Les lendemains de fêtes sont toujours très difficiles et Hermione en fit l’expérience. Elle avait veillé très tard et était fatiguée mais le soleil se levait très tôt pendant le mois d’août. Malgré les volets fermés, la lumière s’infiltrait dans la chambre par les interstices. Hermione avait l’habitude de se réveiller dès les premiers rayons et cela lui fit défaut. Elle regarda le réveil posé sur sa table de chevet : 6H30. Oh non, elle avait dormi à peine quatre heures… Elle referma les yeux et couvrit son visage sous sa couverture pour ne plus voir la lumière. Impossible de se rendormir. Bon grès mal grès, elle se leva, s’étira et enfila une légère robe de chambre. Essayant de faire le moins de bruit possible, elle descendit dans la cuisine pour se préparer un peu de thé et quelques tartines.
La maison était redevenue comme avant, envolés les grands piliers de marbre et les grandes pièces. Les vieux meubles usés par le temps et les griffes de chats étaient retournés à leur place. Pattenrond vint l’accueillir en ronronnant pour demander son petit déjeuner habituel. Hermione trouva des boites de croquettes dans le placard mais préféra lui donner quelques restes du buffet, et notamment des morceaux d’un délicieux poulet rôti.
- Ce n’est pas la fête tous les jours alors une petite exception ne fait pas de mal.
Mais sentant l’odeur de la viande, les chats de Mrs. Figg se réveillèrent et accoururent dans la cuisine. Hermione fut rapidement envahie par des miaulements et des ronronnement de supplication. La jeune fille n’était pas habituée à nourrir autant de ventres affamés. Tous les chats demandaient le même traitement de faveur que Pattenrond. « Que faut-il faire… ? Ce sont les chats de Mrs. Figg… Après tout, pourquoi pas. Il en reste tellement dans le réfrigérateur.»
Après avoir fait sa toilette et s’être habillée, Hermione décida de faire le tour du quartier. A une heure aussi matinale, les rues étaient désertes. Seules quelques voitures circulaient de temps à autre. Elle vit le laitier déposer ses bouteilles sur le pas de porte des maisons. Que c’était agréable de se promener ainsi. Ses pas la conduisirent instinctivement vers Privet Drive. Arrivée devant la maison des Dursley, elle se demandait si Harry était déjà réveillé lorsqu’un chien se mit à aboyer. Pattenrond qui l’avait suivie était en train de narguer le bouledogue attaché à sa niche.
- Pattenrond, arrête ! ! Viens ici ! !
- C’EST PAS BIENTÔT FINI CE VACARME ? ! ! L’oncle Vernon venait de vociférer depuis la fenêtre de sa chambre. En voyant Hermione qu’il ne reconnut pas, il cria à nouveau. FICHE LE CAMPS D’ICI, ESPÈCE DE PETIT VAURIEN. TU N’AS RIEN À FAIRE DANS MON JARDIN. SI TU NE FILES PAS TOUT DE SUITE, JE DESCEND ET JE LÂCHE LE CHIEN ! ! JE N’AIME PAS LES ÉTRANGERS ! ! !
- Excusez-moi, mais je suis une amie de… Hermione s’interrompit. Il valait mieux ne pas trop contrarier l’oncle Vernon car Harry pourrait en subir les conséquences, surtout si elle faisait allusion à Poudlard.
En s’excusant encore une fois du dérangement provoqué par son chat qu’elle récupéra, elle partit en direction de chez Mrs figg. Le reste de la mâtinée se passa sans incident particulier. Mais la compagnie de Mrs Figg qui était une cracmol était assez ennuyeuse. Elle ne savait parler que de ses chats ou de sa famille déçue par son manque de pouvoir magique. Certes, elle avait beaucoup de connaissances sur le monde des sorciers mais pas aussi poussées que celles d’Hermione. L’après-midi arriva assez vite et Hermione voulait à tout prix voir Harry pour avoir des discussions plus intéressantes, mais comment faire si les Dursley étaient présents… En plus leur nouveau chien n’avait pas l’air commode. Si elle pouvait avoir un hibou sous la main, elle pourrait envoyer à Harry une lettre pour convenir d’un rendez-vous. La seule solution était de confier cette mission à Pattenrond, mais le chat s’était si mal comporté avec le bouledogue que ce dernier alerterait immédiatement tout le voisinage. Plongée dans ses réflexions, Hermione faisait une nouvelle fois le tour du pâté de maison, guettant le moment propice où Harry serait peut-être seul.
Une demi-heure passa ainsi. Alors que la jeune fille était sur le point d’abandonner, les Dursley sortirent de la maison. Ils étaient habillés d’une façon bien élégante, peut-être un peu trop pour un mois d’août. L’oncle Vernon portait un costume gris assorti avec sa chemise bleue ciel ainsi qu’un nœud papillon marron et un chapeau melon légèrement petit pour son tour de tête. Hermione lui trouvait une certaine ressemblance avec le célèbre comique moldu, Hardy. La tante Pétunia aurait pu faire un Laurel parfait, mais elle avait opté pour un chapeau à plumes multicolores et une fourrure d’hermine. Dursley quant à lui, ressemblait en tout point à son père. Toute la famille partit ainsi en emmenant le chien. Pour Hermione, c’était le moment ou jamais. Dès qu’ils tournèrent au coin de la rue, elle se précipita vers la porte d’entrée et sonna plusieurs fois, mais Harry ne répondait pas. Inquiète, elle se mit à l’appeler et à tambouriner la porte de toutes ses forces… en vain. Que se passait-il ? Est-ce que les Dursley avaient enfermé Harry dans sa chambre ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Elle décida de chercher la fenêtre de la chambre de son ami. Elle n’était pas très sûr d’elle mais pris le risque de prendre un petit caillou pour le jeter sur l’une des fenêtres de l’étage. Aucune réponse. Elle recommença l’opération sur une autre fenêtre. Toujours rien. Est-ce que Harry était sorti pendant qu’elle était retournée chez Mrs Figg ? Déçue, Hermione tourna les talons et erra un peu dans le quartier. Le mois d’août commençait bien, qu’allait-elle faire maintenant ? Ron révisait chez lui avec Mme Weasley et Harry était aux abonnés absents. Arrivée dans un petit parc pour enfants, elle s’assit sur un banc. Des jumelles d‘environ sept ans jouaient dans le bac à sable en construisant grâce à leur seau et leur pelle un château et semblaient s’en donner à cœur joie. En les regardant faire, Hermione se sentit pour la première fois seule. Elle n’avait jamais eu de frère ou de sœur avec qui partager des jeux ou se chamailler. Pendant toute son enfance, elle était resté une enfant calme et studieuse. Jamais elle ne s’était sentie l’envi d’avoir des amis jusqu’à son entrée à Poudlard.
