Au Chemin de Traverse, tout le monde ne parlait plus que de ça : Viktor Krum allait se marier et sa fiancée était semblait-il d’une grande beauté mais personne ne l’avait encore jamais vue. C’était une orpheline que Viktor aurait recueillie pendant un hiver assez rude dans son pays. Les magazines comme Sorcière Hebdo s’arrachaient cette histoire et mille et une versions différentes circulaient parmi les sorciers. Viktor Krum refusait toute interview à ce sujet. A chaque fois qu’on lui demandait plus de précisions sur sa fiancée, il répondait : « C’est un secret. » Il planait un si grand mystère que les papiers se donnaient à cœur joie de développer des théories quelques fois tirées par les cheveux.
Hermione n’en pouvait plus d’entendre des « Viktor par ci… », des « Viktor par là ». Depuis qu’elle s’était rendue compte qu’il était la personne présente dans ses rêves, elle avait les nerfs à vif. De plus, jamais Viktor ne lui avait écrit qu’il comptait se marier et qu’il allait prendre le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal. L’apprendre ainsi par les journaux avait de quoi la rendre furieuse. Comment avait-il osé lui faire ça ? Ils étaient allés au bal ensemble lors de sa quatrième année et depuis, ils correspondaient régulièrement par de longues lettres. Viktor lui avait même proposer de lui rendre visite dans son pays, et pourtant, il ne lui avait rien dit sur sa rencontre avec sa future épouse.
Harry qui faisait ses achats pour la rentrée en compagnie d’Hermione essayait de calmer cette dernière mais en vain. Il était même surpris de voir son amie prendre cette histoire tellement à cœur.
- Peut-être que Viktor n’a pas eu le courage de te le dire, mais tu pourras lui demander des explications pendant la cérémonie de répartition. Aujourd’hui, il s’agit de ne rien oublier car nous n’aurons pas l’occasion de revenir ici.
- Oui tu as raison, excuse-moi. Tiens, regarde. Il y a Ron là-bas.
En effet, le rouquin venait d’arriver sur le Chemin de traverse avec sa mère et sa sœur Ginny. Cette dernière se précipita sur eux tandis que Mrs Weasley leur fit un signe de la main pour les saluer et se dirigea promptement vers Gringotts, la banque des sorciers.
- Harry, Hermione, bonjour ! ! Alors, vous avez passé ensemble un bel été chez Mrs Figg ? Ginny pouffa légèrement en regardant tour à tour Harry et Hermione qui commençait à rougir en comprenant le sous-entendu.
- Oui, et Pattenrond était très content d’avoir plusieurs amis avec qui jouer, répondit-elle pour détourner la conversation.
- Ah, Hermione. Tu vas voir, je vais t’épater cette année, s’exclama Ron qui venait de les rejoindre. Je suis prêt pour recommencer les cours ! ! Et ce n’est pas Viktor Krum qui pourra m’apprendre des choses car…
- Je n’en doute pas, Ron, coupa aussitôt Harry qui ne voulait pas entendre encore Hermione « médire » sur son ancien adversaire et nouveau professeur.
- Maman va nous acheter nos livres et fournitures nécessaires, comme il n’y a plus que Ron et moi à Poudlard, elle nous a assuré que ce sera vite fait. On peut en profiter pour aller voir Fred et Georges dans leur boutique. Je crois qu’elle est un peu plus loin là-bas.
Le petit groupe fendit alors la foule composée d’élèves pour la majeur partie. Arrivés au 93, Chemin de Traverse, Chez Weasley, Farces pour sorciers facétieux, ils découvrirent une vitrine assez fournis en Bombabouses, Boîte à flemme ou encore en Feuxfous Fuseboum. Les prix étaient assez compétitifs et accessible à la bourse d’un élève moyen. Les clients avaient une moyenne d’âge de 13 ans et n’arrêtaient pas de se bousculer à l’intérieur. L’un d’entre eux essayait de marchander le prix d’une des nouvelles inventions des jumeaux lorsque Harry, Hermione, Ron et Ginny entrèrent dans le magasin. Tandis que Fred refusait tout compromis sur les prix, George vint les accueillir.
