Il était naturel chez Hermione de vouloir toujours être la meilleure dans toutes les matières, mais force était de constater qu’elle ne l’était plus depuis maintenant deux semaines. En effet, grâce à Hebe qui montrait un grand savoir dans le domaine de la magie, les Serdaigle avaient engrangé nettement plus de points que les Gryffondor dans les sabliers.
- Mais comment fait-elle ? s’énervait Hermione. Comment fait-elle pour accumuler tous ces points à elle seule ? Elle n’est pas humaine.
- C’est ce que me suis toujours demandé à ton sujet, plaisanta Ron.
- Quoi ? ! ! Sous le vif, la jeune fille haussa le ton sans s’en apercevoir et tous les élèves qui se trouvaient dans la salle d’étude levèrent la tête dans sa direction. Hermione baissa alors le nez sur ses livres.
- C’est vrai, tu as toujours fait passé tes études avant tout le reste. A peine l’année commencée, je te retrouve en plein révision pour les ASPIC.
- Mais c’est normal. Nos études vont décider de notre avenir.
- Et si tu pensais à « Notre avenir » ensemble ? Ron prit la main d’Hermione. Depuis la rentrée, nous n’avons pas eu un moment à nous et je tiens beaucoup à toi. Je ne voudrais pas que tu t’épuises comme en troisième année.
- Ron… Hermione ne savait pas quoi répondre. Elle était à la fois touchée par les paroles du rouquin et en même temps, avait peur de le décevoir si elle acceptait de sortir avec lui. Elle voulait tellement être sûre d’être amoureuse de lui. Brusquement, elle dégagea sa main. Ron, je ne suis peut-être pas encore prête. Tu as été pendant longtemps un ami. C’est très dur pour moi de te voir comme mon petit-ami. J’aimerais un peu de temps pour faire le point.
- Je comprends. Ron affichait un air très déçu. Bon, je vais aller prendre l’air, cette salle est étouffante.
Ron sortit alors de la Salle d’étude d’un pas traînant. En le voyant ainsi, Hermione se sentit coupable. Elle referma ses livres et parchemins et partit en direction de son dortoir.
Le lendemain matin, les Gryffondor ainsi que les Serpentard attendaient dans la Salle du Cours de Défense contre les Forces du Mal l’arrivée de Viktor Krum. Ce dernier était en retard depuis déjà une bonne dizaine de minutes lorsqu’il apparut en compagnie d’Hebe.
- Je vous prie de m’excuser chers élèves, j’ai eu quelques problèmes à régler ce matin. De plus, j’ai demandé à Hebe de me servir d’assistante aujourd’hui pour mon cours.
Tous les regards se tournèrent alors vers Hermione avec plus ou moins de discrétion. La jeune fille tenta de les ignorer mais se sentit angoissée d’être ainsi le centre des commentaires de ses camarades pour une autre raison que sa pertinence dans ses réponses. Le professeur intervint aussitôt car les chuchotements devenaient un véritable boucan.
- Un peu de silence s’il vous plaît. Nous ne sommes pas dans un hall de gare. Bien, pour commencer ce cours, je tiens à vous signaler que je ne me répéterais pas. Je vous demande donc d’être très attentif. Qui parmi vous peut me dire ce qu’est un métamorphomage ?
Hermione fut la première à lever la main, puis Harry Ron firent de même.
- Hermione, je t’écoute ?
- Un métamorphomage est un sorcier qui a le don de changer son apparence à volonté.
- Mais quelle autre créature a ce pouvoir ? Viktor se rapprocha de la jeune fille.
- Le Doppleganger. Hermione avait répondu de suite sans lever la main cette fois-ci.
- C’est exacte Hermione. Je suis ravi de voir que tu as toujours autant de connaissances. Le professeur arborait un large sourire tandis que Ron lui lançait un regard noir et les autres regardaient la scène d’un air incrédule. Pourrais-tu me dire quel danger représente le Doppleganger ?
