L'appel
Au lointain, un bruit se fait entendre. Une sourde rumeur s'amplifie et se propage. Le bruit commence à devenir de plus en plus intense. Un esprit en proie à des cauchemars est tourmenté par ce bruit. Il entend ce bruit et il continue de délirer. Il se met à parler. Il dit des chose incohérentes, sans queue ni tête. Soudain, le bruit s'estompe. L'homme retombe dans le sommeil, apaisé.
Le lendemain matin, l'homme est réveillé par une femme.
" Debout, Charles. Il est l'heure de te lever.
- Encore un peu de temps... dormir...
- Il est l'heure, et si tu veux un petit-déjeuner, c'est maintenant ou pas du tout.
Charles gromelle dans sa barbe, enfin, s'il en avait une il le ferait sans doute. Il se lève et s'habille. Il enfile un uniforme d'aviateur et sort dans le couloir. Il rejoint d'autres hommes vêtus du même type d'uniforme.
- Alors mon capitaine, mal dormi?
- Ouais, mais je vous garanti que je vais tous vous envoyer sur les roses pendant l'exercice d'aujourd'hui.
- Je voudrais bien voir ça, Charles..."
Les hommes s'en vont dans le mess pour prendre enfin leur petit-déjeuner. Ils se pressent autour de la cantinière pour se servir, puis ils s'assoient enfin.
" Salut Charles, encore du mal à te réveiller?
- Tiens, salut Peter... Quand on s'adresse à moi on dit mon capitaine je te prie.
- Bah, je te fais un peu bisquer, mon capitaine.
- De toute façon, je m'en fous. Je veux juste manger, j'ai l'estomac qui crie famine.
- Je crois que Jenny nous a fait un petit extra ce matin.
- Ah? Tu t'es encore faufilé dans les cuisines ce matin? Tu as chipé quoi pour compléter ton petit-déjeuner?
- Pas grand-chose, elle fait plus attention maintenant. Mais c'est ça qui est amusant. Réussir à lui prendre un petit quelque chose même quand elle essaie de vous prendre la main dans le sac.
- Tu resteras un gamin encore longtemps?
- Ce sont ces petites choses qui me disent que je suis encore vivant mon ami."
Un peu plus tard. Dans la salle de briefing. Les hommes entrent les uns après les autres. Le bruit des chaises se fait entendre, ainsi que quelques murmures parmi les hommes. Un officier supérieur attend que le calme soit revenu.
" Bonjour messieurs. Aujourd'hui, vous terminerez les exercices qui feront de vous des aviateurs expérimentés, assez en tout cas pour que la Royal Air Force soit fière de vous. Les exercice de ce matin se feront contre des planeurs qui serviront de cible, que nous lâcherons peu après votre décollage. Vous tirerez bien sûr à balles réelles, donc vous devrez abattre les planeurs. Ne craignez rien, les planeurs ne sont pas occupés. Cet exercice sera le dernier que vous aurez à effectuer ici, et demain vous partirez pour de nouvelles affectation, alors amusez-vous bien. Mais n'oubliez pas, cet exercice se faisant à balles réelles, ne tirez pas sur vos coéquipiers. Merci de votre attention. Au revoir, messieurs.
Le colonel se retire alors après un salut militaire bref. Tous les hommes se lèvent se saluent, puis se rassoient. Le capitaine se lève alors et prend la suite.
- Bien, alors vous avez entendu? Nous aurons à descendre des planeurs aujourd'hui. Nous décollerons et nous nous dirgerons vers le secteur nord-est, cap au 1-5-5. Les radios seront ouvertes sur les fréquences 88.4 et nos indicatifs de groupe sont Rogue pour le premier groupe, Wasp pour le second groupe, Gold pour le troisième, Hammer pour le quatrième et Seahorse pour le cinquième. Les planeurs seront deployés plus au nord de notre position. Les chefs d'escadrille devront mettre leurs appareils en formation d'attaque et les lancer par vagues succesives pour éviter les tirs amis. Quand les planeurs auront été tous touchés, vous pourrez faire rentrer vos appareils, et... vous aurez quartier libre ensuite jusqu'à demain. Bien, messieurs, nous décollons dans quinze minutes à partir de maintenant. Je vous retrouve donc là-haut."
