C'était leur seule chance, elle le savait. Les loups étaient trop nombreux et eux trop fatigué pour leur résister. Will l'avait laissé faire. Il avait une confiance aveugle en elle. Elle leur avait parlé. Les loups n'étant pas affamés ils l'avait écouté et avaient accepté le rôle de garde du corps tout en restant libre. Ces féroces prédateurs étaient devenus aussi dociles que des chiens. Will attrapa l'homme par le col de la tunique et le mit débout. Jehan s'approcha et débarrassa l'homme de son message.
- Zut !!!
- Quoi ? Demanda Will inquiet.
- Olaf a demandé à Kyrale de l'aide pour nous bloquer et apparemment celui ci a accepté de la lui fournir. Il va masser son armée face à nous et nous retenir le temps qu'Olaf arrive. Expliqua-t-il.
- Mince, on avait réussit à semer Olaf avec des fausses pistes. C'est trop bête. Remarques, Olaf ne sera pas au courant puisque c'est nous qui avons le message. Ils remontèrent à cheval et partirent au galop, laissant le messager attaché à un arbre et bâillonné.
- N'aurait-il pas mieux valut le tuer ? Interrogea Jël. Si ils le trouvent et le délivrent il parlera.
- Je ne veux pas être un assassin. Cet homme est désarmé, ce serait un crime de le tuer. Expliqua Will.
- Je te comprends. Mais s'il vit, c'est lui qui nous tuera en nous dénonçant. Et le Roi n'aura aucune pitié.
- Les bêtes sauvages s'en occuperont, les loups que nous avons relâchés se feront un plaisir de le dévorer. Mais si tu tiens vraiment à le tuer, va ! Je ne t'interdis pas de le faire.
- Non, je ne pourrais jamais ôter la vie à quelqu'un.
- Alors pourquoi moi plus que toi ?
- Tu l'as déjà fais ! Lâcha Jël
- Uniquement pour sauver ma vie ou celle de mes amis.
A cours d'argument Jël se tut et le silence se fit, ponctué par le galop des chevaux et le souffle de leurs maîtres. Ils galopèrent sans relâche pendant plus de trois jours, traversèrent la Turquoise sur un gué à peine visible et arrivèrent sur les Plaines d 'Emeraudes. Ils stoppèrent près de la Forêt Verte et montèrent un camp de fortune pour la nuit. Le lendemain, les compagnons repartirent pour l'étape la plus dangereuse de leur voyage. Il leur fallait maintenant, traverser les terres de Kyrale et l'Agathe pour continuer leur chemin dans les Plaines d'Emeraudes jusqu'à la Forêt de Jades. Là et seulement là, ils seraient peut être à l'abris. Arrivé en vue d'un village proche du Château de Kyrale, ils ralentirent et observèrent les alentours. Pas âmes qui vivent.
- Ce silence est inquiétant. Déclara Jehan.
- Oui, je n'aime pas ça. Lui répondit Will.
- Je ne vois rien d'inquiétant mais par prudence repartons vite. Conclut Vaya.
Les chevaux furent relancés au galop et là, tout se passa très vite.
Une corde se tendit sur leur passage, les chevaux butèrent et désarçonnèrent leurs cavaliers avant de fuir. Allongé sur le dos, le crâne douloureux, Will repris ses esprits et dégaina son épée. A ce bruit, les autres se levèrent et sortirent leurs armes. Chris et Jehan avaient eux aussi une épée, Vaya abordait le poignard offert à Jeh par les Korrigans, Jëlla et Mel avait des dagues et Jël, lui, était armé d'un bâton. Comme s'ils avaient attendu uniquement ce signal, leurs agresseurs se jetèrent sur eux. Ne voulant pas blesser de simples paysans, l'Albinos et ses amis se contentaient de les désarmer. Mais lorsqu'une fourche déchira la chemise de Chris, le blessant au ventre et qu'une hache blessa Will à la jambe, ils comprirent que pour survivre ils devraient les tuer. Un homme s'approcha de Mel, il brandissait une lourde hache au dessus de sa tête. Ne pouvant de se déplacer à cause de la mêlée, elle lui enfonça sa dague en plein cœur. L'homme s'effondra sans un cri. Au passage sa hache se planta dans le dos de l'un de ses camarades. Le combat venait de faire ses premières victimes et immanquablement il y en aurait d'autres. A son tour Jehan se prépara à tuer, l'homme était armé d'une grande faux qu'il maniait comme pour couper les blés. Il fit décrire un mouvement circulaire à son arme affûtée des deux cotés pour éventrer Jeh. Habilement Jehan bloqua la faux mais ne parvint pas à faire lâcher l'arme à son porteur. Il se dégagea et se mit de nouveau en garde. Un autre homme se dressa derrière lui, une lourde masse à la main, près à l'abattre sur le crâne de Jeh. Ce dernier roula sur le côté et planta son épée dans les côtes de l'homme. Il cria et lâcha son arme, qui, en tombant, écrasa le pied d'un autre. Un son de cor retentit bruyamment et le combat cessa. Une armée était massée autours des combattants. Les villageois passèrent entre les soldats et rentrèrent chez eux. Le plan de Kyrale avait fonctionné à merveille. En faisant attaquer Will et les autres par les paysans il n'avait perdu aucun homme et le désir de bataille des villageois était assouvit. Les amis se regroupèrent. Aucune échappatoire n'était possible. Will les observa pour faire le bilan de leur état général. Chris n'avait plus de chemise et possédait une entaille au ventre. Un prodigieux réflexe lui avait valut de ne pas être embroché par la fourche adverse. Jehan abordait un œil au beurre noir dû à un coup de poing. Mel saignait au bras et Vaya avait eu l'épaule démise par un coup de masse vissant sa tête mais fort heureusement mal placé. Lui même boitait, blessé à la jambe. Seul Jël et Jëlla, un peu à l'écart des combats étaient indemnes.
"On forme une belle troupe de bras cassé." Pensa-t-il amèrement. Kyrale qui les avait observé, venait d'arriver à la même conclusion.
"Aucune chance qu'ils ne m'échappent. Inutile de les attacher, Olaf se chargera d'eux en matière de torture." Il fit s'installer ses soldats en cercle autour d'eux tout en leur laissant un peu d'intimité et un feu. A se moment Olaf et son armée arrivèrent. Kyrale se porta à leur devant.
- Mon ami, je les tiens. Annonça-t-il.
Le sourire d'Olaf, dévoila ses dents pour la plupart cariées.
- Pardonne moi, ils sont un peu abîmés. Il faut dire que ce sont mes paysans qui se sont chargés d'eux. Un plan astucieux de ma part. Ils savent mieux se dissimuler que mes soldats et avaient envie de se battre. Cela m'a permis d'éviter une révolte.
- Je ne t'en veux pas. La seule chose qui compte c'est qu'ils soient vivants. Je me reposerai bien un peu. Il se tourna vers son aide de camps. Faites monter le camp. Il se tourna de nouveau vers Kyrale. Mon amis, je vais te débarrasser de ton fardeau.
- Nous sommes loin de mon Château. Mes hommes ont déjà monté le camp et les prisonniers sont bien surveillés. Ne t'inquiète pas je te les rend demain.
- D'accord. Accepta Olaf.
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