A des lieues de là, alors que Mel apprivoisait des loups, au Château d'Olaf régnait une grande agitation. Profitant de l'absence du Roi, la Reine Lïa venait de faire libérer tout les prisonniers et les esclaves qui quittaient le Château, heureux, sans croiser un seul garde. Chacun retrouvait de sa famille ou des amis avant de partir vers son village d'origine. Les villageois originaires de Teylan rentraient avec ceux d'Emaris.
- Plus on est nombreux, plus on est fort ! Décréta le chef de Teylan. Il se tourna vers un homme. Je suis persuadé que ces malheurs sont dus à l'Albinos. (Il s'abstint de dire qu'il l'avait vu quatre lunes plus tôt dans les cachots du Roi.) Dommage que ton fils nous ait dénoncé, nous empêchant de le tuer.
- Jehan ne voulait pas de mal pour le village, mais il est très lié à Will, il a voulu le protéger. Se rebiffa l'homme.
- Il a agit avant de réfléchir. Nous apprenons à tous nos enfants qu'il faut réfléchir avant d'agir.
- Non ! Il a réfléchit avec son cœur et non avec sa tête. Ce qui a sauvé Will.
- Peux tu alors m'expliquer pourquoi, lorsqu'il est rentré au village et que nous avons découvert qu'il nous avait trahis que tu l'as rouspéter avant de lui dire qu'il était indigne de vivre au village. Tu nous as aidé à le chasser. Pourquoi changes tu d'avis ?
- Pendant les travaux aux champs j'ai beaucoup réfléchit. Jehan est mon fils. Depuis la mort de ma femme je l'ai laissé de côté, c'est dans l'amitié de Will qu'il a puisé la force pour continuer à vivre. Lorsque je l'ai chassé, j'ai vu de la triste dans son regard. Mais j'étais préoccupé par ma femme. Maintenant cela va faire cinq ans qu'elle est morte, Jehan en avait douze. Je n'ai pas vu le temps passer, aujourd'hui il en a dix-sept et je ne compte plus pour lui. Si je le revois je compte bien ne faire pardonner, même contre votre avis.
Les autres regardaient leur chef et cet homme se quereller. Ce n'était pas avec deux zouaves comme ceux là qu'ils allaient être discret. Le chef d'Emaris revint. Il était parti avec quelques hommes pour une mission obscure vers Altan. Ils revenaient avec des bœufs et des chariots, ainsi que des chevaux permettant d'avoir une troupe mobile en cas d'attaque. Son arrivée mis fin provisoirement à la dispute entre le chef de Teylan et le père de Jehan. Chacun pris place, les femmes et les enfants montèrent dans les chariots, les hommes à cheval. Ainsi ils avançaient plus vite. Ils arrivèrent bientôt à Emaris. Contrairement à Teylan, le village n'avait pas était rasé, les femmes et les enfants avaient étaient épargnés. Ce fut un grand moment de joie, les mères retrouvaient les maris et fils aînés, les pères leur femme et leurs enfants. Au milieu de tout cela, les rescapés de Teylan, quatre hommes, trois femmes et trois enfants, se tenaient silencieux. pensant aux vingt villageois manquant de Teylan. Sans doute morts ou en danger sur la route. Le chef d'Emaris leur fournit le nombre de chevaux nécessaire pour qu'ils rentrent chez eux. Ils repartirent espérant que certain des leurs les attendaient déjà chez eux. En arrivant à Teylan une vision d'horreur s'imposa à eux, leurs rappelant que leur village avait brûlé. Courageusement ils coupèrent du bois pour construire des huttes rudimentaires, pendant que deux hommes partaient chasser. Au bout de quelques jours d'autres survivant les rejoignirent. Une tombe fut construite sur les ossements du vieux sage, tué sur place. Bientôt ils furent vingt cinq, sur les trente habitants de départ.
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