Depuis le moment où elle s’était levée, Hermione était prise de nausée. Elle avait mal au ventre comme si quelqu’un lui tirait les entrailles de l’intérieur. Elle avait à la fois faim et était dégoûtée par la nourriture qui se présentait devant elle sur la table des Griffondor. Voir en plus Ron manger avec avidité tout en parlant à ses amis n’arrangeait pas la situation, cela lui donnait envi de vomir. Il ne semblait pas s’être aperçu de l’état de sa petite-amie. N’en pouvant plus, Hermione se leva et se dirigea vers les toilettes. Là-bas, elle pu se rafraîchir le visage. Elle se demanda ce qui se passait. Etait-ce une conséquence de son coma ? Les médicomages n’avaient jamais mentionné ce genre d’effet. Pour ne pas perdre de force, Hermione sortit de sa poche une boîte remplie d’haricots magiques, en prit un et le croqua. Cela la soulagea un peu. Même si elle se sentait encore un peu barbouillée, elle pourrait suivre les cours de la journée. Il était hors de question qu’elle rate un seul cours de plus. Elle avait déjà accumulé pas mal de retard comme ça.
Quand elle rejoignit ses camarades de classe pour le cours du professeur Flitwick, Ron s’était déjà installé avec les autres garçons aux tables du fond et n’avait pas cru bon de lui réserver une place à ses côtés. Hermione, comme à son habitude, alla au premier rang. Elle était un peu déçue parce que Ron était de moins en moins attentionné envers elle. A chaque fois qu’elle allait le voir pour passer du temps libre avec lui, il avait déjà prévu quelque chose avec ses copains. Il lui demandait de l’attendre quelque part. Pourquoi pas la bibliothèque ou la salle d’étude ? Elle y serait à son aise pour étudier… Mais bien sûr, ça tombait sous le sens, Hermione n’était obnubilée que par les études ; passer du temps avec son amoureux n’était pas du tout dans ses intentions ; sortir en couple pour elle était une idée complètement saugrenue. Le manque de considération de Ron lui déplaisait assez, mais comme elle l’aimait, elle acceptait ses défauts. Leur relation amoureuse débutait et il n’était pas nécessaire de trop brusquer les choses.
- Bien, votre attention s’il vous plaît ! La voix du professeur Flitwick retentit dans la salle. Aujourd’hui, nous allons travailler sur la détection des sentiments. Grâce à ce sort, vous pourrez savoir ce qu’une personne ressent, que ce soit de la tristesse, de la douleur ou de la joie. Il permet aussi de voir si la personne à qui vous jetez ce sort a des idées maléfiques, vous verrez alors une lumière noire marbrée de rouge l’envelopper. Seul le jeteur du sort peut voir le résultat. Pour lancer le sort, il faut faire un mouvement de tourbillon puis pointer la baguette vers la cible et dire : « Emoticio ». Ouvrez votre livre à la page 52, vous pourrez voir les différentes couleurs associées aux sentiments. Bien sûr, ce ne sont que quelques indications de base. Les sentiments étant assez difficiles à interpréter, même les sorciers les plus aguerris peuvent se tromper. Les médicomages s’en servent surtout pour connaître le degré de douleur par exemple. Pour vous exercer, vous vous mettrez par deux. Vous pouvez commencer.
Hermione se retourna pour voir si Ron voulait faire l’exercice avec elle, mais elle s’aperçut qu’il faisait déjà équipe avec Dean. Soudain, une main lui tapota l’épaule.
- Est-ce que tu veux bien être ma partenaire ?
- Oh, Harry. Mais oui bien sûr, fit Hermione avec un large sourire.
Elle ne savait pas pourquoi, mais elle était contente de pouvoir travailler avec Harry. Finalement, ce n’était pas plus mal comme ça. Harry voulant commencer, il lui demanda de penser à quelque chose qui pourrait la rendre heureuse. Elle décida de penser à Ron. Forcément, elle devait être heureuse avec lui. Elle donna le signal.
- Alors, ça a marché ? questionna Hermione.
- Hum… je ne sais pas. Tu as vraiment pensé à quelque chose d’heureux ?
- Oui, j’ai pensé à ce que j’éprouvais pour Ron. Pourquoi, ça ne va pas ?
- D’accord. Alors ça a marché.
Devant la mine ennuyée d’Harry, elle n’était pas rassurée.
- Tu ne me cacherais pas quelque chose d’important, dis-moi ?
- Non, tout va bien. Il n’y a aucun problème, je t’assure. C’est à ton tour de me lancer le sort.
- Bon, alors, pense aussi à un évènement heureux. Tu es prêt ? J’y vais…… EMOTICIO !
Une aura rouge vif éclata autour du corps d’Harry. La lumière, tout d’abord très intense, finissait par devenir cramoisie, violette puis noire pour à nouveau passer au rouge et ainsi de suite. Hermione relut la page du livre de sorts mais elle n’arrivait pas à comprendre la signification de cette alternance de couleurs.
