Vaya s'approcha de Jehan. Il lui passa le bras autour de la taille et la serra contre lui, puis il articula calmement :
- Non ! Je ne rentrerai pas. J'ai trouvé ma famille, c'est Will, Méline et Vaya. Or vous ne voulez pas d'eux. Je n'ai plus rien à faire ici. Il se tourna vers les autres. Venez, laissons les s'installer. Jël, merci pour votre aide. Chris, Jëlla, heureux de vous avoir rencontrés.
A ses mots, le visage du chef se fendit d'un grand sourire. C'était la faute de Jehan si Will était vivant, le fait qu'il décide lui même de partir évitait au chef de se battre avec Hierf pour obtenir le départ de son fils.
Ils repartirent en direction de la cabane de Will. Olaf, caché à l'écart du village les suivit. Tant que Will était vivant il ne les lâcherait pas. L'Albinos devait mourir pour laver l'affront fait au Roi dans son Château. Ils finirent par arriver dans la clairière de Will. La cabane était toujours là, en assez bon état. Quelques journées passèrent. Jehan et Vaya construisaient une cabane près de celle de Will qui agrandissait la sienne avec l'aide de Mel. Le soir ils allumaient un feu et mangeait ensemble perdus dans leurs pensées. Les cabanes étaient face à face, faites en deux pièces. La porte donnait sur une grande pièce servant de salle à manger en hiver, sur le coté se trouvait un renfoncement terreux permettant d'allumer un feu, au fond se situait la chambre séparé par une cloison de bois. Au centre de la clairière un autre renfoncement permettait le feu en extérieur et sur le coté un petit jardin était cultivé. Plus loin une cascade coulant dans un trou d'eau faisait office de salle de bain. Le Roi les observa pendant deux jours. Il aurait été facile pour lui de s'introduire dans les huttes et de tuer Will, mais il s'y refusait : ce n'était pas loyal. Il voulait l'affronter. Cependant, il devait faire vite, plus le temps passait, plus il s'épuisait dans la forêt et plus il épuisait ses carreaux d'arbalète à la chasse. Un matin, Will et Jehan sortirent de leurs cabanes respectives l'arme à la main.
- Nous allons chasser. Annoncèrent-ils aux filles.
- On vient, on a envie de se promener. Déclarèrent-elles.
Ils partirent gaiement ensemble. L'Albinos et son ami étaient armés d'un arc et d'une épée. Olaf leur emboîta le pas. Il en avait assez de leur courir après. Tant pis, il allait se conduire en lâche, se ne serait pas la première fois. Au moins il en aurait fini avec cet Albinos de malheur. Il se cacha derrière un arbre et encocha un carreau sur son arbalète. Posément il ajusta sa position et visa le dos de Will. Jeh, qui devançait l'Albinos se retourna pour lui parler. Il aperçut derrière Will le reflet du soleil sur la pointe du carreau.
- Attention !!!
Au moment où le Roi appuya sur la détente de l'arbalète, Jehan bondit et poussa Will. Sous l'impact il bascula en arrière et tomba dans les bras de la Naïade. Le carreau de l'arbalète était planté dans ses poumons. Will se retourna, il aperçut Olaf et comprit ce qui venait de se passer. Il courra dans sa direction. Olaf n'eu pas le temps de comprendre ce qui se passait. L'épée de Will lui traversa le ventre et il s'effondra. L'Albinos ne regarda même pas son ennemi mourir, il retourna sur ses pas et s'approcha de Jeh. Celui-ci respirait encore. La Nymphe était partie chercher des plantes pour essayer de le soignait. Avant de s'éloignait elle lui avait soulagé la douleur mais elle avait peu d'espoir. Vaya tenait les mains de Jehan et lui parlait :
- Ne me laisses pas Jeh, je t'en prie. Ne me laisse pas. Je t'aime.
- Moi... aussi. Murmura-t-il. Un filet de sang s'échappait de ses lèvres, il toussa recrachant un peu de liquide rouge. Il se tourna vers l'Albinos.
- Je... je suis désolé mon ami. Murmura Will. Merci de m'avoir sauvé la vie. J'aurais préféré qu'il ne t'arrive rien, que cela se termine mieux pour toi. Olaf est mort.
- Je te remercie. Répondit-il. Sache que je vous attendrais là bas. Dit à Mel que c'était une fille formidable et une très bonne amie. Je suis heureux de l'avoir connue. Dit aussi à Chris et à Jëlla que je suis heureux d'avoir eu des amis comme eux.
- Je leur dirais. Promis Will.
Jehan sourit, ses paupières se fermèrent et ne s'ouvrirent plus. Son souffle s'arrêta. Il était mort. Vaya caressa ses cheveux bruns, elle pleurait, Will pleurait. Lorsque Mel revint et lorsqu'elle les vit ainsi, à son tour elle pleura car elle comprit que Jehan ne reviendrait plus. Vaya se pencha et embrassa une dernière fois celui qu'elle avait aimé. Elle savait que désormais sa vie lui paraîtrait éternellement longue, mais elle savait aussi qu'à partir d'aujourd'hui de l'autre coté il y avait deux personne à l'attendre : sa mère et Jehan. Ils installèrent son corps sur une civière et rentrèrent silencieusement. Puis Will alla chercher, Jël, ses enfants et Hierf. Lorsque l'homme aperçut son fils inerte il s'approcha. Les autres s'éloignèrent, le laissant seul une dernière fois avec lui. L'homme ne pleura pas. Il n'avait plus de larmes pour son fils, les ayant taries à la mort de sa femme. Nul ne su ce à quoi il pensait, puis il se rapprocha d'eux. Ensuite ils construisirent un bûcher où ils déposèrent Jehan et ses armes prouvant que dans son monde il avait été un grand guerrier. Le silence se fit, pendant que le feu crépitait, emportant pour l'éternité leur ami. Une fois le bûcher éteint Vaya récupéra les cendres et les libera dans l'eau de la rivière. Ainsi, elle restait d'une certaine manière en contact avec lui. Une stèle de pierre fut érigée à l'entrée de la clairière où ils vivaient, désormais seul témoin du drame. Il était inscrit:
"A un ami cher, trop tôt partit, qui a donné sa vie pour en sauver une autre. Que ce geste ne soi jamais oublié." Hierf s'approcha de Will :
- Aucun père ne devrai voir mourir son enfant. J'ai honte, j'ai oublié pendant trop longtemps son existence. Ne fais pas la même erreur que moi, je me suis rendu compte de ce que j'avais de plus cher qu'après l'avoir perdu. Il retourna dans son village et s'enferma pendant longtemps. Le chef lui ne cachait pas sa joie de savoir Jehan mort. Maintenant si il désirait tuer Will, plus personne n'irait le dénoncer permettant à l'Albinos de s'échapper. |