« Il a suffi d’un troll pour que je me fasse apprécier de Ron et Harry… ». Cette pensée la fit sourire. « Quand j’y repense, toutes les aventures que nous avons pu partager tous les trois, jamais je n’aurais pu les vivre dans une école normale. Nous avons passé d’agréables moments mais la menace de Voldemort plane aujourd’hui sur le monde des sorciers. Je me fais surtout du soucis pour Harry. Hier, il était si distant alors qu’on fêtait tous ensemble son anniversaire… La mort de Sirius doit lui peser encore sur le cœur et aujourd’hui, il ne veut sûrement pas me voir… Oh, Harry, j’aurais tellement voulu te voir aujourd’hui ! Hermione venait de prononcer cette dernière phrase à haute voix.
- Je suis là.
Hermione releva la tête. Harry se tenait devant elle. Son cœur se mit à battre à toute vitesse et elle sentait que son visage s’empourprait.
- Harry ! ! Comment tu as su que j’étais là ?
- Eh, bien, je suis allé chez Mrs Figg pour te voir mais elle m’a dit que tu étais allé me chercher chez mon oncle. Nous nous sommes ratés. Harry fit un sourire. Pour ne pas te rater une seconde fois, je t’ai attendu chez Mrs Figg, mais tu n’es pas rentrée alors au bout d’un moment, je me suis décidé à te chercher un peu partout… Et c’est ainsi que je te retrouve enfin dans le parc. Harry s’assit à côté d’Hermione.
- Et moi qui croyais que… Enfin, je croyais que tu ne voulais pas me voir du tout et que c’était pour cela que tu ne répondais quand j’ai sonné chez toi…
- Voyons, Hermione. Tu es l’une de mes meilleures amies, je n’allais pas te laisser avec Mrs Figg pour seule compagnie. C’est une belle journée.
- Oui…
Hermione ne savait pas trop quoi faire maintenant que Harry était là. Fallait-il lui parler de Sirius et de tout ce qui s’était passé l’année dernière ? Aujourd’hui, le visage d’Harry avait l’air serein. Il regardait silencieusement le ciel. Ce silence pesait sur Hermione et devenait même étouffant. Elle avait beaucoup de choses à lui dire mais rien de voulait sortir de sa bouche.
- J’ai beaucoup réfléchi pendant le mois de juillet et je venais m’asseoir sur le banc où nous sommes justement assis. C’est une drôle de coïncidence que tu te sois mise ici.
- Oui, c’est vrai. Je ne savais même pas qu’il y avait un parc.
- Crois-tu au destin ?
- Eh, bien… je ne sais pas. Hermione ne comprenait pas vraiment où voulait en venir Harry. Je n’ai jamais cru aux diseurs de bonne aventure et je ne portais pas crédit aux élucubrations du professeur Trelawney mais…
- Mais tu as vu les prophéties sur les étagères du Département des Mystères.
- Certes, il existe de véritables prophéties mais ce sont des sortes d’avertissements pour que l’on puisse agir sur notre destin… Enfin, je crois.
- Sans doute. Harry contempla à nouveau le ciel. Nous pourrions nous retrouver ici tous les jours, ainsi nous ne nous louperons plus. Qu’en penses-tu ? Harry lui sourit gentiment.
- C’est une bonne idée.
Une petite musique se fit entendre au loin et se rapprochait du parc. Les fillettes qui jouaient dans le bac à sable interrompirent leur construction pour courir vers l’entrée du parc.
- C’est le marchant de glace. Il passe ici tous les deux jours.
- Ca tombe à pic, j’aimerais bien me rafraîchir avec un bon sorbet au citron. Et je dois avoir assez d’argent pour t’en offrir une. Cela te tenterait-il ?
- Ce ne serait pas de refus. Je ne pense pas que le marchand de glace accepte des mornilles.
- Sans doute.
Les deux jeunes gens se dirigèrent alors vers la petite camionnette du marchant. Les glaces achetées, ils décidèrent de se promener un peu dans le quartier. C’est ainsi qu’ils bavardèrent de choses et d’autre jusqu’au soir qui arriva trop vite au goût d’Hermione.
- J’apprécie beaucoup que tu sois là, Hermione. Je ne te l’ai peut-être pas dit souvent, mais je suis heureux de t’avoir comme amie.
- Ce n’est pas grand chose, tu sais.
- Si, c’est très important pour moi. Bon, je dois y aller. A demain ! !
Harry partit en courant tandis qu’Hermione le regardait s’éloigner avec un mélange de joie et de déception. Elle était heureuse de pouvoir retrouver Harry tous les jours et de passer de bons moments avec lui, mais ils ne seraient que des amis l’un pour l’autre.
|