Le Roi les accueillit sourire aux lèvres. Il les fit conduire dans leurs chambres. Will pu enfin retirer son armure et revêtir un ensemble plus présentable blanc et rouge qui faisait ressortir ses étranges couleurs. Son épée était placée sur son coté gauche, facilitant le mouvement pour la saisir en cas de besoins. Mel avait noué son foulard autour de son cou et dissimulé sa dague sous sa robe. Jeh, lui, s'était vêtu de blanc, un poignard à sa ceinture verte. Ensemble ils se rendirent à la grande salle où le Roi les attendait. Il les fit s'asseoir. S'il fut surpris par l'apparence de Will, il n'en montra rien, la Reine non plus. Par contre, certains serviteurs évitaient de le regarder ou de le toucher. Le trio s'inclina devant la famille royale et le Roi leur demanda de lui parler de leur territoire. Prudemment Will raconta le village, la forêt, les habitudes, cachant qu'il n'était qu'un vagabond. On installa la table et apporta le repas. Le Roi les fit s'asseoir à sa droite, signe de son respect envers le Chevalier. Tous se passa bien jusqu'à ce que le Roi murmure à l'oreille de son épouse :
- Dites moi, ma Chère, ne trouvez vous pas que cette Méline ressemble à notre Kora ? De plus elles ont à peu près le même âge. Pensez-vous la même chose que moi ?
- En effet, je vois où vous voulez en venir mon cher époux. C'est mauvais signe.
Le repas se termina, on débarrassa la table. Le Roi appela alors Méline.
- Dites moi Damoiselle, où sont vos parents ?
- Mes parents sont morts, Majesté. Répondit celle ci sur ses gardes.
- Je vais vous prouver le contraire. Déclara mystérieusement le Roi. Kora, ma chérie, venez ici.
Une jeune fille fit son apparition, elle était plus grande que Mel mais lui ressemblait traits pour traits mis à part la marque de la joue. Devant l'ébahissement de Méline, le Roi reprit.
- Vous êtes la fille du Roi Olaf et de la Reine Lïa. Il y a seize ans mon épouse accoucha de jumelles. Comme c'est mauvais signe, nous en avons donc abandonnée une, la plus frêle. Nous pensions qu'elle était morte dans la forêt. Votre présence ici prouve le contraire, l'enfant a survécu et c'est VOUS. Pour éviter le mauvais sort, nous allons nous débarrasser de vous.
- Gardes ! Emparez vous d'elle. Cria t-il en se tournant vers ses soldats.
Complètement sonnée devant cette déclaration Méline ne réagit même pas lorsque les soldats se ruèrent sur elle. Cependant Will lui avait réagit au quart de tour. Il l'avait saisie et la serrait contre lui, la protégeant de son épée.
- Vous ne la toucherez pas ! S'écria-t-il plein de rage. Il se tourna vers le Roi. Quels sortent de parents êtes vous pour abandonner votre fille dans la forêt ?
- Allons, calmez vous, avoir des jumeaux c'est mauvais signe, surtout pour un Roi. Maintenant laissez nous la tuer ou le malheur va s'abattre sur nous tous.
- Jamais !
- Allons, pas d'enfantillages, si tu veux je te donnerai la main de Kora, tu n'y verra pas de différence. Allez ! Attrapez la !
Les gardes se ruèrent de plus belle sur Mel, réfugiée dans les bras de l'Albinos, la dague au poing. Aussitôt Jehan sortit son poignard et prit part au combat déclanché par Will. Les soldats étant trop nombreux, ils finirent par succomber sous le nombre. Un violent coup sur la nuque leur fit perdre connaissance. Will se réveilla aux cotés de Jeh dans un sombre cachot, aucune trace de la Nymphe. Il craignit le pire. La serrure cliqueta et la porte s'ouvrit.
Un puissant soldat entrava les bras de Will et Jehan pendant que le Roi leurs expliquait la raison de sa visite.
- Votre amie la Nymphe va être brûlée dans la cour du Château. Comme vous n'êtes pas dangereux vous y assisterez seulement attachés puis nous vous délivrerons.
- Ecoutez Majesté, laissez nous repartir avec elle, nous vous promettons que nous ne remettrons plus jamais les pieds ici. Implora Will.
- Non, hors de question ! Elle doit mourir.
