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Geneworld.net>Fan-fictions>Eladris>Un noël à Rome atypique

BY ELADRIS

De combien de Noëls vous rappelez-vous ? Peu ? Beaucoup ? Quelques-uns où il vous est arrivé une chose incroyable, si magique que personne ne vous croirait s’il n’avait été là pour le vivre à vos côtés ? Pour ma part, l’année était très mal partie et semblait mal se finir. Je m’étais bataillée tout au long de l’année pour réussir une chose qui me tenait à cœur depuis quelques mois. Je rêvais de sortir avec un super garçon. Il n’était pas mal du tout dans son genre. On pouvait même le qualifier de mignon. Bref, je ne vais pas vous faire un tableau, vous voyez très bien la chose. Mais bon, fallait savoir se résigner dans la vie. À vingt-deux ans pourtant, je pensais que la vie me jouerait moins de si mauvais tours. M’enfin, la période que je préférais le moins approchait. Noël ! Chouette comme nom n’est-ce pas ? Combien de personnes sur cette planète attendent ce jour avec impatience ? Qu’à chaque fois qu’ils entendent ce mot, « Noël », les bons souvenirs ressurgissent comme par miracle, les cadeaux, la course des enfants jusqu’au sapin, la famille, le repas avec cette célèbre dinde. Des millions sans aucun doute. Sauf moi. Eh oui, je n’aime pas Noël. Ou plutôt, je n’aime pas ce qui me fait penser à mes noëls précédents. Depuis ma stupide majorité, chaque année, c’est la même chose. Mes parents chez qui je vis depuis toujours, même pendant l’université vu que nous habitions tout près, partaient faire des folies en haute montagne, m’abandonnant à mon triste sort. Génial les vacances ! Alors pourquoi ce Noël en particulier, ce vingt-cinq Décembre 2009, serait-il différent des autres ? Nous étions le vendredi des vacances. Toute l’école se vidait de ses étudiants pour au moins quinze jours. Stéphanie et Laura me raccompagnaient comme chaque jour depuis notre rencontre lors de notre première année de fac.
« - Les filles, ces vacances, ça va être le rêve, fit Stéphanie. Je pars dans les Alpes. Tu parles que ça me changera de cette immense ville. Enfin un air pur qu’on pourra respirer sans avoir peur de se massacrer les poumons.
- Et tu penses faire mieux que moi ? Répondit Laura. Moi, mes parents m’emmènent passer Noël aux Etats-Unis.
- Mais c’est génial ! Scanda Stéphanie. Tu vas t’éclater là-bas. C’est super beau, surtout pendant les fêtes de fin d’années. Ils adorent en faire des tonnes !
- Jessica, ça ne va pas ? Me demanda Laura qui avait remarquée que je m’étais arrêtée quelques mètres plus tôt.
- Euh, merci les filles de m’avoir raccompagnée, fis-je un peu en retrait. Mais j’ai…euh, j’ai oublié que j’avais un rendez-vous important. Je dois y aller. Salut ! »
Je partis dans l’autre sens, échappant de justesse à la question qu’une de mes amies allaient finir par me poser. Je fis un long détour pour revenir jusque chez moi. Le parc par où j’étais passée grouillait de joyeux enfants assis devant des conteurs ou de faux pères noëls. À chaque fois que je pensais à ce que j’allais encore revivre cette année, les larmes m’en venaient aux yeux. Ça me faisait mal, là, dans mon cœur, tous ces merveilleux souvenirs de noëls passés. Justement, « passés ». Ce mot m’écoeurait car il signifiait autant que tous cela était bien fini et que rien ne serait plus comme avant. Arrivée devant ma maison non décorée comme chaque année depuis quatre ans, je montai directement dans ma chambre pour réfléchir un peu. Je balançai mon sac sur mon lit et j’ouvris ma fenêtre. Un agréable vent vint lentement me caresser le visage.