Rouge : Force Passion Puissance Interdiction Danger Virilité Courage Action Force
Violet : Politesse Jalousie Mystère Spiritualité Mélancolie Tristesse Modestie Religion Inconscient Secret Ténèbres Mort Piété Noblesse
Noire : Mort Deuil Nuit Mystère Monotonie Tristesse Détresse Angoisse Noblesse Distinction Élégance Silence
Cela voudrait-il dire qu’il connaît une grande passion mais aussi une profonde tristesse et que la mort plane sur lui ??
- Je ne suis pas sûre de savoir interpréter correctement, finit par dire Hermione. A quoi pensais-tu ?
- C’est un secret.
- Comment ça, c’est un secret ? Et je fais comment pour savoir si j’ai juste ou pas ? C’est tout de même rageant, qui plus est, devant tout le monde…
- Je ne le dirais à personne, se défendit son ami. Il prit alors une voix un peu plus forte. Hermione, c’est vraiment ce que je ressens. On ne peut rien te cacher.
Harry fit un clin d’œil à Hermione et tous deux se mirent à pouffer de rire. Après plusieurs jours de tension, Hermione avait soudain l’esprit plus léger. Jusqu’à la fin du cours, les deux compères bavardèrent à demi-mot, s’amusant à lancer le sort à l’insu des autres et à interpréter leurs émotions de la façon la plus comique qui soit. Se dirigeant ensuite ensemble vers la salle d’étude pour terminer leurs devoirs, ils continuèrent à s’échanger des messes basses. Brusquement, Hermione sentit que quelqu’un la tirait par le bras vers l’arrière.
- Désolé, Harry, mais j’ai besoin de Ma petite-amie maintenant. Alors si tu pouvais nous laisser seuls, ce serait bien aimable de ta part.
Les deux garçons se toisèrent l’instant d’une seconde, puis Harry partit sans rien dire. La jeune fille fut surprise de cette réaction.
- Attend, Harry. Ne pars pas comme ça.
- Ca suffit, tonna Ron. S’il part, c’est tant mieux.
- Ron, qu’est-ce qui se passe, bon sang ? Tu es fâché contre lui ? Vous vous êtes disputés ? Je ne comprends pas votre attitude à tous les deux !!
- Il n’y a rien à comprendre. Je ne veux plus que tu lui parles, c’est tout. Si tu m’aimes, tu fais ce que je te dis.
- Et puis quoi encore ? L’amour ne m’a pas rendue complètement aveugle. Si tu veux une potiche, tu n’as qu’à te trouver quelqu’un d’autre…
- Bon, écoute Hermione, on ne va pas gâcher notre relation comme ça. Je me suis laissé emporté. Pardonne-moi. Ron prit le ton le plus doux possible. Tu comprends, je suis très jaloux. Je ne peux pas supporter que tu parles à un autre garçon. Je t’aime.
- Moi aussi je t’aime, Ron. Et tu n’as rien à craindre. Harry est juste un ami. Il n’y a rien entre nous. Tu le sais bien, non ?
- Oui bien sûr, s’excusa Ron en la serrant dans ses bras. Je ne le sais que trop bien. Nous avons un peu de temps avant le déjeuner. Nous pourrions nous promener. J’ai découvert un endroit que je voudrais te montrer. Tu veux bien m’accompagner ?
- D’accord, je te suis.
Hermione était contente car Ron ne l’avait pas oubliée. La promenade était agréable. Quelques rayons du soleil arrivaient à percer de brefs instants les nombreux nuages de cette fin de mois de novembre. Les arbres avaient encore gardé leurs feuilles dorées dont certaines tombaient et voltigeaient avec le vent. Pour se tenir chaud, le couple marchait bras dessus, bras dessous. Leurs pas les menaient vers les serres du Professeur Chourave. Au fond du jardin, se trouvait une grande haie. Le jeune homme s’arrêta devant puis caressa quelques branches qui s’écartèrent pour faire apparaître un passage fleuri.
- Tout le monde pense qu’il n’y a rien après cette haie. Mais j’ai découvert par hasard cet endroit en cherchant des champignons pour le professeur Chourave. Si on regarde de haut, on croit que la haie est assez fine. Mais en fait, il y a un large espace où on peut tenir facilement à 4. En plus, les fleurs de la haie poussent dans le froid. Viens, entre. Je vais fermer la haie derrière nous. On sera protégé du vent.
- Les fleurs sont vraiment jolies et elles sentent bon.
- Tu peux venir t’asseoir ici, proposa Ron en enlevant son manteau et en le disposant par terre.
- Merci. En fait, quand j’y pense, cela fait depuis que je suis sortie de l’hôpital qu’on n’avait pas été seuls tous les deux. Cela me manquait un peu.
- Je suis désolé Hermione, je t’ai délaissée. Mais maintenant nous pouvons en profiter.
