Le téléphone sonna. C’était ses amis de la veille qui lui demandaient s’il pouvait les voir jusqu’en fin de soirée. Il accepta sans hésiter une seconde. Il était près au bout de cinq minutes, il s’était changé entre temps et était maintenant vêtu d’un débardeur noir. Il referma la porte derrière lui, laissant sur la table le dessin qu’il venait de finir.

Chapitre 3

« Uwaaah, il fait chaud aujourd’hui ! »
Eichi venait de sortit du train à la station de Funabashi, la température semblait s’être réchauffée un peu plus depuis son départ. Il s’arrêta devant la station pour y attendre ses amis qui devaient le rejoindre à cet endroit. Au bout de cinq minutes, il sentit son téléphone portable vibrer dans sa poche, il le sortit puis décrocha.
« Yes, Eichi ? »
-Vi ?
-« Ouais, c’est Setsuya. »
-Vous arrivez quand ?
-« Bah justement c’est pour ça que je t’appelle. On a un léger problème. »
-Hé ?
-« Ouais… en fait, y’a Naoki qui s’est limite fracassé, et là on s’occupe de lui. »
-« VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE OUI !! BANDE DE CONS ! »
-Héké ?
-« C’était lui ça. »
-Ben sinon, tu crois que vous serez là dans combien de temps ?
-« Je sais pas trop, de toute façon je t’appellerai quand on arrivera. »
-Oki. Bah… jâ !
-« Ee, mata ne ! »
Il raccrocha puis rangea son téléphone dans la poche où il a l’habitude de le mettre et s’assit au bord du trottoir. Les rayons du soleil étaient puissants pour une journée de Février, le reste de la semaine ou celle à venir sera probablement sombre et nuageuse. Cette pensée vint à l’esprit d’Eichi, mais il espérait qu’il ferait aussi beau. Il regardait le ciel et laissait son regard se perdre dans son bleu clair quand il reprit soudainement son portable et chercha Aiko dans ses contacts. Il garda ses yeux rivés sur l’écran, indécis, et ne savait pas trop quoi faire maintenant qu’il avait son portable entre les mains, s’il devait lui envoyer un message, l’appeler ou ne rien faire du tout. Il hésita une poignée de seconde puis, sans trop réfléchir, appuya sur une touche du téléphone et le posa contre son oreille droite. « Mais qu’est ce que je fous ? » Personne ne semblait répondre, il s’apprêta à raccrocher lorsqu’une voix retentit.
« Haaai ? »
-… ?
-« Moshi moshi ? »
-Hai ! C’est Eichi !
-« Haaaaaaaaaa ! Eichi-kun ! »
-Eichi-KUN ?
-« Bah ! Tu voudrais quand même pas que je sois formelle avec toi !? »
-Heu… nan !
-« Donc voilà ! »
-Heuuu voui…
-« Alors, pourquoi ce coup de fil ? »
-Eh bien… ano…
-« J’en étais sûre : tu ne peux pas te passer de moi ! C’est évident ! »
-Mais non c’est pas ça !
-« Hooooooo tu me fais de la peine Eichi-kuuuun ! »
-Hé ?
-« Mais non je blague. Tu savais pas quoi faire c’est ça ? »
-Heuu voui.
-« Et pourquoi ça ? Il y a toujours quelque chose à faire dans une journée comme celle-ci. Surtout que ça faisait un moment qu’on attendait un temps pareil. »
-Ben en fait je devais retrouver des amis à Funabashi, mais ils sont un peu en retard en fait.
-« Kyaaaaa Funabashi ! J’aimerais trop y aller ! »
-Ha ?
-« Hai ! On m’a dit qu’il y avait un parc public qui était magnifique ! »
-Oui, c’est vrai qu’il est beau.
-« Héééééééééé ? Tu y es déjà allé ?? »
-Bah faut bien, ça doit faire plusieurs années que je viens dans cette ville.
-« La chance ! »
-Si tu le dis…
-« Oui que je le dis !! »
Eichi laissa s’échapper un rire discret, un de ceux qu’Aiko avait lorsqu’ils étaient au parc public de leur quartier plus tôt dans la journée. Il repensa à ce qu’elle lui avait dit avant qu’ils ne se séparent.
« Aiko ?
-« Hai ? »
-Ano… sans vouloir être indiscret… heu… ce matin tu disais que… enfin que tu avais pu oublier tes problèmes. Tu te souviens ?
-« Ee. »
-Ano… ce serait possible que tu… m’explique ? Enfin si tu veux pas c’est pas grave c’est juste que j’y pensais comme ça et ça me préoccupait un peu…
-« Eh bien… en fait… ano… »
-Ne te force pas, si tu veux pas en parler ne dis rien !
-« Si si, garder pour nous même les choses comme ça c’est mauvais pour l’humeur… »
-…
-« Ben alors je reprends. En fait, ma meilleure amie sortait avec un gars pas très… net. Enfin tu vois le genre de mecs qui n’ont qu’une seule chose en tête !? »
-Vi.