« - Pourquoi il faut que ça tombe sur moi ? Fis-je en m’accoudant à ma fenêtre en soupirant, parlant aux étoiles comme chaque soir. Je voudrais juste pour cette fois avoir un Noël avec des personnes que j’aime et passer de joyeuses fêtes avec ces mêmes personnes qui tiennent à moi. »
Habituellement, on ne voyait que l’étoile polaire dans le ciel car les lumières de la ville gâchaient tout. Mais ce soir-là, ce fut différent. Une seconde étoile était là, sur cette toile bleu foncé que je regardais toujours pour discuter un peu avec. Ça me faisait du bien de me confier à elle car j’avais l’impression qu’elle me comprenait et qu’elle compatissait. Sortie de mes rêveries, je me mis sur mon ordinateur pour aller discuter sur le net. Un italien était connecté et son pseudo me fit bien rire.
« - Noël_c’est_super, lus-je à voix haute. Ben dites donc, il est motivé lui. Allons lui rafraîchir un peu son histoire. »
J’entamai la conversation simplement en lui disant que je n’aimais pas les fêtes de fin d’année, juste pour voir sa réaction. D’habitude, quand il y en avait qui voulait me draguer, ils se mettaient dans ma peau et avouaient eux-aussi leur mépris pour ces fêtes. Quelle bande de nuls. Depuis qu’un ami m’avait donné des cours sur Internet, je ne me laissais plus berner. Pourtant, celui-là semblait différent. Premièrement, il me répondit en français et deuxièmement, sa réponse m’étonna.
« - Une telle personne existe ? Ecrivit-il. Pourtant, ces fêtes sont là pour resserrer nos liens avec notre famille. Ces fêtes permettent à des gens de se revoir, de partager la joie d’être uni près d’un sapin ou autour d’une table bien dressée ensemble. Mais surtout, ces fêtes nous montrent aussi à quel point l’Espoir est important. »
Je ne lui répondis même pas. D’ailleurs, ses phrases semblaient si belles à lire que j’aurai presque adhéré à son idéal mais j’entendis des pas au rez-de-chaussée. Mes parents venaient de rentrer ce qui me refroidit totalement. Pourtant, ce jeune garçon semblait étrange. Il avait été le premier en fait à tenter de me faire changer d’avis sans m’engueuler ou se moquer de moi. Existe-t-il vraiment des gens bien sur Internet ?
« - Ah, Jérémie, pourquoi n’es-tu jamais là quand on a besoin de toi ? Fis-je à haute voix en me souvenant d’un ancien camarade de classe. Au moins tu pourrais m’aider à lui répondre. Bah, tant pis, de toute manière, il a aussi quitté le chat. »
J’éteignis mon ordinateur puis je me couchai sur mon lit et je sortis mon calepin pour réfléchir un peu à la réponse d’un mail que j’avais reçu récemment de ce même Jérémie. Il était devenu écrivain et m’avait proposé de m’écrire une nouvelle rien qu’en lui fournissant un titre. Il fallait que j’y réfléchisse. Je voulais voir comment il allait s’en sortir. Je mis un peu de musique pour m’aider à trouver l’inspiration mais elle ne servit finalement qu’à m’endormir. Cette semaine avait été épuisante et je ne tins pas vingt minutes. Le lendemain, je dus me résoudre à descendre et à aller dire bonjour à mes parents qui préparaient déjà leurs valises. Cette année, ils allaient encore à la montagne et ils partaient dès ce soir. Normalement, je devrais me réjouir de tout cela. Pas de parents sur le dos. Je pourrai organiser une fête, faire moi aussi des folies. Mais non, car tous mes amis étaient avec leur famille. Eux, ils savaient ce que ce mot représentait. Et je n’allais certainement pas aller m’implanter dans l’une de ces familles. J’aurais trop peur de faire « tâche ». Je m’assis en face de mes parents puis j’attrapai un croissant que j’avalai vite fait, histoire d’espérer manquer la même scène qui se jouait chaque année le matin du départ parental. Et comme de par hasard, j’allai finalement encore y avoir droit.
« - Alors ma fille, fit mon père alors qu’il sirotait tranquillement son café matinal. Tu as bien dormi ?
