Qu’est-ce qu’il a dit ? A-t-elle bien entendu ? Ce n’est pas possible.
- Harry, si c’est encore une de tes blagues, ce n’est pas drôle ! !
- Mais je suis sérieux. Hebe croit que tu es amoureuse de Viktor. Donc, si tu sors avec moi, elle sera bien obligée de te lâcher la grappe.
- Là n’est pas la question ! ! Et Cho alors. Tu as pensé à elle ? Tu l’aimes non ? Je vous ai vu vous embrasser tout à l’heure. Si tu sors avec moi, elle sera blessée une nouvelle fois.
- C’est à dire qu’en fait… voilà… C’est une idée de Cho.
- …
- Oui, tu vois, elle est à Serdaigle et côtoie tous les jours Hebe et les autres filles. Elle en entend des vertes et des pas mûres à ton sujet. Alors elle s’inquiète pour toi. C’est pourquoi elle a pensé qu’en tant qu’ami, je devrais te proposer mon aide pour faire taire les rumeurs. Voilà, en bref, l’idée c’est que toi et moi, nous formions un couple aux yeux des autres, comme pendant les vacances devant Mrs Figg.
- Mais, ça ne dérange pas Cho qu’on fasse ça ?
- En vérité, cela lui rendrait service. Elle est en dernière année et doit se concentrer sur ses ASPIC. Si on nous voit ensemble au grand jour, Cho risque d’être au centre des commérages. Et comme je suis ton meilleur ami… Enfin, tu vois le topo. Alors qu’en penses-tu ?
- C’est impossible, on ne sera pas crédibles pour deux noises. Et puis, je me sentirais coupable vis-à-vis de Cho à chaque fois qu’on sera ensemble. En plus, on va faire ça combien de temps ? Une semaine, un mois ? ?
- Tout le temps nécessaire, l’année entière s’il le faut. De toute façon, l’année prochaine, Cho ne sera plus là, pas plus que Viktor je suppose.
- Là, tu vois, on ne tiendra jamais aussi longtemps. Tu ferais mieux de profiter à fond que Cho soit encore à Poudlard. Je me débrouillerais seule pour faire comprendre à Hebe que je n’aime pas Viktor. La question est close.
Au moment où Hermione allait se lever pour partir, elle s’aperçut qu’Harry lui tenait toujours la main. D’un mouvement brusque, ce dernier l’attira vers lui. La jeune fille tomba dans ses bras. Harry la serra très fort, le visage caché au creux de son épaule. Il lui murmura à l’oreille :
- S’il te plaît, Hermione. J’ai besoin de toi. Ne me laisse pas tomber. Je me sens si seul…
- Harry, tu n’es pas seul. Tu as Ch…Je… Je suis là. Je ferai tout ce que tu voudras.
Instinctivement, Hermione déposa un baiser sur les cheveux d’Harry et l’entoura aussi de ses bras. Combien de temps restèrent-ils blottis l’un et l’autre ? Cela n’avait plus d’importance. Même les éclats de voix qui se rapprochaient ne pouvaient les séparer.
- C’est gentil de venir m’aider avant le cours. Tu as bien mérité de prendre une bonne tasse de thé… Vas-y en premier, je pose tout ça et je te rejoins.
La porte de la cabane s’ouvrit. Des bûches de bois tombèrent par terre. Des regards de stupeur se croisèrent. Puis la colère monta.
- Comment peux-tu me faire ça ! ! ! hurla Ron. Ha ! Le beau discours sur l’amitié et l’amour… bla, bla, bla… Foutaise. Je vois que ça ne s’applique pas à Harry.
- Ron, ce n’est pas ce que tu crois, s’expliqua Hermione.
- Oh bien sûr que SI ! ! Tu t’es bien payé ma tête, hein ? ! Non, en fait c’est moi qui suis un pauvre idiot. Déjà, le coup de cet été, ça t’arrangeait bien. J’aurais dû écouter les autres. J’ai été trop stupide. Et toi Harry, tu n’es qu’un sale traître ! ! !
Ron s’enfuit, bousculant Hagrid au passage.
