Ca peut se faire morveux ! Tonna une voix.
Surpris, Will se retourna. Le Roi était là avec ses gardes. Ils avaient immobilisés Jehan et Vaya, cependant une estafilade au bras d'un garde prouvait qu'ils avaient combattu. Trop loin Will n'avait rien entendu. Il se maudit pour son inattention, attrapa délicatement mais fermement Mel dans ses bras et fit face au Roi.
- Que veux tu. Questionna-t-il.
- Me venger.
- De quoi ?
- De toi. De toi et de tes amis qui se sont joués de moi. Oh, ne t'inquiètes pas pour elle. Dit-il en désignant Méline. Elle finira par mourir sans que je l'aide. Je vais vous faire souffrir, elle sera sans doute la première à quitter ce monde, vu son état.
- Espèce de…
- TTTTT, pense à tes amis. Le coupa Olaf. Ta colère risque de les tuer. Allez, rend toi sans problème et il ne leur arrivera rien. Si tu veux je peux porter ton amie. Après tout, je suis son père. Déclara-t-il en s'approchant. Il tendit la main vers Mel qui eu un geste de recul.
- Ne la touche pas. S'indigna Will en reculant lui aussi. Tu n'as pas hésité à la brûler et tu te prétends son père ?
- Mais je suis son père ! Attaqua Olaf. Tu ne peux rien contre les liens du sang.
- Peut-être, mais vous l'avez abandonnée, vous l'avez vouée à la mort. C'est un signe du ciel si elle a survécu par deux fois. De plus les liens du sang ne sont rien s'il n'y a pas d'amour derrière. Contre attaqua l'Albinos.
- Je ne crois pas aux signes du ciel. Avoua Olaf.
- Alors... pourquoi ... pourquoi, l'avoir abandonnée et avoir voulu la tuer ? Interrogea Will pris au dépourvu.
- Kora et elle étaient mes deux premières filles, l'une d'elle allait épouser le fils de Kyrale et m'apporter de l'argent, l'autre n'aurait été qu'une bouche à nourrir. Mais j'ai préféré dire à ma femme que cela porte malheur. Elle est très superstitieuse.
- C'est toujours plus facile de mentir. Ricana Jeh qui suivait la conversation avec attention. Le Roi s'approcha de lui :
- Silence toi ! Il attrapa vivement la Naïade par le poignet, ou elle risque d'en pâtir.
- Vous vous en prenez aux plus faibles, vous êtes lâche ! Comment avez vous pu devenir Roi ? Comment les Dieux ont-ils pu confier l'avenir du monde à de sombres crétins ? S'indigna Jehan.
- Jeh, qui te dit que je suis faible. Questionna Vaya en souriant. D'un brusque mouvement elle dégagea son poignet de l'étreinte du Roi. Elle s'éloigna de quelques pas avant que les soldats ne réagissent et la rattrape.
Enervé Olaf se tourna dans la direction de Will.
- Allez, toi l'Albinos …
Will avait disparu emportant Mel avec lui.
- Bande d'incapables ! Hurla-t-il, rattrapez les, je les veux vivants, vous m'entendez, VIVANTS. Dépêchez vous, ils ne doivent pas vous échapper
Les soldats, honteux, partirent en courant.
- Sergent ! Le rappela le Roi
- Oui Majesté ?
- Si vous ne les avez pas récupérés ce soir je ne veux plus vous revoir. Compris ?
- Parfaitement Majesté.
Le sergent s'élança à la suite de ses hommes . Il devait faire vite, la grande taille de ce bois rendait toute chance de les retrouver avant la nuit très mince. Pourtant, il fallait, qu'il les retrouve, sa place de sergent était en jeu, tout comme son honneur. Autant dire qu'il était déterminé à les retrouver. Il ne négligea aucune cachette, aucun endroit; Les terriers, les bosquets, les fossés de ce bois furent tous passés au peigne fin. Impossible de les retrouver. A la tombée de la nuit, munis de torches, les soldats continuèrent de fouiller le bois, séparés en plusieurs groupes. Le sergent était accompagné de cinq hommes. Un toussotement sur leur droite les attirèrent. la Nymphe était là, assise contre un arbre. Elle tremblait de froid. Le sergent s'approcha d'elle, tournant le dos à ses hommes. Des bruits étouffés lui parvinrent mais il n'y fit pas attention. Il était concentré sur Mel.
- Où est-il ?
- …
- Répond, où est-il ? S'énerva le sergent en sortant son épée.
- Ici ! Répondit une voix dans son dos. Le sergent se retourna. Will sauta de l'arbre où il s'était dissimulé. Il tenait un arc bandé. Alors, seulement, le sergent pris conscience que ses hommes étaient morts, tués d'une flèche en plein cœur.
