Il y avait chez Hebe quelque chose d’étrange dans son comportement. C’était si impalpable qu’Hermione en était troublée. Sa jalousie semblait si excessive et ses paroles incohérentes. Comment pouvait-elle penser qu’Hermione courait après Viktor ? Ce n’était pourtant pas son genre. Après tout, Viktor a fait son choix. C’est Hebe qu’il voulait épouser, pas Hermione.
Perdu dans ses pensées, Hermione bouscula une personne dans le couloir.

- Oh, excuse-moi Parvati, commença Hermione.
- Ce n’est rien, Hermione. Mais je suis Padma, la sœur jumelle de Parvati.
- Ah…et tu es venue voir ta sœur au dortoir des Gryffondor ?

Padma pouffa de rire.

- Mais non voyons. Tu te trouves devant le dortoir des Serdaigle. Tu sais bien que je ne peux pas entrer chez les Gryffondor. Où as-tu donc la tête ? Tu t’es trompée en voyant Harry venir d’ici ? Ou alors… Ah, mais oui, bien sûr. Tu dois être inquiète à propos de la relation entre le professeur Krum et Hebe. Ca a du te faire un choc en apprenant leur mariage. Ah, l’amour, ça va, ça vient.

Padma était un vrai moulin à paroles et Hermione commençait à être embarrassée.

- Euh, Padma, je ne voudrais pas te déranger, mais…
- Tu ne me déranges pas, voyons. C’est normal de parler d’amour entre filles. D’ailleurs, si je peux te rassurer, Hebe est loin de faire le poids face à toi. Elle s’acharne au travail comme une forcenée, mais je n’ai pas l’impression que ça la passionne, du moins pas autant que toi. Enfin, je me base sur ce que Parvati me raconte à ton sujet. Je trouve qu’Hebe en fait trop. Et c’est ce qui doit nuire à sa santé. Tu te rends compte, elle est obligée de boire une potion toutes les heures, sinon son teint commence à être légèrement grisâtre. C’est sûr qu’elle te ressemble physiquement. Et si tu ne t’étais pas coupé les cheveux, on vous aurait toujours confondus.
- Oui, c’est ce que ta sœur m’a dit.
- Oui, c’est comme avec Parvati et moi, continua Padma dans sa lancée. On nous confond souvent. Tu viens juste de le faire à l’instant. Heureusement qu’on ne tombe jamais amoureuses du même garçon. Tu t’imagines ? Le pauvre… Ceci dit, je me demande comment je serais avec les cheveux courts. Pas trop courts quand même, je ne voudrais pas ressembler à un garçon. Oh non, ne te méprend pas. Je ne dit pas que tu ressembles à un garçon. Toi, ça te va bien. On voit mieux ton visage maintenant. Alors qu’avec tes longs cheveux mal coiffés, tu n’étais pas super attirante, du moins pour les garçons de notre école. Enfin bref, c’est à cause de ce genre de ressemblance que le professeur Krum est tombé amoureux d’elle. Je parle d’Hebe évidemment.

Hermione commençait à être complètement perdu avec tout ce charabia…Mais Padma ne lâchait pas prise.

- Mon petit doigt me dit que si tu t’y prend bien, tu pourrais sans problème ravir à nouveau le cœur du professeur Krum. Hebe met un temps fou pour se préparer tous les matins. Et le résultat est là. Son maquillage ainsi que sa coiffure sont parfaits. Tu devrais en faire autant. Tu étais si jolie lors du bal du Tournois des trois sorciers. Mince, j’avais un livre sur les secrets de beauté avec pleins de sortilèges et de potions intéressantes, mais je l’ai prêté à Hebe…
- Cela ne fait rien. Je dois y aller maintenant. Au revoir ! !

Sans plus attendre, Hermione s’éloigna du dortoir des Serdaigle, mais surtout du bavardage incessant de Padma. Toutefois, cette conversation ne fut pas inutile. Hermione savait maintenant d’où venait les doutes d’Hebe à son sujet. Padma devait propager le bruit qu’Hermione était toujours amoureuse de Viktor. Et Hebe devait l’entendre jacasser du matin au soir. Comment endiguer le problème ? Ah, ce n’était pas un livre sur la beauté dont elle avait besoin mais d’un livre expliquant comment faire taire les rumeurs et les langues trop bien pendues. Sur ce point-là, Hermione avait beaucoup de lacunes. Elle avait à moitié échoué avec l’affaire « Marietta ».