- Ah, vous voilà enfin, je pensais que vous nous avez oubliés ! ! ! ! ! !
- Alors comment marche les affaires ? demanda Harry.
- Ca marche du tonnerre, comme tu peux le constater. Bien entendu notre meilleur chiffre d’affaire se situe à la rentrée, mais nous pouvons maintenir une assez bonne rentrée d’argent grâce à la vente par hiboux. De plus, nous proposons aux clients réguliers un abonnement gratuit à notre catalogue de nouveautés et de promotions qui sort à peu près tous les trois mois. Tiens, voici le catalogue en cours. Georges prit un des feuillets posés en pile sur le comptoir et le tendit à Harry.
- C’est un « spécial Halloween », précisa Fred qui venait de se débarrasser de son client grippe-sous. Nous avons des masques qui changent la personnalité du porteur, le plus demandé est celui-ci. Fred pointa du doigt un masque en bois d’apparence ordinaire. Bien sûr comme ça, il n’a pas l’air attractif, mais détrompe-toi. Lorsque tu mets ce masque, celui-ci te colle au visage comme une seconde peau de couleur verte et toutes tes inhibitions disparaissent. Même le plus timide et le plus gauche des hommes peut devenir le plus extraverti et le plus charmeur.
- Comment peut-on trouver un homme avec une peau verte charmant ? Hermione était un peu perplexe.
- Ah, ça c’est la manière et le charisme qui fait tout le charme. Tu verras bien. Georges fit un clin d’œil.
- Pitié, je préfère ne rien voir du tout, commença à rire Hermione. Mais en tout cas, vous êtes bien organisés. Je ne pensais pas que vous en seriez capable, après toutes les farces que vous avez faits à Poudlard.
- Les affaires sont les affaires, mais nous savons aussi garder notre esprit facétieux.
Fred et Georges montrèrent les différentes farces qu’ils avaient élaborées depuis leur évasion de Poudlard. Des cris de peur et des rires se succédaient. Tous étaient impressionnés par l’imagination des jumeaux qui exploitaient enfin leur talent à cent pour cent. L’heure passa assez vite et pour ne pas se quitter si tôt, Fred et Georges fermèrent la boutique pour accompagner leurs cadets jusqu’au Chaudron Baveur. Le soir venu, Mr. Weasley rejoignit sa famille et tous purent fêter la nouvelle année qui s’annonçait. Hermione profita de l’occasion pour oublier tous ses soucis et participa même à quelques jeux organisés par les jumeaux. L’un de ces jeux consistait notamment à enfiler un des masques du catalogue d’Halloween pris au hasard. Ron tomba sur le fameux masque qui détruisait les inhibitions. Il commença alors à faire du charme sur la serveuse du pub qui devint aussi rouge qu’une pivoine. Mais très vite, le jeu tourna au drame lorsque Ron se tourna vers Hermione.
- Hi, princesse, tu sais que tu me fait chavirer le cœur ? Ron esquissa un sourire qui lui donnait un air prétentieux.
- Arrête Ron, ça ne marche pas avec moi ce genre de phrase stéréotypée.
- Mais ce ne sont pas des paroles en l’air. Tu es la seule qui est à la fois intelligente et très touchante. Ron prit Hermione par la taille.
- Ron, tu ferait mieux d’enlever ce masque, tu dit n’importe quoi… La jeune fille essaya de se dégager des bras de son ami mais en vain. Puis tout se déroula avec une telle rapidité que personne ne put faire un geste pour éviter la catastrophe.
- Je t’aime Hermione. Ron l’embrassa alors.
Tous furent stupéfaits et Hermione était tellement surprise qu’elle en avait les yeux écarquillés. Ce sentiment passé, Hermione put se dégager de l’étreinte de Ron et le gifla de toutes ses forces.
- Comment peux-tu me faire ça ! ! Je… Je n’ai jamais été aussi humiliée ! !