- J’ai connu de meilleures nuits, répondis-je froidement, encore un peu la tête dans mes songes.
- Comme tu le sais, nous partons ce soir, continua mon père. Nous t’avons laissé un peu d’argent de côté et il y a à manger dans le réfrigérateur pour au moins deux semaines. Nous serons rentré d’ici là je pense. N’oublie pas les consignes surtout.
- Ça fait quatre ans que je les connais par cœur tes stupides consignes, fis-je énervée. »
Je quittai immédiatement la table. Ces stupides règles ne devraient pas exister. Pourquoi ne suis-je pas dans une famille normale, soudée quoi, qui aime vivre des réveillons ensemble ? Ma chambre était devenu ma maison durant chaque vacances d’hiver. C’était mon refuge et je n’en sortais que très rarement. La journée passa inlassablement et je ne voulus même pas aller faire les boutiques, comme chaque samedi. Seule, c’était bien moins marrant. En fait, j’avais passé mon temps à lire des histoires incroyables que mon ami m’envoyait régulièrement. J’étais son juge, celle qui lui donnait un avis critique avant qu’il ne tente de l’envoyer à son éditeur. Lui aussi allait passer son réveillon en famille. Quel veinard. Pourtant, il se plaignait de ses parents lui aussi mais au moins ils ne le laissaient pas en plan et préparaient toujours cette réunion avec enthousiasme. On approchait des dix-huit heures quand ma mère m’appela pour que j’aille leur dire au revoir. Leur taxi attendait devant la porte, les bagages étaient déjà chargés et il ne leur manquait plus qu’une bise pour tout laisser derrière eux sans regrets. Je descendais lentement les escaliers quand le téléphone se mit à sonner. Ce fut mon père qui décrocha.
« - Oui, oui ! Tu penses qu’elle accepterait ? Fit mon père au téléphone. Je ne sais pas. Elle est tellement bien ici. Bon, c’est comme tu veux. Je lui transmets le message. À quelle heure tu dis ? Bon, c’est noté. Eh bien bonnes vacances Julie.
- Qui était-ce ? Demandai-je calmement.
- C’était…euh, ta sœur. Répondit mon père.
- Julie ? Elle est en France ? Fis-je heureuse. Je vais pouvoir aller la voir alors.
- Non, pas vraiment, fit mon père. En fait, elle est toujours en Grèce mais elle demande si tu ne voudrais pas la rejoindre pour passer Noël avec elle. Elle vient d’envoyer ton billet d’avion par la poste. Il sera là le vingt-deux. Ton avion part le vingt-trois à quatorze heures. Tu arriveras à Athènes aux alentours de vingt-deux heures. Ta sœur t’attendra à l’aéroport. Voilà ! Bon, eh bien, bon voyage et à bientôt. »
Dès que la porte se referma, le clap me fit descendre de mon petit nuage. Je courus jusqu’à ma chambre et je sortis ma valise. Je mis quelques affaires dedans rapidement puis je m’arrêtai et je me regardai dans mon miroir, histoire de réaliser ce qui venait de m’arriver, comme si l’information venait seulement de monter jusqu’au cerveau !
« - Ça y est, fis-je les larmes aux yeux. Mon vœu est enfin exaucé. Je vais enfin passer un Noël avec un membre de ma famille. Je pourrai enfin hurler Joyeux Noël à tous ceux que je verrai. Bon, alors, qu’est-ce que je vais emmener comme affaire moi. Il fait quoi comme temps en Grèce ? Une seule réponse : Internet, quand tu nous tiens ! »
J’allumai mon ordinateur puis je fis quelques recherches sur le climat grec.
« - Bon, bonne nouvelle, il y aura de la neige cet hiver, fis-je. Alors : pull, combinaison de ski, chaussettes. Ah, ça, vaut mieux éviter de partir sans. »
Pendant que je m’affairai, je ne le vis pas immédiatement mais un mail venait d’arriver. Je ne m’en aperçus que plus tard, quand tout fut bouclé.
« - Tiens, Jérémie me donne des devoirs de vacances, fis-je en voyant la pièce jointe contenant une de ses nouvelles.
