Une journée passa, dans leurs chambres les amis de Will commençaient à douter de la Reine.
Profitant de la nuit tombée l'Albinos fit faire demi-tour à sa monture et se dirigea résolument dans la Forêt d'Oly vers la cascade.
La Reine se leva lentement... Heureusement pour elle cela faisait longtemps que le Roi et elle ne partageaient plus la même couche. Le Souverain préférant varier le plaisir, une servante était invitée chaque nuit dans la couche royale et la Reine rejoignait une chambre dans une tour. Cela l'arrangeait, la tour étant plus près des chambres des prisonniers que celle du Roi, elle avait moins de chemin à faire et moins de risques de rencontrer des gardes. La nuit le Château n'était pas surveillé dans les quartiers du Roi. Les grades s'occupaient de surveiller l'entrée principale et les esclaves prisonniers, mais la tour où étaient Will et les autres faisaient partie des quartiers royaux. Elle traversa le couloir et arriva devant les portes fermées à clef. Elle ouvrit la porte et les réveilla doucement, en silence. Ils se préparèrent, sortirent capes et couvertures des armoire et les mirent dans leurs sacs. Ils sortirent et elle referma derrière eux. Ils passèrent à la salle d'armes et récupérèrent les leurs : épées, poignards et dagues. L'armurie n'était pas plus surveillée que les quartier royaux pour une raisons simple : il n'y avait pas assez de gardes. Toujours sans dire un mot, Lïa leur fit rejoindre les écuries. Un homme les attendait et les chevaux étaient sellés. Chacun prit une monture. Au moment de partir Mel se tourna vers sa mère :
- Merci pour ce que vous faites. J'aurais aimé vous rencontrer dans de meilleures circonstances.
- Moi aussi, ma fille. Mais tu es vivante et en bonne santé. C'est ce qui compte. C'est plus que je ne l'espérais.
Elle s'approcha et serra la main de chacun en lui souhaitant "Bonne chance". Puis les chevaux partirent au pas à travers la cour le plus silencieusement possible. A la sortie du Château, ils galopèrent vers la Forêt pendant que la Reine et son conseiller rentraient.
Une journée entière passa après la fuite discrète. Le Roi ne s'occupant pas des prisonniers personne ne remarqua que les chambres étaient vides et les repas non consommés. Le lendemain le Roi se coucha tôt et réfléchit tranquillement. Dans sa chambre il ne trouva pas le sommeil, une question le taraudait. En y repensant l'Albinos avait capitulé une peu vite. La dernière fois il avait fallu utiliser des moyens plus convainquant, menacer plus directement ses amis. Et pourquoi diable était il pressé de partir ? L'Albinos lui avait pourtant dit qu'il détestait espionner les autres. Pourquoi donc cette soudaine précipitation. Ce n'était sûrement pas une preuve de zèle de sa par envers lui, l'Albinos s'était presque enfui sous ses yeux. Sa décision était prise, dans une semaine il tuerait les prisonniers sous prétexte d'une trahison. Il savait en lui même que l'Albinos ne pourrait pas mener à bien sa mission en une semaine, mais au moins il n'aurait plus ces bouches inutiles, il laissera même le droit aux gardes de s'amuser avec les deux filles avant leur mort. Un garde entra précipitamment dans sa chambre, et faisant fi du protocole, il s'écria :
- Seigneur, seigneur, les prisonniers... ils se sont enfuis... les chambres sont vides.
- Comment ça ? Cria le Roi hors de lui, d'abords parce qu'il était dérangé dans son sommeil et ensuite parce que l'annonce confirmait ses craintes : tout était prévu.
- Lorsque j'ai apporté le repas comme tout les soirs, j'ai butté contre les plateaux précédent, j'ai passé ma main à travers la trappe pour attraper un bol qui était encore plein de la veille puisque froid. Je me suis rendu aux autres portes c'était pareil partout et il n'y avait pas un bruit. Je ne peux pas vous assurer qu'ils ont disparu car je ne suis pas rentré.

- Tu étais trop lâche pour aller t'en assurer ! Répliqua Olaf.
- Oh, non messire, si j'aurais pu je l'aurais fait mais les portes sont fermées à clef et s'est vous qui les avez. Se défendit le garde.
- C'est juste, alors allons nous en assurer. Il se vêtit rapidement et au pas de course, suivit par le garde il se rendit vers les chambres. Dans le couloir ils croisèrent la Reine.
- Que se passe-t-il mon cher ?
- Les prisonniers... il parait qu'ils se sont échappés. Expliqua-t-il sans se retourner. Il ne remarqua pas plus que le garde le visage soudain soucieux de la Reine. Elle se dirigea dans la chambre du Roi et glissa la clef dans la poche de la chemise, là où elle l'avait prise.