Ils commencèrent par s’enlacer tendrement en s’échangeant des mots doux. Les baisers, tout d’abord légers, devinrent plus langoureux. Les lèvres de Ron ne purent s’empêcher ensuite d’embrasser le cou de sa bien-aimée pour ensuite s’attarder un peu sur le lobe de l’oreille. Ses mains passèrent sous la robe d’Hermione pour lui caresser la jambe de plus en plus haut.
- Attend, Ron, qu’est-ce que tu fais ?
- Détend-toi, il n’y a rien de mal à faire ça, non ?
Ron essaya de l’embrasser à nouveau sur les lèvres, mais Hermione le repoussa.
- C’est à ça que tu pensais en m’amenant ici ?
- Pas vraiment, mais comme on est ici seuls tous les deux, pourquoi ne pas le faire ? Nous nous aimons, alors ça ne pose pas de problème.
- Arrête, ce n’est pas la peine de me baratiner. Je n’ai pas envi de le faire maintenant. Je ne suis pas prête.
- Mais voyons, tout le monde l’a déjà fait. C’est idiot de nous retenir…
- RONALD WEASLEY !! C’est toi qui es idiot !! D’un, ça m’étonnerait que tout le monde l’ait déjà fait et de deux, si tout le monde se jetait des toits de Poudlard, tu ferais pareil ??
- Bah, en tout cas, Dean n’arrête pas d’en parler.
- Dean Thomas ? Et……. Il t’a dit avec qui ?
- Non, il n’a pas voulu me dire quoique ce soit. Depuis qu’il a rompu avec Ginny, il n’arrête pas de dire qu’il l’a fait avec plusieurs filles.
- Et tu le crois ?
- Pfff… Quel importance qu’il dise la vérité ou pas. Ce qui compte, c’est que moi je puisse le faire.
- Toi ? Toi ? Toi !!! Et moi dans cette histoire ? Tu as pensé un peu à moi et à mes sentiments ?
- Justement, si tu es amoureuse de moi, tu devrais avoir envi de le faire avec moi !
- Eh bien, ça ne marche pas comme ça ! Et si tu m’aimais tu comprendrais pourquoi ! Tu me déçois vraiment. Maintenant, laisse-moi partir.
Hermione marcha très vite et aucune bourrasque ne pouvait l’arrêter tellement la colère guidait ses pas. Elle en voulait à Ron de ne pas l’avoir comprise. Elle s’en voulait à elle-même pour s’être laissée piéger ainsi. Elle marcha longtemps afin de se calmer les esprits. Tous les élèves devaient être à table à présent. Pourtant, elle n’avait pas le coeur de les rejoindre, surtout si c’était pour revoir le visage de Ron. Elle décida d’aller au moins se réchauffer dans la salle commune. C’est en arpentant les couloirs qu’une crampe à l’estomac la tirailla. La nausée lui revenait. Elle se précipita dans les toilettes les plus proches pour vomir par spasme. En se regardant dans un miroir, elle se trouva blême à faire peur. Elle prit un haricot magique pour tenir le coup. Dans trois jours, était prévu une visite médicale à Saint-Mangouste. Hermione demanderait au Professeur Mac Gonagall la permission de rester au lit jusque là. Tant pis pour les cours, elle n’en pouvait plus et cela lui éviterait tout nouveau contact avec Ron.
Dans la salle d’attente du médicocomage qui l’avait suivi depuis son coma, Hermione était assise entre un vieux sorcier tremblotant qui n’arrêtait pas d’éternuer bruyamment et une jeune sorcière tenant son enfant sur ses genoux. Ce dernier gigotait dans tous les sens en hurlant qu’il ne voulait pas aller chez le médicomage. Malgré toutes ces agressions acoustiques, Hermione lisait, ou plutôt regardait, distraitement un magazine. Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle était affaiblie. Les jours de repos ne l’avaient pas assez requinquée. Elle entendit une porte s’ouvrir, un patient remerciant le médicomage et l’appel de son nom.
Hermione se leva et le suivit dans son cabinet. Elle lui exposa les derniers symptômes sans rien omettre. Le médicomage commença l’examen en faisant tournoyer sa baguette un peu partout sur son corps.
- Depuis quand datent vos dernières règles ?
La question étonna la jeune fille.
- Eh bien, maintenant que vous m’y faite penser, je crois que c’était autour de mi-octobre. Je ne m’en souviens pas très bien.
- Et depuis, vous n’avez rien eu depuis que vous vous êtes réveillée de votre coma ?
- Non. Ce n’est pas normal ? commença par s’inquiéter Hermione.
- Attendez, je dois faire un autre examen pour être sûr.
Le médicomage tapota alors la tête d’Hermione de sa baguette. Cette dernière pouvait alors voir au dessus de sa tête une image plutôt inattendue, celle d’une sucette pour bébé.
- Mes félicitations. Vous êtes enceinte d’un peu plus d’un mois.
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