« Salut Jessica. Je sais que tu n’aimes pas tellement Noël et vois-m’en navré mais j’aimerai que tu lises cette petite histoire que je viens tout juste de finir. Voilà, allez, courage. Ce ne sont que quelques jours. Gros bisous, Jérémie qui te soutient à 100%. »
- Il est motivé lui aujourd’hui, fis-je en souriant. Bon, alors, quel est le titre de cette fameuse nouvelle...Ah ! Bon, je la lirai si j’ai un peu de temps. Je vais l’imprimer et je l’emmènerai avec moi. Peut-être que l’ambiance me donnera le courage de la lire. »
Il se faisait tard, je mangeai un morceau encore vite fait et je partis me coucher. Sans grand étonnement, je ne trouvai pas le sommeil tout de suite, trop excitée par l’idée du noël que j’allais passer. Finalement, je m’endormis mais je ne rêvai que de scénarios fabuleux que je pourrais vivre dans moins de quelques jours. Si ça se trouvait, les Grecs étaient mignons ! Ah, j’avais hâte d’y être. Les jours suivants, je prévins tous mes amis de mon aventure fantastique. Tous étaient heureux pour moi et je retrouvai goût aux bonnes choses. Je fis même les boutiques à la recherche de quelques cadeaux et de cartes de vœux bien sympathiques. La joie de Noël était redevenue mon amie. Il se mit même à neiger. Les décorations en ville étaient sublimes recouvertes de ce manteau blanc immaculé. Je m’arrêtai devant le sapin géant qui avait été mis devant l’hôtel de ville. Bientôt, moi aussi j’allai enfin pouvoir tourner autour d’un sapin tout en chantant de superbes refrains de noël. Ce mot retrouvait sa douce mélodie à mes oreilles après des années d’enfermement dans une boite de solitude et de tristesse. Je rentrai chez moi très tard, toutes ces merveilleuses lumières colorées m’ayant fait perdre la notion du temps. Ces jours ne passaient pas assez vite à mon goût. Il ne restait plus que deux jours avant mon départ et mon billet n’allait pas tarder à me parvenir. Mais je ne tenais plus en place, il fallait que je fasse quelque chose. Tout en réfléchissant à cela, je m’assis sur le canapé du salon, juste à côté de la fenêtre qui donnait sur la rue. En face, un enfant passait avec sa maman. Ils avaient les mains pleines de paquets cadeaux et le garçon sautillait dans tous les sens, le sourire jusqu’aux oreilles.
« - Ah, nostalgie du bon vieux temps, fis-je en soupirant. »
Tout à coup, l’enfant s’arrêta et regarda fixement dans ma direction. Il posa une question à sa mère qui lui montra les maisons voisines décorées. L’enfant perdit vite son sourire et déposa un chocolat devant ma porte. Très étonnée, je me levai et j’allai voir de quoi il en retournait. Je rattrapai la mère et son enfant en pantoufle.
« - Madame, excusez-moi, fis-je après les avoir rattraper. Puis-je connaître la question que votre fils vous a posée ?
- Il m’a demandé pourquoi votre maison n’était pas décorée ? Répondit la charmante dame un peu gênée.
- Ah, euh, d’accord, fis-je soudainement déstabilisée.
- Désolé de vous avoir blessée, fit la maman.
- Ce n’est rien, fis-je en m’accroupissant près de l’enfant. Ecoute, voilà ce qu’on va faire. Reviens demain et tu auras une jolie surprise. Maintenant, fais-moi un beau sourire et rentre vite au chaud. »
Je repartis vite en courant jusque chez moi et je filai tout droit jusqu’à la cave. Je remontai quelques cartons bien lourds. Je mis des vêtements tout risque et j’ouvris ces fameux cartons.