Le garde les poussa hors du cachot et les emmena au centre de la cour. Ils n'opposèrent aucune résistance. Un bûcher était dressé au centre de la place, Méline y était attachée. Elle les aperçut et un mince sourire se dessina sur ses lèvres. L'Albinos la fixait et elle aussi le regardait. Dans les yeux de la Nymphe, Will y voyait toute sa détresse. Il y lu aussi un message plus personnel. Aussitôt il sut que si elle mourrait il n'avait plus aucune raison de vivre. Un soldat s'approcha et mit le feu. Bientôt il y eu tellement de fumée que l'on ne distinguait plus la Nymphe cependant Will fixait encore les flammes. Des larmes coulaient de ses yeux. Soudain la pluie se mit à tomber, si fort que tout le monde courut se mettre à l'abri. Le garde détacha les deux amis immobiles et rentra à son tour. L'Albinos tourna de nouveau la tête vers le bûcher. Il l'avait lâché des yeux pour surveiller le soldat occupé à le détacher. Jeh avait posé sa main sur l'épaule de son ami pour le soutenir. La pluie avait été si forte qu'elle avait éteint les flammes laissant voir le corps de Mel. Fou de douleur, Will se précipita. Il la décrocha et l'allongea en douceur sur le sol. Puis il se mit à pleurer sur le corps sans vie de son amie. Longtemps il resta prostré laissant couler sans retenue ses larmes. Jeh, un peu plus loin, par respect pour son ami, laissait lui aussi libre court à son chagrin. Il ne savait comment consoler Will. Soudain ce dernier releva la tête, ses yeux rouges pleins de larmes brillaient d'une étrange lueur. Jehan distingua un sourire sur son visage encore plus pale que d'habitude. Il n'y comprenait rien.
- Elle respire, Jeh, elle n'est pas morte. C'est merveilleux, elle est en vie.
- Je vois que je suis arrivée à temps. Déclara une voix.
- Vaya, c'est toi qui as fait pleuvoir ? S'écria Jeh, en apercevant la Naïade.
- Oui Jehan, les Naïades possèdent le pouvoir de contrôler l'eau. J'ai éteint le feu à temps. Au départ j'ai eu peur d'être arrivée trop tard. Donc j'ai préféré rester en arrière.
- Merci beaucoup Vaya, je constate que nous te devons plusieurs fois la vie. C'est une manie. Constata Will. Profitons donc de la pluie pour partir nous mettre à l'abri avant que les autres ne sortent.
L'Albinos prit Mel dans ses bras et courut vers la porte laissée sans surveillance. Jeh attrapa la main de Vaya et leur emboîta le pas. Ils se réfugièrent dans le bois le plus proche à quelques centaines de mètre du Château. Will déposa délicatement la Nymphe sur un tapis de mousse.
- Elle est brûlée au niveau des jambes et au bas des bras. Je ne connais aucun remède pour la soigner. Se lamenta l'Albinos.
- Moi j'en connaît quelques uns, déclara Vaya. D'abord lave lui les jambes et les bras avec de l'eau fraîche, ça la soulagera. Il y a un ruisseau un peu plus loin, je le sens. Moi je vais aller chercher des plantes médicinales. Je te promets de la remettre sur pied.
Will se précipita jusqu'au ruisseau et baigna les plaies de la Nymphe. Celle-ci gémit.
- Ne t'inquiète pas Mel, je suis là, il ne t'arrivera plus rien. Chuchota-t-il.
Vaya arriva avec des plantes et en couvrit les bras et les jambes de la blessée.
- Laisse la se reposer. C'est la meilleure des solutions. Expliqua la Naïade.
Will saisit la main de Méline et ne la lâcha pas de la nuit, même pendant son sommeil. Au matin il eu le bonheur de la voir sourire en le regardant. Il serra plus fort sa main, heureux de la voir en vie. Il se pencha sur elle et l'embrassa délicatement sur les lèvres.
- Comme j'ai eu peur. Je suis désolé de t'avoir entraînée dans ce pétrin. Je m'en veux de ne pas t'avoir assez protégée…
D'un geste elle lui coupa la parole et sourit, trop faible pour parler. Elle essaya de se redresser mais Will l'en empêcha.
- Repose toi je t'en prie. Ne te fatigue pas. Lui conseilla celui-ci. Mel laissa retomber sa tête et se rendormit.
- Sa convalescence sera longue, je le crains. Avoua Vaya lorsque Will l'eu rejoint.
- Je resterai près d'elle. Il ne lui arrivera rien je le jure.
- Tu l'aime, n'est ce pas ? Questionna la Naïade.
- Oui, plus que ma vie. Avoua Will rougissant.
- Tu as de la chance, elle aussi t'aime, ça se voit.
- Tu sais Vaya, je pense que tu ne laisses pas Jehan indifférent.
- Non, en effet, de plus il me plait bien. Avoua à son tour malicieusement la Naïade. Jeh arriva sur ces entre faits, il passa ses bras autour de la taille de Vaya qui s'abandonna sur son épaule. D'un signe de la tête il désigna Méline.
- Comment va-t-elle ?
- Elle a reprit connaissance, mais elle doit se reposer.
- Je ne veux pas te précipiter mais si tu veux sauver les villageois il faut un plan et un bon. Pour ma part je n'en ai pas.
- Je ne sais même pas où ils sont enfermés. Et puis je dois rester près d'elle et la protéger. Regarde, elle est incapable de se défendre dans son état.
- Tu as raison. Acquiesça Jehan. Mais il faut trouver une solution… Il se tu et réfléchit. Il faudrait une diversion… c'est ça… ensuite l'un de nous court délivrer les autres et on repart ni vu, ni connu.