En repensant à cette dernière, Hermione se mit à soupirer. C’est à cause d’elles si Harry et Cho se sont séparés en mauvais termes. Mais puisqu’ils se sont à nouveau réconciliés, elle n’avait plus à culpabiliser. L’ardoise était effacée. Pourtant… Pourquoi Hermione se sentait-elle si triste à cette idée ? Si Harry était heureux, elle devrait l’être aussi.

Ce fut au détour d’un couloir qu’Hermione aperçut justement Harry. Elle allait l’appeler quand elle vit Cho qui faisait face au garçon. Sans réfléchir, Hermione se cacha derrière le mur. Cho paraissait encore plus jolie qu’avant et arborait un sourire rayonnant. Elle se mit sur la pointe des pieds, tandis qu’Harry se penchait pour la prendre dans ses bras. Ils s’embrassèrent tendrement. Puis Cho partit non sans faire un dernier signe à Harry qui lui répondit de la même manière. Ce dernier se dirigea alors en direction d’Hermione. Affolée, celle-ci commença à regarder dans tous les sens, puis recula tout à coup de quelques mètres avant d’avancer pour tourner le mur et croiser Harry comme si de rien n’était.

- Ah, Hermione. Je voulais justement te voir pour te parler d’un truc.

« oui, de ta relation avec Cho ? » commenta Hermione dans sa tête.

- Viens vite.

Harry prit la main d’Hermione dans la sienne et commença à marcher le long des couloirs. Harry les choisissait toujours surpeuplés. Ils marchèrent pendant un long moment.

- Harry, où est-ce qu’on va ? Tout le monde nous regarde. Tu peux me lâcher la main ?
- Ca, pas question.
- Mais…

Hermione était déconcertée. Harry avait parlé avec beaucoup de détermination. Elle se résigna. Tête baissée, elle regarda sa main dans celle de son ami. Ce n’était pas désagréable. Elle se mit à sourire. Soudain apparurent Hebe et Viktor qui sortaient d’une salle de cours. Par reflex, Hermione voulu dégager sa main, mais Harry la serra encore plus. Ils passèrent ainsi main dans la main devant les fiancés. Rouge comme une pivoine, Hermione ferma les yeux. Elle ne put voir Viktor froncer les sourcils et fermer les poings. Harry le salua l’air innocent tout en entraînant sa camarade en dehors du château. Ce n’est qu’en arrivant dans la cabane vide d’Hagrid que le jeune sorcier lâcha prise. Il invita son amie à s’asseoir à côté de lui sur le lit. Mais Hermione n’étais pas très disposée à coopérer sans explication.

- Harry, que fait-on ici ? Et qu’est-ce qui t’as pris tout à l’heure ?
- Es-tu sûre de ne plus aimer Viktor ?
- Je commence à comprendre… C’était un test, c’est ça ?
- Pas seulement. Le but était aussi de faire savoir à tout le monde qu’on sort ensemble.
- Quoi ! ! ? ? ?
- Sais-tu quelles sont les rumeurs qui circulent en ce moment ? Viktor pourrait à nouveau tomber amoureux de toi et Hebe pourraient te mettre de sacrés bâtons dans les roues pour t’empêcher de t’approcher de lui.

Hermione se laissa tomber sur le lit en se cachant le visage dans ses mains.

- AAAHH ! ! … Je suis au courant et j’ai déjà eu ma mise en garde, merci…. Cette histoire est complètement absurde. Je suis obligée de côtoyer Viktor. C’est notre professeur, bon sang. Je ne vais pas devenir idiote juste pour faire plaisir à Miss Jalousie ! !
- Ha, ha, ha… Je crois que même si tu ne suivais plus les cours pendant un an, tu serais quand même la meilleure élève de Poudlard.
- Ce n’est pas drôle Harry… Mais arrête de rire voyons ! ! Harry ! ! ! !

La jeune fille tapa sur l’épaule d’Harry afin de le faire cesser de rire, mais celui-ci attrapa son poing et approcha son visage.

- Hermione, veux-tu sortir avec moi ?