« - Y’a du boulôt, fis-je. Allez ma petite Jessica. Montre-leur de quoi ton moral et ton espoir sont capables. M’en vais leur apprendre moi ce que c’est que la volonté ! »
Je travaillai toute la journée et une bonne partie de la nuit à cette petite « activité ». Enfin, vers la fin de la matinée, le petit garçon et sa mère revinrent devant ma maison qui avait changé de visage. J’étais épuisée mais je souriais, fière de ce que je venais d’accomplir. J’étais sur le porche de ma maison, attendant le joyeux bambin. J’appuyai sur un interrupteur et toutes les décorations que j’avais placées s’allumèrent. Pour la première fois depuis quatre ans, je rivalisai à nouveau avec mes voisins. Jadis, mon père et moi participions au concours de la maison du quartier la plus joliment décorée. Cinq prix d’affilée, ça ne se perdait pas. Le petit garçon courut jusqu’à moi et me fit une bise pour me remercier de tout cela. Je partis à l’intérieur et je lui ramenai quelques chocolats que j’avais confectionnés selon une ancienne recette de ma chère grand-mère. Les passants et les voisins étaient heureux à nouveau de revoir notre maison si sobre d’habitude reprendre de belles couleurs au ton de fête.
Je remontai ensuite dans ma chambre et je m’affalai sur mon lit, complètement épuisée. Je dormis toute l’après-midi et toute la nuit suivante. Ce fut d’ailleurs le facteur du lendemain qui me réveilla. J’avais une tête affreuse mais peu m’importait, la bonne nouvelle qu’il m’apportait compensait largement tout cela.
« - Enfin il est arrivé, hurlai-je folle de joie. Mon billet d’avion. Youhou ! »
Je ne fis rien pendant toute la journée. Je voulais être en pleine forme pour vivre à deux cent pour cent tout ce qui allait m’arriver. Ça y est, le soleil pointait enfin le bout de son nez en l’honneur de ce fabuleux vingt-trois Décembre. Pour éviter d’être en retard, dès dix heures, j’étais déjà en route pour l’aéroport. Et j’avais bien fait. Entre les embouteillages et la neige, je n’y étais pas arrivée avant midi. Je mangeai tranquillement un morceau à la cafétéria de l’aéroport, attendant le départ de mon vol. Quand le coup des treize heures trente sonna, je partis en direction de la porte d’embarquement correspondant à mon vol. Un charmant steward m’accueillit tout sourire et me plaça dans l’avion. Tout semblait s’accélérer. Dans quelques heures, je serai en Grèce, avec ma sœur et ses amies avec toute une troupe de Grecs à mes pieds.
« - Ah ah ah ! Là, faut que j’arrête de me faire des films, fis-je en riant. »
Le commandant de bord annonça alors un retard d’une heure en raison d’une tempête et qu’il fallait dégager la piste avant le décollage. Ça ne me rassura guère de devoir voler en pleine tempête mais je n’étais pas plus inquiète que ça. Je ne pensais plus qu’à mon séjour. Je voulus sortir quelques magazines mais je tombai sur la nouvelle de mon ami que j’avais imprimé pour la lire au cas où je trouverai un moment. N’ayant pas trop envie d’ avoir d’autres rêves que celui que je m’apprêtais à vivre en tête, je la rangeai pour sortir un bon vieux livre que j’adorais. Le temps passa bien mieux comme ça et l’heure ne se fit pas ressentir plus que ça. L’avion décolla enfin. Au bout de deux heures, quelques turbulences se firent ressentir. Le ciel s’était obscurcit incroyablement vite et l’avion était ballotté dans tous les sens. Le commandant de bord, craignant pour nos vies, dut demander d’atterrir à l’aéroport le plus proche.
« - Mesdames et messieurs, ici le commandant de bord. La tempête s’est passablement aggravée aussi nous allons atterrir à l’aéroport de Rome en Italie que nous survolons actuellement. Pas de soucis pour votre destination qui était la Grèce, un autre avion est affrété spécialement et décollera dans deux heures, dès que le temps se sera calmé. Veuillez attacher vos ceintures, nous allons amorcer notre descente. »
Là, ça commençait à faire beaucoup. D’accord, j’aimais bien la neige, mais il y avait des limites. L’atterrissage se passe sans trop de problèmes. Nous descendîmes de l’avion et j’allai m’asseoir à un bar de l’aéroport tout en continuant ma lecture. Mon chapitre fini et les deux heures étant écoulées, je m’apprêtai à rejoindre mon groupe quand je reçus soudainement un appel.
