Coucou ! De retour avec une fic originale. Je l'ai à la base écrite pour le concours du CROUS, sur le thème PEUR, mais finalement je ne l'ai jamais envoyée, alors au lieu de la laisser sur mon PC, je vous la fait partager. Elle est d'un style totalement différent de ce que je fais d'habitude, vous êtes prévenus ^^.
Bonne lecture quand même.
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Tout était calme dans la forêt, trop calme même pour être normal. Un tapis de feuilles, tombées avec les vents d’automne étouffait les sons. Les arbres serrés les uns contre les autres diminuaient la visibilité, leurs grandes branches s’envolant vers un ciel gris. La lumière se frayant occasionnellement un chemin jusqu’au sol à travers les dernières branches encore habillées de leur manteau vert, le sous bois était peu éclairé. Le jeune homme senti un frisson glisser le long de son échine et se propager à tous ses membres. Ses muscles se raidirent et sa mâchoire se crispa quand un craquement se fit entendre derrière lui. Alerté il se retourna d’un bond pour voir s’enfuir un écureuil roux. Soulagé, il reprit sa respiration qu’inconsciemment il avait retenue jusque là. Essayant de se détendre, il recommença sa marche, à l’affut du moindre bruit ou mouvement dans les alentours. Quand il fut sûr qu’aucun danger ne s’approchait, il se détendit complètement et retourna à sa cueillette des champignons. On était au milieu de l’automne et ceux-ci poussaient, attirant fins gourmets comme gouteurs occasionnels.
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Derrière un tronc, le chasseur se figea en sentant sa proie se raidir. Celle-ci inspecta vivement les environs, mais rassuré par la présence d’un écureuil se remit en marche. Le chasseur se lécha les babines, savourant à l’avance le goût de la chair fraîche. Lentement, silencieusement il reprit sa traque avec l’assurance tranquille de ceux qui savent qu’ils seront vainqueurs.
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Le coin était plein de champignons sauvages. Avec précaution, le jeune homme commença sa cueillette, songeant déjà à la succulente omelette qu’il mangerait ce soir. Un nouveau craquement se fit entendre. Maitrisant sa peur, il continua son ramassage tout en tendant l’oreille. De nouveau un craquement. Plus fort cette fois. Il senti la panique l’envahir. A nouveau, un long frisson lui parcourut la colonne, faisant se hérisser les poils de ses bras. Dans sa nuque, il ressenti la désagréable sensation d’être observé. Avec un calme qui l’étonna lui-même, il se retourna, faisant semblant de chercher d’autres champignons. Il jeta un regard autour de lui. Là ! Ses yeux se posèrent sur deux points jaunes brillants dans l’ombre. Il battit des paupières, secoua la tête mais les deux petites lumières ne bougèrent pas. Un frisson de terreur pure le traversa quand il aperçut sous les lumières une rangé de dents blanches et aiguisées. Comme hypnotisé par les yeux du chasseur il fut soudain incapable de bouger.
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Enfin ! Enfin la proie était à lui. Le chasseur se savait découvert, mais qu’importe. Toutes les proies se comportaient de la même manière devant lui. Elles regardaient la mort fondre sur elles sans pouvoir esquisser le moindre geste et trop terrorisées pour songer à fuir. Avec une sauvage satisfaction, le prédateur commença à avancer vers sa proie.