Sur la piste de décollage. Les spitfire sont alignés et les pilotes grimpent à bord de leurs engins. Les mécanos vérifient une dernière fois quelques petites choses. Les pilotes font leur checklist et mettent l'hélice en marche. Le capitaine jette un dernier regard sur la piste d'envol. Il prend la radio et:
" Ici Rogue Leader. A tous les appareils. Amusez-vous bien, mais restez quand même prudents. Ce n'est pas un numéro de cirque que nous allons répéter.
- Bien sûr, mon capitaine.
- On se retrouve la-haut, mon capitaine."
Les appareils se mettent alors en ligne pour le décollage, les uns après les autres. Bientôt, l'escadre est en vol. Les pilotes se mettent en formation standard et prennent la direction du lieu de l'exercice. Après quelques minutes de vol, ils aperçoivent enfin les planeurs qui seront les cibles de l'exercice. Seulement quinze planeurs pour leurs vingt-cinq appareils, mais bon ce n'est qu'un exercice.
" Ici Rogue leader. Aux chefs d'équipe, passez avec vos appareils les uns après les autres. Essayez de maintenir la formation d'attaque, ne vous dispersez pas. D'abord Rogue, puis Wasp, Gold, Hammer et puis Seahorse.
- Ici Wasp leader. Roger Rogue leader.
- Ici Gold leader. Roger capitaine.
- Hammer leader. Roger Rogue leader.
- Ici Seahorse leader. Roger Rogue leader."
- Alors on commence. Equipe Rogue, suivez-moi. On fait un premier passage."
Les premiers appareils font leur passage, arrosant de quelques rafales cinq des planeurs. Deux d'entre eux perdent une de leurs ailes et tombent
" Hey Rogue leader. Laissez-nous en un peu.
- Il volent encore Patrick, et puis ce n'est qu'un exercice. Ils devraient encore tenir avant votre passage.
- C'est pas parce que nous sommes dernier que vous n'avez pas le droit de les rater un peu.
- Wasp, c'est à vous. Les autres, maintenez votre formation...
- Hammer leader. Ici Hammer 2. J'ai cru voir un appareil à trois heures.
- Je confirme. Un..., non, deux appareils à trois heures. Ce ne sont pas des spitfire.
- Ce sont des... non... des... des messerschimdt? Ici, aussi loin dans le nord?
- Ici Rogue leader, confirmez la présence d'avions ennemis.
- Ici Hammer leader, je confirme. Je les prend en chasse Rogue leader?
- Allez-y Hammer. Que les équipes Wasp et Seahorse partent en soutien sur leur droite. Rogue et Gold sur leur gauche.
- Ici Hammer leader, les appareils ennemis ont viré sur notre droite. Ils... merde, ils sont pas seuls. Je vois au moins dix autres appareils.
- Ici Rogue leader. A tous les appareils, engagez le combat."
Les spitfire pourchassent alors les messerschmidt.
" Maman poule, ici Rogue leader. Nous avons rencontré des avions ennemis sur notre route, à moins d'un kilomètre, à l'est de nos cibles. Nous avons engagé la poursuite.
- Nous vous suivons sur nos radars. Mais c'est étrange, d'après les indicatifs radios, ce sont des appareils américains de retour d'une mission. Vous confirmez que ce sont des avions ennemis?
- Je le confirme. Ce sont bien des avions ennemis. Ils ont changé de cap quand ils nous ont vu.
- D'après leur plan de vol ils auraient du poursuivre plus vers le nord en effet. Je préviens les escadrilles de chasse du secteur."
Les spitfire rattrappent sans peine les appareils ennemis. Bientôt ils engagent le combat contre des appareils affichant leur sinistre croix noire. Les spitfire et les messerschmidt se tirent dessus, virevoltant, virant, tourbillonant, faisaint toute sorte d'acrobaties. Le ballet de mort se poursuit encore longtemps alors que les appareils ennemis tentent de fuir vers le nord-est. Des spitfire tombent en feu, suivis de messerschmidt. Le ciel se pare de quelques parachutes sur fond de nuages blancs. D'autres ont moins de chance, tel le capitaine qui coule avec son navire, ils accompagent leur appareil dans la mort.