« - Allo soeurette, c’est Julie.
- Salut Julie, fis-je. Comment ça va ? Ne te fais pas de soucis si j’ai un peu de retard. Mon avion a eu quelques problèmes et je suis…
- Super, tu n’es pas encore partie, fit Julie. Ecoute, je suis désolée mais le lendemain de l’envoi de ton billet, j’ai rencontré un charmant garçon et il m’invite à passer le réveillon avec lui. Je suis désolée mais ça ne va pas être possible cette année. Comprends-moi, il est trop mignon !
- Mais Julie, je suis à …
- Je savais que tu me comprendrais, fit Julie. Allez, bon Noël quand même.
- Julie, attends, fis-je. Nooon, plus de batteries. Et mon chargeur est dans mes bagages. Bon, allez ma fille, ressaisis-toi. Tu vas gentiment aller demander à des responsables de te rendre tes bagages pour rentrer chez toi. »
Je pensais que tout allait vite s’arranger malgré ma grande désillusion. Mais ça empira vite et mon optimisme partit vite en fumée.
« - Comment ça je ne peux pas récupérer mes valises ? Fis-je en colère.
- Mais mademoiselle, l’avion que vous deviez prendre vient de partir. Vos affaires sont actuellement en route pour la Grèce. Je suis désolé mais je ne peux pas faire revenir l’avion rien que pour vous. Et de toute manière, plus aucun avion ne décollera avant demain. La tempête s’est passablement compliquée. Je peux faire une demande pour que vos bagages vous reviennent mais pas avant demain soir. Je ne peux pas faire mieux. »
Demain soir ! Mais comment allais-je faire. Tous mes papiers et mon argent étaient dans mes valises. Je n’avais qu’un peu d’argent de poche sur moi.
« - Bon, tu sais parler italien, tu vas bien trouver un moyen de t’en sortir, me fis-je. Mon espoir commence quand même à faiblir, tout comme mon optimisme. »
Il se faisait tard alors je suis sortie de l’aéroport à la recherche d’un hôtel pas trop cher dans le coin. Finalement, Rome sous la neige, ce n’était pas tellement mal non plus. Ça me ravigota de voir toutes ces familles joyeuses. Un peu de rancœur vis-à-vis de ma lâcheuse de sœur me vint aussi mais elle n’était pas très forte et passa bien vite. Des hôtels peu chers à Rome, c’était aussi dur à trouver qu’une aiguille dans une meule de foin. On m’en indiqua pourtant un assez en extérieur de la ville mais au moins j’allai passer la nuit au chaud. Je dus passer certains quartiers mal fréquentés et je me sentis vite observée. Je pressai le pas, voulant sortir de ce cauchemar le plus vite possible. Le problème était qu’il faisait déjà nuit et les ombres me firent sursauter à plus d’une reprise. Mon sac à dos commençait à me faire mal aux épaules. Je stoppai ma course dans un arrêt d’autobus pour m’abriter de la neige et grignoter un reste de sandwich de midi.
« - Je ne pensai pas que ça tournerai si mal, fis-je un peu dégoûtée. »
Des larmes me vinrent aux yeux. N’importe qui aurait craqué à ce moment mais un ami m’avait un jour appris à être forte dans ces cas-là. Je pleurerai au chaud chez moi. Pendant que je finissais le fond de ma bouteille d’eau, je regardai en un coup d’œil le plan des trajets des autobus. Une rue me marqua plus qu’une autre mais la lumière de l’abri se coupa d’un coup. Une bande de huit garçons se rapprochèrent alors bizarrement. Je rangeai toutes mes affaires et je partis de là, cherchant un lieu un peu plus accueillant et réconfortant. Ces jeunes me suivirent pendant un petit moment. Ayant peur de ce qu’ils pouvaient me vouloir, je me mis à courir. Ils me rattrapèrent bien vite et me plaquèrent contre un mur à l’angle d’une rue très peu fréquentée.
