtemps. Elle s'empara du téléphone et composa le numéro inscrit en dessous de l'annonce. Après quatre tonalités, une voix claire et féminine parla.
-Allô ?
-Bonjour madame. Je vous appelle au sujet de l'annonce pour l'appartement.
-Oh, je suis désolée mademoiselle, mais un étudiant l'a visité hier et il désire le prendre.
-Ce n'est pas grave, au revoir, dit Indira avant de raccrocher.
Voyant l'air déçu de sa soeur, Victor affirma plus qu'il ne demanda :
-Il est pris ?
-Depuis hier.
-J'ai une annonce sous les yeux qui peut être intéressante, écoute : retraitée de 72 ans loue une chambre de sa maison et partagera cuisine et salle de bains pour 1000F par mois. Ca pourrait être bien le temps que tu trouves de quoi t'équiper, non ?
-Pas question, je veux être indépendante dès le début même si pour cela, mon compte en banque devra battre de l'aile !
Le frère et la soeur passèrent encore un moment à feuilleter les annonces. Indira passa trois autres coups de téléphone en vain. Ils décidèrent donc d'abandonner pour la journée et attendre la semaine suivant pour avoir de nouvelles annonces.
Indira s'endormit de bonne heure ce soir-là, épuisée plus émotionnellement que physiquement. Elle se réveilla à environ deux heures, elle alla boire un verre d'eau puis se recoucha. Mais un rêve étrange peupla son sommeil.
Une vieille femme aux longs cheveux blancs, vêtue d'une chemise de nuit blanche la regardait de ses yeux transparents et riait à s'en décrocher la mâchoire sur laquelle il ne restait plus que trois misérables dents pourries, en disant :
-Bientôt, tu m'appartiendras. Tu viendras à moi sans même t'en rendre compte et tu seras à moi. tu ne me refuseras rien et je te prendra tout ! Tu entends : tout !
Puis elle partit d'un éclat de rire digne d'une hyène qui résonna longtemps dans les oreilles d'Indira, même quand celle-ci se fut réveillée.
La jeune fille regarda autour d'elle et vit qu'il faisait encore nuit. Cependant, elle savait qu'elle ne réussirait plus à fermer l'oeil.
Qui était cette vieille femme ? Etait-ce la retraitée qui louait la chambre dans sa maison ? Et qu'avait-elle dit ? Qu'Indira lui appartiendrait corps et âme ? Oui, c'était bien ça. Indira entendait encore cette voix aigre. "Bientôt, tu m'appartiendras. Tu viendras à moi sans même t'en rendre compte et tu seras à moi. tu ne me refuseras rien et je te prendra tout ! Tu entends : tout !"
La voix et le rire étaient aussi aigres l'un que l'autre, comme si tous deux avaient trempé des jours durant dans un bocal de vinaigre.
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Désolée, l'action est un peu longue à se mettre en place ^^
Merci à ceux qui suivent. |