" Capitaine, je vois nos renforts à 5 heures.
- Roger. Ici Rogue leader, tenez encore quelques minutes les gars.
- Rogue leader, les ennemis essaient de partir vers le large, mais ils vont tomber à court de carburant s'ils continuent comme ça.
- Capitaine, je n'ai presque plus de munitions.
- Retenez-les encore un peu, nos renforts sont presque là."
Les appareils en approche du sud se lancent alors à la poursuite des messerschmidt. Ils parviennent à les atteindre avec leurs rafales. Les appareils ennemis sont moins nombreux mais leurs pilotes allemands semblent plus expérimentés que les aviateurs anglais.
" Ici Rogue leader. Nous décrochons les gars. On laisse les autres finir...
Mais l'un des avions ennemis tirait dans la direction du capitaine, qu'il toucha.
- Rogue leader? Capitaine?
- Ca va... je suis touché, mais je peux encore tenir... Décrochez bon sang. Laissez les nouveaux avoir leur part de combat, soyez des gentlemen.
- Bien capitaine.
Les spitfire décrochent, laissant les nouveaux arrivants pourchasser les messerschmidt. Mais, de chaque côté on pouvait voir à ce moment là qu'il y avait moins d'appareils à présent.
- Ici Rogue leader. Quels sont nos pertes?
- On a perdu Jimmy capitaine. Il manque aussi Gregory, mais j'ai vu son parachute. J'ai donné sa position tout à l'heure.
- J'ai vu l'appareil de Henry tomber en flammes. Je n'ai pas vu de parachute, mais il y avait pas mal de nuages où j'étais.
- Il manque aussi Corey et David. J'ai vu le parachute de David.
- Roger. Quelqu'un a vu le parachute de Corey?
- Négatif, capitaine.
- Négatif, rogue leader.
- Il faudra espérer qu'il a eu le temps de sauter. Ceux qui ont leur appareil endommagé, mettez-vous devant, vous vous poserez en priorité.
- Roger, Rogue leader."
Les appareils suivent alors la route pour aller atterrir sur l'aérodrome militaire le plus proche. Les appareils endommagés diminuent leur altitude, les autres leur emboitent le pas.
" Hey, Charles...
- Gold leader, vous devez me...
- Je sais, mais... je crois que... j'en aurais plus l'occasion...
- Qu'est-ce qu'il y a Peter?
- Je crois que... j'ai été touché... J'ai du mal à maintenir le cap.
- Tiens bon. On est plus très loin. Je préviens la tour de contrôle. Ils vont préparer une ambulance.
- J'ai... j'ai perdu trop de sang... je ne crois pas pouvoir tenir... encore longtemps...
- Essaie de tenir encore un peu. La piste n'est qu'à dix kilomètres à présent.
- Je... je peux plus... tenir... Dis au revoir à... à Jenny...
- Peter?... Peter, réponds-moi bon sang..."
L'avion du lieutenant Peter pique alors du nez et se dirige à grande vitesse vers le sol. Son appareil ne semble plus être sous son contrôle et vire tantôt à droite, tantôt à gauche, se rapprochant de plus en plus du sol, jusqu'à ce qu'il s'écrase alors dans une explosion assourdissante.
Les autres appareils continuent leur route et, à l'approche de la piste, entament leur atterissage. Les avions laissent la place aux suivant et les blessés sont emmenés par les ambulances qui attendaient. Les pilotes partirent ensuite pour un debriefing, à part les blessés qui étaient déjà partis en ambulance. Ils repartirent pour la plupart alors avec leurs appareils, ceux qui étaient encore intacts. Les autres durent attendre le lendemain qu'un camion de leur base d'entraînement vienne les chercher. Les nouvelles en rentrant à la base étaient quand même rassurantes. Sur les pilotes manquants tous, à part un, avaient été récupérés par les services des recherche et de secours de la Royal Air Force.
Le capitaine restait tout de même triste, il avait perdu un ami, et cela le hantait. Toujours et encore le bruit revenait la nuit et le tourmenait encore et encore.
Fin |