La jeune fille en larme se précipita dans les escaliers de l’auberge pour aller dans la chambre qu’elle avait louée tandis que Harry enlevait le masque de Ron.
- Ha, qu’est-ce que j’ai fait… commença Ron. Je ne voulais pas faire ça. C’était comme si je ne pouvais plus me contrôler… Il faut que je parle à Hermione…
- Laisse-moi lui parler, nous partageons la même chambre, suggéra Ginny. Il lui faudra du temps pour s’en remettre.
- Ginny a raison, il vaut mieux que tu n’ailles pas ajouter de l’huile sur le feu. Entre filles, les confessions sont plus faciles. Et puis, c’est l’heure d’aller se coucher, on prend le train demain pour Poudlard.
Chacun rejoignit alors sa chambre avec des sentiments différents. Ron était au trente-sixième dessous, Harry essayait de lui remonter le moral, et Ginny semblait à la fois malheureuse pour son frère et amusée par la situation cocasse. En entrant dans sa chambre, la jeune fille rousse trouva sa compagne de chambrée allongée sur le lit la tête sous l’oreiller.
- Hermione, est-ce que ça va ? Tu veux en parler ?
Hermione sortit la tête de l’oreiller. Son visage était légèrement barbouillé. On voyait encore les traces des larmes qu’elle venait d’essuyer.
- Ce qui m’énerve le plus c’est que je ne sais pas si Ron était sincère ou s’il était sous l’influence du masque. Je l’ai toujours considéré comme un ami sur qui je pouvais compter, et c’est vrai que je me suis souvent demandé si cette complicité n’allait pas lui donner de fausses idées sur nos relations. Tu connais bien ton frère, est-ce que tu penses qu’il m’aime ?
- C’est aussi gros qu’un bouton sur le milieu du nez d’une vieille sorcière. Tu es très perspicace en ce qui concerne les autres mais quand il s’agit de toi, tu ne vois pas plus loin que tes livres derrière lesquels tu te caches.
- Je ne vais plus oser regarder Ron en face après ce qui vient de se passer. Comment je vais faire ? J’ai du le blesser quand je l’ai giflé…
- Tu pourrais sortir avec lui, non ? Même si vous vous disputez de temps en temps, vous vous entendez plutôt bien. A moins que tu n’aimes quelqu’un d’autre… Ginny voulait pousser Hermione à révéler qu’elle avait des sentiments pour Harry.
- Je n’aime personne en ce moment et je n’ai vraiment pas envie de m’engager sur ce chemin. Nous sommes de très bons amis, Harry, Ron et moi et je ne veux pas gâcher cet amitié dont on a mis longtemps à solidifier les fondations.
- Est-ce que j’ai parlé d’Harry, moi ? Alors, tu aimes Harry ? Une lueur malicieuse se reflétait dans les yeux de la jeune fille rousse.
- Mais non, je n’ai jamais dit ça ! ! s’exclama Hermione pour se défendre. Simplement, il est évident que si je sors avec Ron, Harry pourrait se sentir seul et il prendrait peut-être mal de tenir la chandelle… Hermione détourna un peu la tête pour ne pas regarder Ginny dans les yeux. Elle commençait à ne plus savoir quoi penser ni quoi faire. Ses mains trituraient la couverture de son lit nerveusement.
- Bon, d’accord. Mais tu ferais bien de réfléchir à ce que je t’ai dit. Ce serait bien si tu pouvais te conduire comme les autres filles en sortant avec un garçon plutôt que de te plonger dans tes bouquins. C’est tellement merveilleux d’être dans les bras d’un garçon qui t’aime. Cela te donne l’impression que tu es la fille la plus jolie du monde.
- J’y penserais, coupa Hermione.
Les lumières éteintes, Ginny s’endormit aussitôt mais Hermione n’arrivait pas à trouver le sommeil. Ce qui venait d’arriver ajoutait encore plus de soucis. Jamais elle n’aurait pensé devoir affronter ce genre de situation. Ce n’était vraiment pas le meilleur moment pour avoir une déclaration d’amour de Ron, surtout avec le retour de Viktor à Poudlard.
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