Il était une fois, vivait dans un somptueux château, une princesse nommée Désirella, à la beauté si parfaite qu’un seul regard vous faisait chavirer le cœur. Tout le monde se jetait à ses pieds et réalisait ses moindres caprices. Elle n’avait de cesse de vouloir les plus beaux habits, les plus beaux bijoux et les plus vaillants chevaliers pour monter la garde autour de sa chambre toutes les nuits.
« Qu’avait-elle à craindre ainsi ? »
Le preux chevalier Romuald de la Flamme brûlante se posait cette question à chaque fois que la nuit tombait et que Désirella s’enfermait dans sa chambre. Il recevait alors l’ordre de ne jamais ouvrir la porte même s’il entendait des bruits étranges. Une nuit pourtant, la curiosité prit le pas. Il lui semblait que deux personnes chuchotaient dans la chambre de la princesse. Romuald plaqua l’oreille contre la porte et entendit un dialogue étrange :
- Tu as eu de la chance que ta marraine soit intervenu lorsque j’ai lancé la malédiction sur ta famille. Mais un jour, je serais l’unique princesse de ce château, de jour comme de nuit.
- Désirella, tu as déjà tout ce que tu veux la journée. Les gens se prosternent à tes pieds, ils en oublient presque de penser à eux-mêmes, mais ce n’est jamais assez pour toi.
- Ah, tu es bien contente de pouvoir dormir dans des draps de satin, alors que je dois me contenter chaque nuit de ta vieille paillasse dans la forêt…
Désirella n’eut pas le temps de finir la phrase car minuit sonnait et au bout des douze coups, le silence régna de nouveau. Intrigué, Romuald ne put s’empêcher de se poser des questions sur ce qu’il venait d’entendre. Il attendit une bonne heure avant d’ouvrir la porte de la chambre et se faufiler dans la pénombre. En s’approchant du lit de la princesse, Romuald fut stupéfait de voir qu’à la place de Désirella, dormait la plus charmante des jeunes filles du royaume.
Romuald ne la connaissait que trop bien. Il l’avait souvent vu sur la place du marché, vendant des fruits et légumes ou des herbes médicinales de la forêt. On la prenait pour une sorcière tellement elle avait les cheveux sales et le visage couvert de terre. Mais dans la faible lueur de la lune qui éclairait le visage de la jeune fille, Les cheveux de cette dernière avait une couleur argentée contrairement à ceux de Désirella qui étaient noirs de jais. Sa peau était si blanche qu’elle ressemblait à une poupée de porcelaine. Le preux chevalier resta un moment ébahi à son chevet mais dut reprendre sa garde car les autres soldats s’inquiétaient de sa disparition.
Depuis ce jour, Romuald pénétrait dans la chambre pour contempler la belle endormie et jamais il n’osait la réveiller. Petit à petit l’amour le rongeait, il ne pouvait accepter plus longtemps les ordres de Désirella. C’est par une nuit de pleine lune qu’il décida d’aller à la rencontre de sa bien aimée. Il se mit sous la fenêtre de la chambre de la princesse et guetta la venue de la jeune fille. Alors que minuit approchait, il vit une petite lumière au milieu des arbres. Elle était plus belle que jamais. Le cœur de Romuald battait à tout rompre. Une petite brise faisait onduler ses cheveux et pour que la bougie qu’elle tenait dans une main ne s’éteigne pas, elle protégeait la flamme de son autre main. Silencieusement, elle marchait avec grâce tout en évitant les branches des arbres.
A la vue du chevalier, la jeune fille hésita à continuer son chemin vers le château. Romuald s’avança alors vers elle pour s’incliner à ses pieds.
- Princesse, je m’incline devant vous.
- Mais je ne suis pas une princesse, vous faites erreur.
- J’ai entendu votre conversation avec Desirella l’autre nuit. Et je connais la vérité. Je souhaite de toute mon âme vous servir et vous aider à restituer votre trône.
- N’es-tu point heureux d’être auprès de Desirella, et de réaliser tous ses caprices ?
- Je ne sers que vous, noble princesse.
- Et bien soit, que la prophétie se réalise en cette nuit de pleine lune avant que minuit ne sonne. Chevalier, accompagne-moi jusqu’à la porte d’entrée du château car seul un cœur noble et pur peut réhabiliter mon nom. Je m’appelle Gracilla.
Le chevalier tendit alors son bras pour accompagner Gracilla dans la salle du trône. Sur leur passage, les gens du château se prosternèrent alors eux aussi car la beauté de Gracilla éclipsait celle de Désirella. Cette dernière n’eut plus qu’à s’enfuir très loin du royaume.
Sous le règne de Gracilla, le bonheur et la prospérité étaient revenus. Le peuple pouvait à nouveau penser à leur propre bien être avant celui de la princesse, car celle-ci était humble et altruiste.
C’est ainsi que se termina la malédiction de Désirella. |