- Ça pourrait marcher avec quelques petites améliorations… Il nous faudrait un orage comme diversion… Ils n'oseraient pas sortir pendant un orage et les gardes n'y verront que du feu… enfin… de l'eau. Approuva Will.
- Ça marche, je m'occupe de l'orage. Déclara la Naïade en riant.
- Maintenant, il faut savoir où sont enfermés les esclaves. On va aller demander au vieillard qui nous a hébergé pendant le tournoi, il doit être au courant.
Aussitôt dit aussitôt fait. Laissant Mel sous la garde de Vaya, Jehan et Will, les cheveux couverts par un manteau se rendirent chez le vieil homme. Le chemin ne fut pas aisé, il fallut sortir du bois, traverser le village et retrouver la maison du vieillard. Une fois arrivé, ils frappèrent à la porte. Un sourire éclaira brièvement le visage du vieil homme qui redevient vite grave.
- Je suis heureux de vous revoir. Mais j'ai appris le drame, je suis désolé pour la Damoiselle.
- Ne vous en faites pas. Elle est vivante et à l'abri. Le rassura Will.
- Sachez que j'en suis enchanté. Qu'est ce qui vous amène ?
- D'abord, si ce n'est pas trop vous demandez nous aurions besoin de vêtements. La robe de Méline est brûlée et nos vêtements sont trop voyants.
- Je dois avoir ce qu'il vous faut. Pour la jeune fille je n'ai plus de robe mais j'ai un ensemble vert et marron très discret. Je peux vous en fournir un chacun, je suis vendeur de vêtement mais pour vous c'est cadeau.
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- Merci beaucoup. Nous aimerions aussi savoir où sont enfermés les esclaves.
- Ah ! Euh ! Je ne peux pas vous aider, je ne sais pas où ils sont. Par contre allez voir mon voisin, Plaf, c'est un ancien esclave, il doit savoir. Dites lui que vous venez de la part de Jël, c'est mon nom.
- Dac' je vais y aller seul, Will. Si ça ne te dérange pas !
- Non, tu as raison, je risque de lui faire peur.
Jehan sortit et frappa à la maison voisine. Il en ressortit quelques minutes plus tard songeur. Il ne remarqua donc pas l'homme encapuchonné qui quitta la maison derrière lui et qui se rendit directement au château.
- Ça y est, je sais où ils sont enfermés. Je lui ai dit que je devais voir mon père. Ils sont enfermés dans une grange au fond à droite lorsque tu rentres par la porte principale. Mais ils n'y sont que la nuit, dans la journée ils travaillent aux champs ou au puit.
- Ben, ça ne sera pas une partie de plaisir ! Maintenant rentrons, je crains de m'absenter trop longtemps. Will se tourna vers le vieillard. Jël, merci pour tous ce que vous faites, mais prenez garde que personne ne le sache. Tu viens Jeh ?
- Euh… Commença Jël, pourriez vous me rendre un service.
- Oui bien sur. De quoi s'agit-il ? Questionna Will en se retournant
- Voilà, mon fils et ma fille sont enfermés là bas comme esclaves, pourriez vous les délivrer et leur dire que je les attends à la cascade du bois. Je vous en serais éternellement reconnaissant.
- Nous vous devons bien ça. Comment sont-ils ?
- Ils sont tous les deux blonds, avec des yeux verts. Ils se nomment Chris et Jëlla. Cela va faire quatre ans qu'ils sont là bas, je ne peux pas vous en dire plus. Ah, si ! Ils doivent avoir à peu près votre âge. Je ne sais pas si ils sont encore vivants. Quoi que vous fassiez, vous serez toujours dans mon cœur.
- Bien, nous essayerons de les délivrer avec les autres. A la cascade, c'est ça ?
- Oui c'est ça.
Ils repartirent après s'être vêtus. Dans la soirée ils rejoignirent Vaya et Mel. La jeune Nymphe était toujours couchée mais elle était tournée. On ne pouvait voir son visage. Vaya était un peu plus loin occupée au repas. Lorsqu'elle les aperçut la Naïade sauta au coup de Jeh, Will se précipita vers Méline. Elle avait les yeux ouverts et fixait le vide. Elle se tourna en l'entendant arriver. Des cernes se dessinaient sous ses yeux brillants. Il lui donna l'ensemble et l'aida à se changer. Il en profita pour observer ses blessures. Les brûlures n'étaient pas belles à voir mais il semblait que le Nymphe allait déjà un peu mieux, ce qui rassura Will.
- Vaya m'a tout expliqué. J'étais inquiète pour vous. Et si le Roi vous a suivit. Articula-t-elle.
Il l'aida à s'asseoir. Puis elle s'appuya contre lui pour se mettre dans une posture plus confortable. Il la pris contre lui et elle blotti sa tête au creux du cou de Will. En jetant un coup d'œil derrière lui, elle devint pâle comme la mort, mais il ne s'en rendit pas compte.
- Je suis revenu. Maintenant je ne te quitte plus jusqu'à se que tu puisses te défendre. Je te jure qu'Olaf ne t'approchera plus. Il devra ne passer sur le corps avant.
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