Au comble du désespoir, les survivants, c'est-à-dire lui et le Passeur, attendaient un miracle. Les requins étaient repartis, repus, laissant le Boat People et ses passagers à leur attente. La Côte n’était plus très loin. La Côte ! Pas celle des Etats-Unis en tout cas, mais celle d’une île qui semblait très accueillante. De toute façon, l’embarcation n’était plus en état de les emmener où que ce soit, et cette côte, bien qu’accueillante était bien trop loin. De plus des courants contraires les éloignaient de plus en plus de cette terre. Soudains, de nouveaux ailerons crevèrent la surface. Mais pas des ailerons de requin non, des ailerons de dauphins.
- Sauvés ! S’était écrié le Passeur, un grand sourire éclairant son visage. Faites comme moi.
En en un tour de main, il ôta ses vêtements. Pantalon, chaussures, chemise et, ne gardant que son caleçon sauta à l’eau. Son compagnon d’infortune l’imita et quelques instants plus tard, ils étaient tout les deux accrochés au dos d’un dauphin se dirigeant vers la terre ferme. Aussitôt à terre, le Passeur pris ses jambes à son cou et disparu au cœur de l’île. Lui n’était pas parti, sur le rivage, assis au bord de l’eau il avait observé les deux dauphins, qui eux non ne s’étaient pas enfuis. Pourquoi ? Il ne le savait pas. Les deux animaux venaient de leur sauver la vie, et bien que le Passeur ait pris la fuite, il ne pouvait s’empêcher de rester là, enchanté par la vision de ces magnifiques mammifères marins. Au bout de quelques minutes d’observation, il se redressa et pénétra dans l’eau. Les animaux ne bougèrent pas et il s’enhardit à les approcher. L’un d’eux, la femelle qui l’avait rapporté jusqu’au rivage, s’approcha à son tour. Il tendit la main et la posa sur le dos de l’animal. Elle se retourna, lui présentant son ventre qu’il caressa. Longtemps ils restèrent ainsi, l’homme et l’animal côte à côte dans un mètre d’eau. Puis il était ressorti et était parti pour l’exploration de l’île où il avait trouvé l’endroit idéal pour s’y installer. Avec l’aide des quelques habitants, qui l’avaient accueilli comme un frère, il avait construit sa paillote et avait commencé sa nouvelle vie.
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