« - Alors ma jolie, on se promène toute seule, fit le plus grand. »
Ils parlaient en italien mais je comprenais ce qu’ils me disaient. Je tournai alors la tête pour chercher du secours mais je ne vis que la pancarte du nom de la rue en face de moi. Celui-ci me fit bizarrement tilt. Tout à l’heure, dans l’arrêt du bus, j’avais vu le nom de cette rue. Je savais qu’au bout il y avait une certaine ambassade d’un certain pays qui pourrait m’aider. Alors que ce qui semblait être le chef du groupe allait tenter de m’embrasser, je lui donnai un violent coup de genou dans les parties sensibles, me donnant ainsi le répit qu’il me fallait pour m’enfuir à toutes jambes. La peur pouvait parfois donner des ailes ! Toute la bande était à mes trousses mais je courais plus vite que tout à l’heure et je pus enfin atteindre la grille de l’ambassade de France. Heureusement, un garde était dans les parages quand les truands me rattrapèrent.
« - Au secours, hurlai-je en français. Ces abrutis veulent me violer. »
Ni une ni deux, le garde sortit son arme et courut à notre rencontre. Il mit les malfrats en fuite et en blessa même un à l’épaule. Il rangea alors son arme et m’aida à me relever.
« - Vous l’avez échappé belle mademoiselle, dit-il. Vous êtes française n’est-ce pas ?
- Oui, j’ai eu un problème avec l’aéroport et j’ai voulu trouver un hôtel pour la nuit mais une suite de catastrophes m’a conduite jusqu’ici.
- Bien, montrez-moi vos papiers et je vous ferai attendre ici, fit le garde.
- C’est que…je ne les ai pas, fis-je. Mais ce n’est pas tellement grave. Laissez-moi entrer. Il commence à faire froid et je suis complètement trempée.
- Je suis désolé mais je ne peux vous autoriser à entrer, fit le garde. Je ne peux pas enfreindre la loi rien que pour vous. De plus, un émissaire italien est là en ce moment. Si je vous fais entrer et que vous n’êtes pas en règle, je risque de perdre mon boulôt. Je suis désolé. »
Il tourna les talons, referma la grille et repartit à sa ronde. Moi, complètement dépitée par tout ce que je venais d’entendre, je n’avais même pas bougée d’un cil. Je m’assis contre la grille, je refermai ma veste jusqu’en haut et je mis mon sac à dos sur mon ventre pour me tenir chaud. Il ne fallait pas que je dorme mais la nuit était déjà bien avancée et la lumière des réverbères faiblissait. Epuisée comme jamais, je finis par sombrer dans un profond sommeil. Quelques heures plus tard…
« - Salut Fred, content d’avoir bossé avec toi, fit le garde.
- C’est ça t’as raison, fit Fred en approchant de la grille. Pauvre naze, je t’ai jamais aimé, se dit-il. »
Il referma la grille et se dirigeait vers sa voiture quand il trébucha sur quelque chose.
« - Allons bon, maintenant on balance ses ordures devant l’ambassade, dit-il. Tiens, un sac à dos. Et où est donc passé ton propriétaire ? »
Il m’aperçut à moitié recouverte de neige, entièrement frigorifiée.
« - Merde de merde, c’était ça l’alerte 3.5, dit-il en me prenant dans ses bras. Désolé ma belle mais t’as pas tellement le choix. Faudra te contenter du bon vieux Fred comme sauveur. Décidemment, ce garde est vraiment stupide. La procédure, il faut suivre la procédure. La procédure ducon, elle part en couille quand la vie d’une femme est en danger. Bon, j’espère que t’es bien installée. Je t’emmène au chaud. »
La voiture fila dans la nuit jusqu’à une maison dans les hauteurs, en périphérie de Rome. Lorsque j’ouvris les yeux, je me trouvai dans un lit confortable et bien chaud. J’étais bien. Mon cauchemar avait été horrible. Mais je voulais ne plus y penser. Ce fut le soleil qui me réveilla. J’avais dû oublier de fermer les volets de ma chambre hier soir. Mais dès que je vis vraiment où j’étais, mon sang ne fit qu’un tour.