- Et bien, le Doppleganger, par son aptitude à prendre l’apparence d’autrui, peut souvent servir d’espion ou pire d’assassin à la solde du plus offrant. Car il est de sa nature d’avoir l’appât du gain.
- C’est parfait Hermione. Cent points pour Gryffondor. Je vais ajouter quelques précisions. Le Doppleganger, comme l’a dit Hermione, est intéressé par la richesse, donc il préfère prendre souvent l’apparence d’une personne avec une bonne situation financière. Il laissera de côté le rôle de domestique ou de subalterne. Le Doppleganger n’est pas toujours facile à démasquer. C’est pourquoi le cours d’aujourd’hui va vous mettre dans la situation. Hebe prendra du polynectar pour être ma copie conforme et vous devrez trouver lequel de nous deux est le vrai. Nous allons sortir quelques instants et vous aurez affaire avec deux Viktor Krum.
Le professeur sortit alors de la salle avec Hebe. Au bout de dix minutes, pendant lesquelles les élèves faisaient un nombre incalculable de commentaires, deux Viktor Krum identiques apparurent dans la classe et se placèrent devant l’assemblée.
- Pour connaître le véritable Viktor Krum, vous pouvez nous poser des questions, commença à parler l’un d’entre eux.
- Bien entendu, il vaut mieux que vous connaissiez vous aussi les réponses aux questions que vous poserez, surenchérit le second.
Les élèves eurent la surprise de constater que les deux avaient exactement la même voix, ce qui n’allait pas leur faciliter la tâche. Les garçons furent les plus nombreux à poser des questions toutes en rapport avec le Quidditch.
Et à chaque fois, les deux Viktor répondaient en même temps.
- Quel âge aviez-vous lorsque vous avez participé à la Coupe du Monde de Quidditch il y a deux ans ?
- J’avais 18 ans, dirent en chœur les deux Viktor.
- Quel est votre technique préféré ?
- La Feinte de Wronski.
- Essayez de poser des questions plus difficiles, voyons.
- Quel insecte se trouvait dans mes cheveux à la fin de la deuxième tâche du Tournois des trois sorciers ? proposa Hermione.
- Un scarabée, répondit l’un des Viktor.
- Ah, mais j’allais le dire aussi. Je rajouterais que c’est même à ce moment que je t’ai demandé de venir en Bulgarie pendant les vacances.
- Mais c’est de la triche, s’insurgea Ron. Moi je pense que celui qui a répondu en premier est le véritable Viktor. Avec l’article de Rita Skeeter, tout le monde sait que Viktor Krum a proposé à Hermione d’aller le voir dans son pays.
- Pourtant, Hebe n’était pas là à l’époque, remarqua Harry.
- Oui, c’est vrai, acquiesça Hermione qui était perplexe.
Tout le monde se tut. Chacun cherchait une question difficile. C’est alors que Pansy Parkinson prit la parole.
- Eh bien moi je propose une question. Et le premier qui y répondra pourra recevoir un baiser d’Hermione.
- Hein ? Mais non,…commença l’intéressé.
- Quel fut le score du match Bulgarie-Irlande pendant la récente Coupe du Monde de Quidditch ? continua Pansy.
- Bulgarie 160 et Irlande 170, répondit tout de suite l’un des deux Viktor sans que l’autre ait eu le temps de réagir.
- Ha ha, c’est Hebe qui vient de répondre car étant la fiancée de Viktor Krum, elle n’aurait jamais accepté que le véritable Viktor puisse recevoir le baiser d’une autre fille.
- Heu, oui c’est exacte, bégaya celui qui avait répondu en premier, le visage empourpré et le regard oscillant entre Hermione et l’autre Viktor.
- Bien, le cours est fini. Je donne cinquante points pour Serpentard grâce à la réponse de mademoiselle Parkinson. Si vous voulez bien nous excuser, nous allons nous retirer. Le visage du professeur s’était renfrogné et avait l’air vexé.