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Lorsque la Bête fit un premier pas vers lui, il senti son estomac se tordre et se mit à trembler de manière incontrôlée. Lorsqu’elle avança de nouveau, il ressenti une violente poussée d’adrénaline et oubliant sa peur, s’enfui en courant, tentant de toutes ses forces de mettre le plus de distance possible entre lui et cette chose. Dans sa fuite éperdue, il ne fit pas attention à sa direction, s’enfonçant dans la forêt bien plus loin qu’il n’avait jamais été. Pas une seule fois il jeta un regard en arrière, la peur de voir la Bête sur ses talons était trop forte. Il lui semblait presque sentir le souffle chaud et nauséabond du chasseur sur sa nuque. A la périphérie de sa vision, les arbres défilaient en taches floues. Soudain, son pied heurta une racine. Déséquilibré, il bascula en avant et chuta lourdement sur le sol. Toute sa combativité envolée, il resta face contre terre, attendant la mort. Dans sa poitrine son cœur battait la chamade, sa respiration était saccadée et pendant un instant un voile noir passa devant ses yeux. Un long moment il resta ainsi, immobile et abandonné. Petit à petit, une pensée se fraya un chemin jusqu'à son esprit. S’il était toujours en vie c’est que la Bête avait perdu sa trace, il n’allait donc pas mourir ici et maintenant. Soulagé, il se redressa et observa les environs. Il se rendit bientôt compte que dans sa fuite il avait pénétré dans la forêt profonde où il n’avait encore jamais mis les pieds.
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Surprise de voir sa proie réagir de façon différente des autres, le chasseur n’esquissa pas un pas lorsqu’elle s’enfuit. Un sourire carnassier passa sur son visage, dévoilant ses canines. C’était une chasse comme il en vivait peu. Cette proie si décidé à survivre était pour lui un défi. Défi qu’il entendait bien relever et gagner. Avec une excitation toute nouvelle, il se lança à nouveau à sa poursuite. Bien que rapide, la victime laissait derrière elle une piste des plus faciles à suivre. Avec sa vue et son odorat surdéveloppés, la Bête n’aurait aucun mal à la retrouver. Une pensée machiavélique parcourue son esprit bien plus aiguisé que celui d’un simple animal : pourquoi ne pas faire durer le jeu avant de mettre à mort cette proie si originale ?
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La nuit tombait, doucement mais sûrement l’ombre s’allongeait, recouvrant de son manteau sombre la forêt. Les étoiles montèrent dans le ciel, à peines visibles à travers les hautes branches. Avec un soupire de déception, le jeune homme se laissa choir entre deux racines émergeantes d’un énorme chêne. C’était la cinquième fois qu’il débouchait devant cet arbre ! Lassé, il rendit les armes et abandonna l’idée de passer la nuit hors de cette forêt. De plus, avec l’obscurité, il lui devenait impossible de se repérer correctement. Il eut une rapide pensée pour son sac remplit d’une gourde, d’une lampe et d’un manteau et laissé sur place au moment où il avait pris la fuite. Une chape de désespoir, aussi lourde que du plomb lui tomba sur les épaules. Il était seul, perdu au plus profond de la forêt, sans équipement et poursuivi par un monstre inconnu et apparemment assoiffé de sang. Il n’avait pu identifier l’animal le pourchassant, à vrai dire, il n’avait pas vraiment prit le temps de l’observer. Il s’était retrouvé hypnotisé, fixant deux yeux lumineux sans voir le reste avant de prendre la fuite. Pourtant, il en était sûr, la chose qui le poursuivait n’était pas un animal qu’il connaissait, et il n’avait jamais entendu parler d’une telle créature dans les environs. D’ailleurs, il n’y avait normalement aucun prédateur dans les forêts qu’il fréquentait, une forte circulation humaine et un nombre faible de proies potentielles les ayant fait fuir depuis bien longtemps. Résigné et terrifié devant l’inimaginable, il se roula en boule au creux des racines, s’apprêtant à passer la pire nuit de son existence. Aux aguets, il guetta pendant longtemps le moindre son. La forêt était loin d’être calme pendant la période nocturne. Bruissements d’ailes, piétinements, cris et piaillements, déplacements du vent dans les feuilles ou glougloutement du ruisseau, de nombreux bruits identifiés ou non l’empêchèrent de fermer l’œil un bon moment. Enfin, vaincu par la peur, la tension accumulée au cours de l’après midi et la fatigue, il fini par sombrer dans un sommeil sans rêves.