-« Ben en fait, c’était il y a quelques jours, je devais retrouver mon amie chez elle. Comme nous sommes très proches on a chacune un double des clés de l’appartement de l’autre. Donc j’entre, et comme l’appart est assez petit j’ai pu deviner qu’elle était à la salle de bain. Pour l’attendre je vais dans le salon et là je vois qu’il y a son petit copain, enfin maintenant c’est son ex elle l’a plaqué, lui il ne m’avait pas vu il était au tel. J’ai décidé de rester derrière la porte, parce qu’en plus je ne l’aimais pas trop et je ne voulais pas le voir, et j’entendais ce qu’il disait… et… Il parlait de Megumi comme s’il s’agissait d’une vulgaire… enfin sans aucun respect et… j’ai aussi entendu qu’il la trompait avec une autre… Ca m’a frustré, parce qu’elle l’aimait vraiment. J’ai pas réfléchis, j’ai déboulé dans le salon et je l’ai giflé, je l’ai insulté de tous les noms. Et après il… il a… il a essayé de me…»
-Nani ??
-« Ne t’en fais pas, il ne m’a rien fait. »
-…
-« Je suis une guerrière après tout ! J’me suis défendu ! Et puis Megumi est vite arrivée, elle a piqué sa crise puis l’a foutu dehors. »
-…
-« Mais bon… maintenant c’est réglé, on ne l’a pas revu. Cet enfoiré…. »
-… Je… désolé.
-« De quoi ? »
-Ben j’aurais te poser cette question, c’était stupide !
-« Maaais non ! Et puis je te devais bien des explications vu que je t’ai trainé avec moi ! »
-Ah, c’est vrai.
-« Donc ne te fais pas de soucis… Ca me fait bizarre de te dire tout ça, on ne se connait que depuis ce matin. »
-Non c’est moi !
-« Je t’ai dit que ça allait. C’est moi qui ai accepté de te dire ce qui n’allait de toute façon… »
-Mouais… »
Un léger coup de vent vint caresser les joues d’Eichi qui leva aussitôt les yeux vers le ciel, comme par reflex. Il laissa s’échapper un soupire, il se sentait bête d’avoir appelé Aiko et de lui avoir demandé de lui raconter ce qui se passait, de lui avoir fait parler de tout ça. Il regarda vers l’horizon et apercevait quelques nuages au dessus des immeubles du centre ville. Il resta pensif pendant un court instant en fixant ce paysage.
« Dis, Aiko.
-« Ee ? »
-Ca te dirait de venir à Funabashi le week end prochain ?
-« Hoo ? Un rendez-vous ? Tu ne perds pas de temps dis moi ! »
-Hééééééé ? »
Aiko rit, Eichi ne comprenait pas vraiment pourquoi.
« J’adore comment tu réagis à chaque fois, c’est trop drôle ! »
-C’est pas sympa !
-« Arrêtes, tu devrais être content que je te dise ça ! »
-Mais oui.
-« En tout cas c’est gentil de proposer, je pense que je pourrais venir. »
Un sourire se dessina sur le visage d’Eichi.
« Oki. Je te paierais l’aller-retour.
-« Iie ! Ca va pas non plus ? Tu ne vas pas acheter un ticket aller-retour à une parfaite inconnue ! »
-C’est toi qui me dis ça ?
-« Bah oui pourquoi ? »
-Ben c’est toi qui as trainé un parfait inconnu dans un coin d’un parc public et qui lui a filé son numéro de téléphone !
-« … C’est vrai. Mais quand même, je me paierais mon ticket toute seule ! »
-Si tu insiste…
-« Oui ! Ah… Megumi vient d’arriver, je vais te laisser. »
-T’attendais une amie toi aussi ?
-« Trois. »
-Comme par hasard, pensa-t-il. Oki, ben… jâ ne.
-« Ee, kisu kisu ! »
-Ee… »
Plus aucun son ne retentissait, seulement le « bip » intervenant en fin de communication. Eichi eu à peine le temps de raccroché qu’il sentit à nouveau son portable vibrer entre ses mains.
« Vi ?
-« C’est Setsu ! On arrive, on est au bout de la rue en face de la gare. »
-Oki.
-« A de suite. »
Eichi raccrocha et remit son portable dans sa poche pour de bon. Setsuya, Naoki et Makoto venaient juste d’arriver. Les quatre amis se regroupèrent, Eichi les salua tous puis ils repartirent pour le centre ville.
La nuit commençait à tomber lorsqu’Eichi était de retour chez lui. Comme à son habitude, une fois la porte d’entrée passée et fermée, il jeta ses affaires dans l’entrée, deux sacs de vêtements qu’il achetait dans l’après midi à Funabashi avec ses amis, puis alla s’affaler devant la télé. Il dina peu après, passa à la salle de bain puis se coucha. Il ne parvenait pas à s’endormir, et ne pensait qu’à cette conversation qu’il eu avec Aiko. « Quel abruti… j’aurais pas dû l’appeler… » Plus tard dans la soirée, il s’endormit, épuisé par cette chaude après-midi.