- Lâche ton arme et recule. Ordonna l'Albinos.
Le sergent saisit Mel et lui plaça son épée sur la gorge.
- Déposes ton arc ou je la tue.
- Tu ne le feras pas, le Roi nous veut vivants. Il l'a pourtant crié assez fort.
- Je vois que tu es un petit malin. Bien, je lâche mon arme. Joignant le geste à la parole il déposa son épée au sol et s'écarta de Mel. Elle entra dans le champ de vision de Will. Une expression horrifiée se dessina sur son visage. Il voulut se retourner pour voir ce qui pouvait effrayer la Nymphe. Il n'en eut pas le temps. Il ressentit un violent coup derrière la nuque et s'effondra.
- Will ! Entendit-il avant de sombrer dans le noir de l'inconscience.
Le sergent se rapprocha aussitôt de Méline et la saisit violement par les cheveux. Elle se débattit et lui entailla la joue avec sa dague. Il n'y fit pas attention et la tira au centre d'un cercle formé par sept hommes. L'un d'eux attrapa Will, l'attacha et le balança sur son épaule.
- Bravo soldat. Félicita le sergent à l'homme qui avait assommé Will. Mes amis, vous êtes arrivés à temps, le Roi sera fier de vous. Rassemblez les autres, nous partons.
Ils retournèrent au château rapportant leurs trophées. Ils pénétrèrent dans la grande salle. L'homme déposa Will aux pieds du Roi et le sergent fit s'agenouiller Méline. Le Roi tendit alors une bourse à un homme qui se tenait à sa droite.
- C'est très bien Plaf, tes renseignements étaient exacts. Tu as bien mérité ta récompense. Files maintenant.
Il se tourna vers ses hommes.
- Toi, toi et toi, conduisez les aux cachots. Veillez à ce qu'ils ne s'échappent pas.
Will sentit de l'eau couler sur son front. il cligna des yeux et les ouvrit. Il distingua le visage pale mais souriant de Mel puis, celui soucieux de Jehan.
- Ça y est il se réveille. Déclara la Nymphe. Tant mieux je n'ai pas assez de force pour en faire plus.
- Repose toi. Cet exercice t'a fatigué. Je m'occupe de lui. Ordonna Jeh. Il se tourna vers Will. Bienvenue chez les vivants plaisanta-t-il.
L'Albinos se redressa. Il regarda autour de lui. C'est alors qu'il reconnut certains visages, ceux des habitants de son village. Enfin ! Ils les avaient retrouvés. Ils ne leur restaient plus qu'à s'enfuir. Plus facile à dire qu'à faire.
- Où est Vaya ?
- Là-bas, elle tourne en rond. Je la comprends. Elle est habituée au soleil et aux grands espaces, à la liberté. La prison elle ne connaît pas. Je ne sais pas quoi faire pour la calmer. je n'ose même pas lui parler de peur qu'elle s'énerve.
Will regarda dans la direction que lui indiquait Jehan. En effet la Naïade tournait en rond, tapant dans les cailloux, sous les yeux étonnés des prisonniers. Will se leva en chancelant légèrement, Mel s'était endormie contre le mur. Il s'en voulut de ne pas être parti plus tôt. Il se dirigea ensuite résolument vers Vaya.
- Pourquoi n'utilises tu pas ton pouvoir ?
- Mon pouvoir ! Pour faire quoi ? C'est déjà bien assez humide comme ça, pas la peine d'en rajouter. Déclara-t-elle étonnée et énervée.
- Non, non, pas celui la. L'autre, celui de disparaître. Tu sais, tu le faisais chez les Korrigans et près de la rivière Tu apparaissais et disparaissais selon ton bon vouloir.
- Ah ! Celui-ci. C'est vrai je n'y pensais plus. Elle se tourna vers Jehan qui approchait. Si je le fais, je reviendrais vous chercher. Mais je ne sais pas comment faire pour emporter d'autres personnes avec moi. Ma mère n'a pas eu le temps de me l'apprendre. Mais je vous ferai sortir d'ici. Promis juré. Elle se pencha sur Will et déposa une bise sur sa joue.
- Merci pour ton idée.
Jehan la prit contre lui et l'embrassa passionnément.
- Fais attention. Je t'aime
- Moi aussi, je reviendrai vite. Et comme elle l'avait fait auparavant elle disparu, sous les yeux ébahis des prisonniers.
- Au moins elle est libre. Se consola Jeh pour ne pas s'avouer qu'il était inquiet pour elle.
- Bon, Will s'approcha des prisonniers. Est ce que Jëlla et Chris sont ici ? Deux adolescents correspondant à leur description s'approchèrent. ils étaient du même âge que Mel.