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Bien à l’abri, au chaud dans une petite grotte, la Bête somnolait. Son ventre vide avait protesté lorsqu’elle s’était arrêtée dans sa chasse pour se trouver un refuge pour la nuit. Instinctivement, elle savait que sa proie n’allait par poursuivre sa fuite pendant la nuit. Elle l’avait observé chercher en vain son chemin pour sortir. Avec satisfaction, elle l’avait vu tourner en rond, passant et repassant toujours au même endroit. Elle avait ensuite pris sa décision. A quoi bon tuer une proie endormie ? Ce qu’elle aimait, plus que la mise à mort ou le goût de la chair fraîche, c’était la chasse, cette sensation de toute puissance lorsque l’on traque une proie, qu’on se repère à l’odeur ou au bruit avant de l’acculer, avant que la proie ne comprenne qu’il ne lui reste aucune chance et qu’elle abandonne la partie. Oui, vraiment, c’était cet aspect qu’elle aimait le plus, et elle n’allait pas gâcher son plaisir alors que le destin lui offrait une proie unique. Après une bonne nuit de sommeil, elle allait être opérationnelle pour cette partie de chasse comme elle n’en avait jamais vécue. Au petit matin, elle se remettrait en route.
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Une goutte tomba sur son visage, glissant sur sa joue, elle se fraya un chemin entre les lèvres et le nez avant de tomber au sol. En chien de fusil, le jeune homme dormait toujours. Une seconde goutte prit le même chemin que la première, puis une autre. Soudain ce fut un vrai déluge qui le réveilla en sursaut. Il bâti des paupières quelques secondes, se demandant soudain ce qu’il faisait hors de son lit. Des flashs de la poursuite de la veille lui revinrent en mémoire et il frissonna soudain inquiet. Il fallait à tout prix qu’il sorte de cette forêt s’il ne voulait pas y rester à jamais. Il se redressa, chassa ses courbatures et ignorant son estomac affamé reprit sa route. Cette fois, il sortirait de cette forêt. Comme la veille, il tourna en rond un moment, passant encore et toujours devant l’immense chêne. Pourtant, il ne baissa pas les bras et poursuivi ses recherches. Alors que la pluie cessait enfin, il distingua un discret chemin, s’éloignant de l’arbre à travers ronces et broussailles. C’était plus une piste qu’un chemin, pourtant, il s’y enfonça avec confiance, persuadé d’avoir enfin trouvé la clef des champs.
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La Bête s’était levée tard. Après une bonne nuit de repos, bien au chaud dans sa grotte, elle se sentait fin prête. Son estomac affamé réclamait son dû, aussi, ce soir, sa chasse prendrait fin et elle festoierait sur les restes encore chaud de sa victime. De bonne humeur, elle sortie de sa cache, tous les sens en alerte. La pluie matinale venait de cesser, laissant planer dans l’air une odeur de terre humide et effaçant celle de sa proie. D’un pas rapide et silencieux, elle se rendit jusqu’au chêne cherchant l’odeur de sa future victime. Elle la retrouva à l’entrée d’une piste, emprunté habituellement par un gibier plus petit et moins intéressant. D’un pas déterminé, elle se lança sur ces traces, poussant un hurlement de joie : la chasse avait repris.
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Le jeune homme se figea en entendant le hurlement. Un frisson de peur le traversa et il se mit à courir. Il apercevait une route au loin, il avait donc encore une chance de s’en sortir. Sans plus réfléchir, ignorant les ronces qui lui arrachaient les vêtements, il se lança dans une nouvelle fuite éperdue. Il osa cependant se retourner mais le regretta très vite en apercevant derrière lui une forme sombre filant à toute allure dans sa direction. Avec un nouveau cri de terreur, il accéléra l’allure pour enfin déboucher sur la route. Sans se retourner, il obliqua en direction de son village, seule chance de survie, qu’il apercevait au loin.
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Elle l’avait retrouvée ! Ce n’était plus qu’une question de minute avant qu’elle ne puisse remplir son estomac vide. Soudain, la Bête déboucha à son tour sur la route. Surprise par cet espace ouvert et inhabituel pour elle, elle stoppa quelques secondes. En temps normal, elle ne se serai pas aventurée sur ce territoire inconnu, mais cette fois ci, l’enjeu en valait largement le coup. D’un pas rapide, les sens en alerte, elle reprit sa traque.