- Hey ! ! Ron, le cours va bientôt commencer. Oh, Harry, Hermione, vous étiez là. Dites-moi, il s’est passé quelque chose ? ?
- Il est tout simplement fâché parce qu’il n’accepte pas que nous soyons ensemble Hermione et moi.
- « Ensemble »… Tu veux dire que toi et Hermione… Quelle bonne nouvelle, c’est merveilleux. Tous mes vœux. Ha, ha, ha… ah… euh, oui, je comprend. Bah, Ron est jeune, il s’y fera. Venez que je vous embrasse tous les deux.
Hagrid serra les deux tourtereaux et les fit tournoyer tellement il était content. Pour lui l’amour était le plus beau des sentiments. Il se remémora les fabuleux moments passés avec Olympe. Il leur expliqua qu’il ne s’était jamais senti aussi heureux qu’en présence de celle qui lui faisait battre le cœur. Cela lui avait donné des ailes. Il leur posa plusieurs questions sur leur projets d’avenir et Harry était le seul à répondre avec une facilité déconcertante. Hermione était complètement absente de la conversation. C’était comme s’ils parlaient le langage des sirènes. Faux ou vrai ? Mensonge ou vérité ? Elle ne savait plus. Elle ne pouvait donner aucune réponse. Si cela devait être un examen, elle aurait eu la note D. En réalité, elle aurait aimé que tout ce que disait Harry sur leur couple fut vrai. Ainsi, elle ne se sentirait pas aussi coupable vis à vis de Ron. Elle n’avait pas du tout pensé à lui. Quelle place occupait-il finalement dans son cœur ?
Le cours allait commencer et Ron n’était toujours pas revenu. Les élèves de Griffondor et Serdaigle s’étaient regroupés à l’orée de la forêt interdite où Hagrid avait construit des sortes de petites cabanes pas plus hautes qu’un adolescent.
- C’est dans ces ruches qu’habitent les Abeilles-Cupidons. Elles y produisent leur miel, réputé pour être le meilleur dans le monde des sorciers, expliqua Hagrid.
- Mais pourquoi les appelle-t-on « Abeilles-Cupidons », demanda Lavande.
- Voyons voir qui peut répondre à cette question parmi vous.
Une main se leva aussi rapide que l’éclair.
- Les Abeilles-Cupidons sont nommés ainsi parce que leur piqûre vous procure une sensation de bien-être et d’euphorie comme si vous tombiez amoureux, répondit Hebe. A moindre échelle, leur miel provoque les mêmes effets et c’est pourquoi il est si apprécié. De plus, le miel des Abeilles-Cupidons est l’un des composants nécessaires à la confection de filtres d’amour.
- C’est exact. Vingt points pour Serdaigle.
Les Serdaigle félicitèrent Hebe tandis que les Griffondor, désappointés, regardèrent de travers Hermione. Cette dernière n’était pas vraiment d’humeur à participer au cours.
- Aujourd’hui, je vais vous montrer comment récolter ce miel si délicieux. Venez prendre chacun une fiole. Vous pourrez ensuite déguster ce que vous arriverez à prendre à ces charmantes abeilles.
Les abeilles n’étaient pas si charmantes que ça. Elles guettaient le moindre bruit. Certains élèves feintaient en se lançant des « Silencio ». Mais les mouvement brusques étaient autant de sirènes d’alarme et chaque élève qui se faisait piqué par une abeille abandonnait la cueillette de miel pour aller chercher des fleurs tout en dansant et chantant leur amour pour la nature. A la fin du cours, seuls Harry, Hermione, Neuville et Hebe avaient leur fiole remplie à ras bord. Les autres fioles étaient soit vides, soit à peine à moitié pleines.
- Je voudrais rajouter une petite chose avant que vous ne rentriez au château. Malgré ce qu’on en pense, les filtres d’amour ne sont pas aussi efficaces qu’on le souhaiterait. Alors pour ceux qui voudrait essayer d’en faire, je tiens à vous avertir qu’il vaut mieux ne pas gaspiller bêtement votre miel. De toute façon, les filtres d’amour ne marchent pas sur les personnes déjà amoureuses comme Harry et Hermione.