En sortant de la salle de classe, les élèves parlèrent avec excitation de leur expérience. Seule Hermione paraissait sombre. Elle avait l’étrange impression que Pansy s’était trompé et que le véritable Viktor Krum était celui qui avait répondu en premier. Elle fit part de ses pensées à ses deux amis.
- Quoi ! ! Tu aurais aimé embrasser Viktor Krum ? ! ! cria Ron. J’en étais sûr, tu es encore amoureuse de Viktor et cela t’aveugle. C’est tout de même évident que c’était Hebe.
- Mais non Ron, ce n’est pas ça. Je trouve juste que le comportement de Viktor était un peu bizarre à la fin. Et je n’aime pas partir sur une erreur.
- Mouais c’est ça. Ron était peu convaincu. En tout cas, tu as toujours voulu avoir raison. Le rouquin s’éloigna alors du groupe.
- Dis-moi Harry, est-ce que tu crois que je me trompe sur toute la ligne ?
- Je ne sais pas vraiment. Tu lui a souvent parlé en quatrième année et peut-être que c’est ton instinct qui te guide. Mais quelle importance maintenant ? Si tout le monde croit que c’était Hebe, on ne peut pas revenir dessus. A moins que tu aies des sentiments pour Viktor comme l’a dit Ron.
- Je ne sais plus où j’en suis. C’est tellement difficile. J’ai l’impression que je ne suis pas franche avec Viktor et Ron, ni avec moi-même d’ailleurs.
- Ne te tracasse pas ainsi. Il faut que tu penses avant tout à toi. Tu auras bien l’occasion de remettre les choses à leur place plus tard.
- Merci Harry.
La matinée se déroula ensuite dans un calme relatif jusqu’à l’heure du déjeuner. En se rendant dans la Grande salle, Hermione avait un mauvais pressentiment. C’est au moment de s’asseoir à sa table qu’une voix l’interpella.
- Hermione Granger, est-ce que je pourrais te parler ?
Hermione se retourna alors et vit Hebe.
- Oui, bien sûr qu’y-a-t-il ?
- Je ne préfère pas en parler ici devant tout le monde. Si tu veux bien, on pourrait aller dans un coin plus tranquille.
- Je te suis.
Les deux jeunes filles s’avancèrent vers la porte et à chacun de leur pas, les messes basses augmentaient. Les élèves étaient friands des potins qui concernaient les relations Krum-Hebe-Hermione. De nombreux élèves, surtout les filles de Serpentard, lançaient des rumeurs et désignaient Hermione comme une briseuse de couple.
Hermione suivit Hebe dans le cloître de Poudlard ; là, il y avait peu de monde. Hebe ne fut pas longue à prendre la parole.
- Je t’interdit de t’approcher de Viktor, tu m’entends ? Viktor est mon fiancé et il ne s’intéresse plus à toi, alors arrête de lui faire des yeux doux.
- Mais, je ne comprend pas…
- Ne fais pas l’innocente, j’ai vu ton petit manège pendant le cours. Tu fais ton intéressante pour monopoliser l’attention de Viktor.
- Tu te trompes voyons, je répondais juste aux questions.
- Et l’histoire du baiser ! Dire que Viktor est tombé dans ce piège…Jamais je ne t’aurais laisser l’embrasser, jamais ! !
- C’était une idée de Pansy, je n’allais pas le faire. Je le respecte comme un professeur.
- Ne raconte pas de mensonge, je t’ai vu dans le train. Je sais que je ne suis pas exactement comme toi, mais j’aime Viktor. C’est moi qu’il épousera et non toi. Je… h…
Hebe commençait à tousser un peu et sa peau devenait pâle.
- Non, l’heure est déjà passé… Hebe s’éloigna d’Hermione en se tenant au mur.
- Est-ce que je peux faire quelque chose ? s’inquiéta cette dernière en essayant de prendre le bras libre d’Hebe.
- Ne me touche pas ! ! Hebe se dégagea et partit laissant Hermione toute seule.
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