- Votre père Jël nous a chargé d'un message, il vous attend à la cascade. Il se tourna vers les autres. Nous allons vous faire sortir d'ici.
- Comment vas tu t' y prendre, Démon. Commença un homme que Will reconnut pour être le chef du village.
- J'ai des amis qui vont nous faire sortir. Affirma Will sans faire attention à l'insulte. Mel s'approcha et se plaça près de Will. Chris et Jëlla s'approchèrent à leur tour.
- Je te fais confiance. Murmura Chris. Personne mis à part nous et notre voisin Plaf ne connaît le nom de notre père.
- Plaf, intervint Mel. C'est lui qui nous a trahit. Le roi lui à remit de l'argent en disant : "C'est très bien Plaf, tes renseignements étaient exactes. Tu as bien mérité ta récompense."
- C'est lui que j'ai été voir pour savoir où étaient enfermés les esclaves. Commença Jeh. Il a dû sortir derrière moi et aller chercher le Roi. Ensuite celui-ci nous a suivis. J'espère que Jël a pu partir sinon il ne va pas tarder à nous rejoindre. Au fait, où sommes nous ? Nous ne sommes pas à l'endroit indiqué par Plaf.
- Nous sommes aux cachots. c'est là qu'ils mettent les rebelles. Lorsque l'on est ici on ne travaille pas aux champs et on à juste le droit au pain sec et à l'eau. Si nous sommes ici moi et ma sœur c'est parce que j'ai frappé un soldat qui voulait lui faire du mal. Il faut bien se tenir et ensuite ils nous font ressortir. Ils ont besoin de nous aux champs. Expliqua Chris.
Will se tourna vers le chef :
- Tous les villageois sont-ils là ou êtes vous les seul survivants ?
- Qu'est ce que cela peut te faire Sorcier ?
- Nous sommes venus du village pour vous délivrer. Le vieux sage nous a dit qu'on vous avez enlevé. Répliqua placidement Will.
- Le sage est en vie. C'est inespéré.
- A vrai dire non. Il est mort peut de temps après. Avoua Will.
- C'est toi qui l'as tué. C'est de ta faute si certains de nous sont tombés malades. C'est par ta faute que nous sommes ici. Et tu crois que l'on va te suivre, tu es le Fils du Diable.
- Dites donc vous ! L'interpella Mel. Je ne voudrais pas vous vexer mais je crois bien que Will a risqué sa vie pour vous. Il est allé chez les Korrigans pour obtenir un remède à votre mal, il s'est battu contre des chevaliers pour entrer au château, il a défié le Roi et essayé de vous délivrer. Alors je serais vous j'éviterais de l'appeler Fils du Diable, Sorcier ou Démon.
- De quoi tu te mêles, toi. Tu n'es pas plus humaine que l'autre qui a disparu tout à l'heure. Déclara le chef. Tu es un être de Jades que ce Démon a payé pour le protéger.
- Laisses tomber Mel. S'interposa Will avant que la Nymphe ne réponde. Regarde la vérité en face. Il à peur et il cache sa peur derrière des insultes. Ne lui répond pas, il n'en vaut pas la peine. Tu l'as dit toi même souviens toi : " Peu importe ce que pense les gens, tant que toi tu as confiance en toi. Tu sais ce que tu es et ce que tu vaux." lui rappela celui ci en lui récitant la phrase dite chez les Korrigans.
- Tu as raison. Reconnut-elle en tournant le dos au chef. Sais tu où es partie Vaya ?
- Non, mais elle va revenir. Elle nous l'a promis. Répondit Will.
- Savez vous où se trouve la cascade ? Si elle est bien cachée elle pourrait nous servir de cachette. Demanda la Nymphe à Chris.
- Je vous le dirais, mais à une condition. Répondit l'adolescent.
- Laquelle ?
- Soignez ma sœur, elle est malade et je ne peux rien faire pour elle. Supplia Chris.
Mel se tourna vers Will. Elle se sentait trop faible pour soigner la jeune fille, par contre il y avait une autre solution.
- Dis moi, le remède des Korrigans tu l'as toujours ?
- Oui, je vois où tu veux en venir. Will sortit le remède. Par chance on lui avait laissé son sac et la gourde était intacte. Il s'approcha de la jeune fille. Malgré ses efforts pour tenir debout on voyait bien qu'elle était à bout de force. Il l'aida à s'asseoir et lui fit boire deux gorgées du liquide. Puis il se tourna vers Chris et lui adressa un sourire.
- Ne t'inquiètes pas, elle va s'en remettre. Laisse le temps au remède d'agir.
- La cascade se trouve à trois jours de marche au centre du bois. Répondit Chris en se tournant vers Will, avant de rejoindre sa sœur.
Au bout de quelques jours, les traces de fatigue avaient disparues du visage de Jëlla.
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