Eolia serra des dents.
-Papa m'en voudrait de faire cela mais j'ai de bonnes raisons !
Elle se débarassa de son peignoir sous le regard stupéfait de Mickaël et elle s'assit dans la baignoire, derrière lui pour ne pas qu'il la voie.
-Que ça ne devienne pas une habitude, dit-elle gênée alors qu'elle massait vigoureusement les épaules de Mickaël, ses bras, son dos, sa poitrine, son ventre. Est-ce que tu sens mes mains ?
-Non mais je les imagine très bien.
-L'heure des plaisanteries est passée ! s'exclama Eolia en s'attaquant à ses cuisses. Je ne veux pas que tu te contentes de survivre... Je veux que tu vives.
Elle sortit de la baignoire et frictionna les doigts de Mickaël dans l'eau chaude. Elle retourna dans la baignoire et elle chevaucha ses cuisses tout en lui tournant le dos.
-Est-ce que tes doigts bougent ? demanda-t-elle en massant énergiquement ses mollets, puis ses pieds. Et tes orteils ?
-Mes mains bougeraient peut-être mieux si tu leur donnais de la motivation.
-Tais-toi !
-Désolé mais mes blagues, si mauvaises soient-elles, sont mon seul parachute. Sans elles, je m'écraserais comme une mouche.
-Bouge ton bras, ordonna Eolia en sortant du bain et en enfilant son peignoir.
-Mes bras bougent, murmura Mickaël. Ils sont peut-être un peu rouillés, mais ils bougent.
-Tes épaules ?
-Ca va, et mes genoux aussi.
Eolia soupira de soulagement, puis elle aida Mickaël à sortir du bain.
-Je ne peux rien faire de mieux, murmura-t-elle.
-Mais c'est parfait, répondit Mickaël tandis qu'Eolia l'aidait à enfiler son peignoir. Et maintenant, nous allons nous coucher ?
-Oui, mais pas ensemble. Tu vas prendre de mauvaises habitudes.
Tout à coup, Mickaël se mit à tousser. Eolia se hata de le conduire à la chaise roulante, et elle le ramena dans sa chambre, où elle l'aida à se coucher.
-Je vais te préparer un nouveau grog, déclara-t-elle. J'ai peur que tu n'attrapes une pneumonie.
-Tu as décidé de me saoûler pour pouvoir abuser de moi ensuite ?
Eolia sourit, elle déposa un baiser sur le front de son malade puis elle s'en alla à la cuisine où elle prépara un nouveau grog. En même temps, elle pensa à Julian. Où pouvait-il être ? Sur la banquise ? Et s'il se faisait attaquer par un ours polaire ? Ou q'il tombait dans l'eau glacée et se faisait avaler par un orque ou une baleine ?
-Eolia ?
La jeune fille leva les yeux du verre qu'elle préparait et vit son père, appuyé sur l'évier.
-Papa ? Que fais-tu là ?
Le vieil homme sourit et dit :
-Ne t'en fais pas pour Julian, tout se passe bien pour lui.
Puis il disparut. Eolia saisit le verre qu'elle avait machinalement posé sur la table, et elle courut dans la chambre de Mickaël.
-Micka ! s'exclama-t-elle. Micka !
-Oui ?
-Tout va bien pour Julian !
-Comment sais-tu cela ?
-Mon père me l'a dit.
-Ton père ?
-Oui. Tu vas sans doute penser que j'hallucine, mais non, mon père était debout, à deux mètres de moi dans la cuisine, et il m'a parlé.
Mickaël sourit et déclara :
-J'ai déjà vu ton père également.
-Vraiment ?
-Oui, le jour où tu l'as vu et t'es évanouie. J'étais près de toi pendant que tu dormais, souviens-toi. Et tout à coup, j'ai vu ton père assis sur le fauteuil qui me sert également de chaise roulante.
-C'était son fauteuil préféré. Et... t'a-t-il parlé ?
-Oui. Il m'a dit qu'au début, lorsque Matt t'a confiée à moi, il pensait que c'était une erreur. Mais que maintenant, il savait que Matt avait bien fait.
-Mais... j'ai déjà dix-sept ans. Tu ne vas tout de même pas t'occuper de moi jusqu'à mes cinquante ans !
-Si, si nous sommes mariés !
-Je ne souhaite pas me marier.
-Pourquoi ?
-Les femmes ne sont faites que pour faire souffrir les hommes. Mon père ne m'a peut-être pas expliqué ce qu'était la puberté, mais il m'a expliqué bien des choses !
-Quelles choses ?
-La première femme de mon père est morte lorsque Matt avait six ans, c'était sa mère. Tois ans après, mon père a connu ma mère. Elle ne voulait pas se marier, mais elle est tombée enceinte de moi. Je suis née, elle m'a abandonnée à mon père et à Matt, et elle s'est volatilisée. Personne ne l'a jamais revue. Matt est mon demi-frère et il ne m'aimait pas, même si moi, je l'adorais. Dès qu'il a eu l'âge de partir avec mon père, il m'a confiée à toi et il est parti.
-Pourquoi Matt ne t'aurait-il pas aimée ?
-Il ne jouait jamais avec moi. Il disait toujours que j'étais trop petite !
Lorsqu'il jouait au foot avec ses copains, j'étais toujours sur la touche...
-Comprends-le, il avait peur que tu te fasses mal. Tu avais neuf ans de moins que lui.
Eolia regarda le verre qu'elle tenait dans ses mains, et elle déclara :
-Voilà ton grog. Bois-le, je vais faire un tour sur le pont. On ne sait jamais, si je voyais Julian.
-Tu te fais du soucis pour lui ?
-Evidemment ! Ne crois-tu pas qu'un ours polaire peut être dangereux ? Ou un orque, une baleine ?
A suivre... |