Hagrid fit un clin d’œil complice. Hermione était aussi rouge qu'une tomate. Harry souriait. Les autres n’en croyaient pas leurs oreilles. C’était la révélation du siècle ! La rumeur disait donc vraie. Hagrid ne savait pas mentir. La surprise passée, tout le monde entoura le couple pour connaître les détails de leur relation tels des vautours affamés. Hebe, restée à l’écart, toisait Hermione du regard.
Au repas du soir, l’euphorie gagna toute la salle grâce au miel récolté par Hagrid et dont les Elfes de maison de Poudlard s’étaient chargés d’en accommoder les plats . L’ambiance était à la fête et tout le monde, même les Serpentard, chose rare, voulait célébrer les « fiançailles » du couple de l’année. Ensuite, n’importe quoi fut un prétexte pour lever les verres, faire un discours, et chanter à plein poumon, comme par exemple, le nombre de fois où Rogue n’est pas devenu Professeur de Défense contre les forces du mal ou encore le grand âge supposé de Mac Gonagall. Il fallut servir une surdose de miel aux professeurs pour leur éviter une crise de nerf. Personne sauf Hermione ne remarqua l’absence de Ron. Il n’était pas descendu non plus pour dîner, ce qui attristait beaucoup la jeune fille.
- Harry, il faut qu’on parle de cette situation à Ron.
- Attends, il vaut mieux aller quelque part d’autre. Chers amis, cria Harry à l’assemblée tandis qu’il se levait de table, Hermione et moi voudrions un moment de calme. Soyez gentils de nous laisser seuls ! !
Des applaudissements, des sifflements d’approbations fusèrent de toute part. Ce fut encore une nouvelle raison pour porter un toast.
Laissant les autres s’égosiller joyeusement, le jeune couple trouva un coin tranquille loin des oreilles indiscrètes.
- Je suis inquiète pour Ron. On a dû lui faire beaucoup de mal. Ne pourrait-on pas lui expliquer un peu la situation ?
- Si tu ne l’aimes pas, autant ne pas lui faire de faux espoirs. N ‘est-il pas plus simple ainsi ? S’il croit que tu aimes quelqu’un d’autre, son cœur guérira plus vite. Il s’en fera bien une raison.
- Ce fut quand même un choc pour lui. Essaie de lui parler, s’il te plaît, Harry. Des larmes commencèrent à couler. Je n’arriverais pas à supporter cela longtemps…
- D’accord, je ferais du mieux que je peux.
- Merci Harry. Hermione était enfin soulagée et un sourire éclaira son visage.
- Tu es beaucoup plus jolie quand tu souris que lorsque tu pleures.
De sa main, Harry sécha les joues mouillés de larmes. Sous les caresses des doigts de son ami, Hermione s’abandonna, fermant les yeux. Leur lèvre se touchèrent. Ils s’embrassèrent longuement. Les mains d’Harry descendirent le long du corps d’Hermione qui prit soudain conscience de la réalité.
- Je… je suis désolée… Je ne voulais pas… Ce doit être le miel. Je crois qu’on ferait mieux d’aller dormir.
Hermione s’enfuit sans avoir le courage de regarder Harry tellement elle avait honte de s’être conduite de la sorte.
Couchée dans son lit, elle ne pouvait s’empêcher de se remémorer le baiser qu’elle venait d’échanger avec Harry. Elle se toucha les lèvres pour en détecter la trace. Etait-ce réel ? Elle n’avait pas ressentie la même chose avec Ron. Le baiser d’Harry était plus doux et romantique. Elle en gardait encore des frissons. Harry était-il amoureux d’elle ? Non, ce devait être à cause de ce maudit miel. Harry aimait déjà Cho. Entre bonheur et désarroi, le cœur d’Hermione était partagé. Elle fit alors un rêve assez agité.
Ses longs cheveux étaient éparpillés sur l’oreiller. Une main les caressait tandis qu’une autre s’occupait de sa poitrine, la rendant folle de désir.
- Serre-moi fort. Je t’aime, Viktor.
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