Ignorant tout du drame qui se jouait au Château, les amis galopaient. Chris avait pris Jëlla en croupe qui avait laissé sa monture à son père. Les retrouvailles avaient été écourtés par le besoin commun de se trouver loin qui Château lors de la découverte de leur fuite. Comme l'avait prédit Jëlla, Vaya était avec Jël lors de leur arrivée. Elle était désormais derrière Jeh. Will sachant parfaitement se repérer dans un bois il chevauchait en tête suivit de près par Mel et Jeh. Jël fermait la marche. La nuit tomba et ils durent ralentir l'allure des chevaux. Chacun somnolait, se laissant guidé par sa monture. Seul Will restait vigilant et dirigeait les autres. Lorsque le jour réapparut ils repartirent au galop, certains qu'ils approchaient de la limite Foêrt-Marais. Les arbres se faisaient moins dense et la végétation plus humide. Lorsqu'ils entrèrent dans les Marais de l'Ouest chacun frissonna de peur et de froid.
On sortit les capes et les manteaux et on s'enroula dedans pour se tenir chaud. Il silence se fit et chacun poussa son cheval à pénétrer dans les Marais lugubres et terrifiants. Le silence était lourd, pas un cri d'oiseau, pas un bruit de feuilles ou d'eau. C'était un silence que chacun sentait peser sur ses épaules. Les amis étaient dans leurs pensées et pas un son ne franchissait leurs lèvres serrées par la peur.
Le Roi ouvrit la porte...
- Reste derrière. Ordonna-t-il au garde. Il entra dans la première chambre : vide. Olaf se rassura en se disant qu'ils étaient tous ensemble dans la seconde chambre. Malheureusement elle se révéla aussi vide que la première. Très inquiet le Roi se dirigea vers la dernière sachant désespérément qu'elle serait, elle aussi vide. Il fouilla et remarqua la disparition des couvertures et des capes dans les armoires. Les cordes aussi avaient disparues. La moutarde lui monta au nez, comment avaient ils réussit à s'échappaient au nez et à la barbe de ses soldats. Décidément l'Albinos et ses amis étaient très forts. Vraiment très fort. Peu être trop pour lui, ils risquaient de mettre en péril son royaume, il fallait qu'il les rattrape à tout prix, avant qu'ils ne préviennent les autres Roi. Il retraversa les deux chambres en courant et se précipita dans le couloir.
- A la garde ! S'époumona-t-il pour réveiller le Château. A la garde ! Les prisonniers se sont échappés ! En quelques minutes le Château était en pleine effervescence, on sellait les chevaux, préparait les armes et emballait les provisions. Les hommes bouillaient d'accompagner le Roi Olaf et d'exterminer ces malotrus qui osaient défiés le Roi. En une heure une expédition fut sur pied. Elle partie lorsque la nuit fut tombée. Les soldats, le Roi en tête prenaient la direction du Désert d'Ambre, première destination de Will. Un homme s'approcha du Roi.
- Seigneur, j'était de garde aux cachots et je les ai entendu discuter. Ils parlaient de se retrouver dans la Forêt d 'Oly. Un vieillard, Jël, je crois les y attendait.

Le Roi se mordit les lèvres en réfléchissant. Si c'était un piège. Sachant qu'ils étaient écoutés, une solution pour les envoyer dans la mauvaise direction. L'Albinos s'était déjà révélé très malin. Alors se ne serai pas la première fois que le Roi se faisait berner de sa part. Le Roi fit stopper son armée, ils étaient déjà loin du Château. Après réflexion, l'Albinos ne pouvait pas savoir que le Roi allait lui demander d'espionner ayant ainsi une semi-liberté. Non, le plan avait été monté après la proposition du Roi, en l'occurrence le rendez vous dans la Forêt était vrai bien que peu être était annulé. Mais c'était la seule piste valable. Il décida de se fier à son instinct. Il fit un geste de la main, les hommes se tournèrent vers lui en sellant leurs chevaux. Le signal d'un nouveau départ venait d'être donné.
- Direction la Forêt d'Oly. Cria-t-il. C'est là que se cache les traîtres.
Docilement la troupe fit demi tour sans poser de question. Ils s'arrêtèrent devant la forêt peu de temps après avoir reçu l'ordre de s'y rendre. La nuit était complète mais la pleine lune et les torches des hommes permettaient d'y voir assez clair pour se diriger. Anxieux, ils observèrent la lisière, sans pour autant pénétrer sous le couvert des arbres. Le Roi, resté en retrait lui aussi, aboya des ordres. Personne ne l'écouta, ou du moins, personne n'obéi. Les soldats étaient envoûtés par le bruissement des feuilles, que faisait bouger un léger vent. Dans le noir, résonna un hululement de chouette qui partait pour sa chasse nocturne. Les hommes frissonnèrent et sortir de leur léthargie. Ils montèrent un camp, refusant de reprendre la route avant le lever du soleil. Personne ne ferma l'œil de la nuit. Chacun guettait un éventuel monstre dont parlaient les légendes. Par endroit, dans les bois, le sol était plus clair, éclairé par un rayon de lune qui avait trouvé une trouée dans les arbres. Là, ils y voyaient uniquement le sol, couvert de branches, de terre et de feuilles, mais, s'ils regardaient à côté, dans la pénombre, chaque branche, chaque butte de terre devinaient une étrange créature les fixant. Le Roi lui même, n'était pas rassuré, mais il faisait bonne figue face à ses soldats. Le lendemain, rassurés par la lumière du soleil, les soldats reprirent la route. Ils pénètrent dans la forêt sans crainte et se lancèrent sur les traces bien visibles des fugitifs.