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Le jeune homme ne s’arrêta de courir que lorsqu’il arriva devant le portail de sa maison. Comme un fou il se jeta sur sa porte essayant de l’ouvrir. Fermée, elle était fermée ! N’osant se retourner de peur de croiser les yeux de la Bête, il fouilla dans le pot de fleur à coté de la porte. Tremblant, il en ressorti une petite boîte qu’il ouvrit avant de saisir une clef. D’un seul geste, malgré ses tremblements, il l’inséra dans la serrure et s’engouffra dans le couloir d’entrée avant de claquer la porte et de la verrouiller. Reprenant lentement son souffle et se sentant à l’abri, il entreprit de mettre de l’ordre dans ses idées. Avant toute chose, il lui fallait du repos. Sans plus hésiter, il se dirigea vers sa chambre. Sans même se changer, ayant juste ôté ses chaussures, il se blotti sous sa couette en tremblant. Le sommeil le prit si rapidement qu’il ne s’en rendit même pas compte.
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Dans la chambre, blottie sous une couette, une forme humaine s’agitait. Prise dans l’étau d’un mauvais rêve, elle se débâtait vainement entre ses draps, poussant parfois des gémissements de pure terreur. Soudain, elle se redressa, en sueur, la bouche ouverte sur un cri muet, les yeux écarquillés de terreur et le souffle court. Le jeune homme papillonna des yeux et d’une main tremblante alluma la lampe de chevet. Une lumière vive et rassurante envahit la pièce éclairant chaque zone d’ombre. L’air égaré et encore terrorisé, il scruta longuement la pièce. Ce n’était qu’un cauchemar, un simple et bête cauchemar qui lui avait flanqué une belle frousse et lui remuait encore les trippes. Un cauchemar qui lui avait semblé interminable et d’un réalisme étonnant. Il sentait la sueur couler le long de son dos, son cœur cogner dans ses côtes et ses poumons se gonfler douloureusement à chaque inspiration. Ses draps étaient trempés et il avait soif, pourtant il ne se leva pas. Dans un état second, il se passa une main lasse sur les yeux pour chasser les derniers restes de son songe et se recoucha, éteignant la lumière. Pas une seconde, il ne remarqua qu’il était vêtu de vêtements de ballades, crasseux, abimés, voire arrachés par endroit. Alors qu’il se laissait de nouveau gagner par le sommeil, il n’entendit pas un léger grognement, pas plus qu’il ne vit, dans un coin de la pièce, deux yeux jaunes et lumineux le fixer alors qu’une langue avide passait sur des babines, dévoilant des canines aiguisées comme des rasoirs. S’il avait vu tout cela, nul doute qu’il se serrait trouvé paralysé par la peur inspirée par cette ombre. Mais non, persuadé d’avoir uniquement vécu un cauchemar devant l’irréalité de la situation, il se rendormi d’un sommeil tranquille et sans peur, ignorant la mort tapie à quelque mètres de lui.
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Dans un coin de la pièce, une ombre bougea doucement. Sans un bruit, la Bête se rapprocha de sa victime. Un grognement de satisfaction montait dans sa gorge au fur et à mesure qu’elle se rapprochait. Ses babines s’écartèrent, dévoilant ses crocs et un filet de salive coula sur le sol alors qu’elle s’imaginait écrasant de sa mâchoire surpuissante le cou fragile offert à son bon vouloir. Son estomac grogna de faim, pourtant elle prit son temps, savourant chaque pas la rapprochant de son diner. Un rai de lumière éclaira le prédateur, projetant son ombre sur les draps, message silencieux de peur et promesse de mort. Ignorante du danger, la victime dormait toujours. D’un bond souple et silencieux, la Bête fut enfin sur elle.
La chasse était finie, la curée pouvait commencer.
Fin
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Voilà, j'espère que ca vous a plus mais que vous ne ferez pas de cauchemar cette nuit. XD
@+
Alize. |