« - Aaaaaaaaaaah, hurlai-je.
- Quoi, qu’est-ce qui se passe, fit un jeune homme en entrant en trombe dans la chambre, une tartine dans la bouche. »
Il ne devait pas avoir plus de vingt-quatre ans. Il était assez grand et avait les cheveux châtains. Mais ce qui m’étonna le plus, c’était ce qu’il venait de dire. Il venait de parler en français.
« - Qui…qui êtes-vous ? Demandai-je en tremblant.
- Ah, c’était juste le réveil qui fut un peu brusque. Je comprends. Ben, qui je suis ? Je m’appelle Frédéric et je suis français mais je travaille pour l’ambassade en Italie en tant que traducteur. Quand je rentrais chez moi, je vous ai trouvé recouverte de neige aux pieds de la grille d’entrée alors je vous ai ramené ici.
- Et mes affaires ? Où sont-elles ? C’est vous qui me les avez enlevé ? Fis-je.
- Vous étiez complètement trempée, je n’allais pas vous laisser dormir comme ça, fit Fred un peu gêné. Mais ne vous en faites pas, je n’ai rien vu. Euh, bref, tenez, voici ma penderie. Il y a des affaires de ma petite sœur. Si elles vous vont, prenez tout ce que vous voulez. Elle est partie en vacances avec nos parents donc ça ne la dérangera pas.
- Euh, merci, fis-je étonnée par toute cette gentillesse.
- Quoi ? Dit-il en voyant que je le regardai fixement. Oh pardon, oui, je vous laisse vous changer.
- Il est stressé d’avoir une fille chez lui, pensai-je. Il doit être célibataire. Mais il a l’air vraiment très gentil. J’aurai pu tomber sur un fou.
- Je ne suis pas fou, dit-il à travers la porte. »
Pour la première fois depuis quelques temps, je ris de bon cœur. Peu après, je sortis de cette chambre et je me retrouvai dans un grand salon. Fred se trouvait dans la cuisine.
« - Euh, excusez-moi d’abuser de votre générosité, fis-je en l’apercevant.
- J’vais jamais pouvoir la finir cette tartine, dit-il en riant alors qu’il semblait préparer quelque chose. Je plaisante. Allez-y, demandez.
- Je pourrais prendre une douche ? Fis-je. Ça fait une journée entière que je suis partie de chez moi et avec tout ce que j’ai vécu et couru, une bonne douche me ferait du bien.
- Bien sûr, répondit-il. La salle de bain est au fond du couloir sur votre droite. Mais prenez plutôt un bain, ça vous fera le plus grand bien.
- Oh, c’est vrai, fis-je folle de joie. Merci beaucoup. »
Je pris de quoi me changer puis je courus m’enfermer pendant au moins une heure dans cette immense salle de bain.
« - Elle en a au moins pour une heure, fit Fred. Bon, alors, qui y’a-t-il dans ce sac à dos. Alors, ah, un portefeuille. Qui es-tu ma chère ? Hein ! Pas de carte d’identité. Ah, y’a au moins le permis de conduire. Melle Jessica, vous me semblez bien charmante sur cette photo ! Je sais, ce n’est pas bien de fouiller mais au moins je suis fixé de ne pas avoir ramené une traînée ou une pute. Ça m’a l’air d’une personne respectable. De toute manière, il n’y a que les gens de goûts qui lisent du Baudelaire pour se détendre. À moins que ce ne soit pour les cours. À son âge, ça doit encore être l’université. Voyons, d’après son adresse, je suppose qu’elle est à Lyon. Hum, bonne fac. Pour les langues, c’est très bien parait-il. Bah, je préfère l’appliqué au théorique. Bref, alors, voyons la suite. Tiens, c’est quoi ces feuilles ? Une nouvelle ? Tiens donc, elle écrit ? Ah non, c’est signé Jérémie. Non, pas le nouvel écrivain français ? Oulà, ça doit être une de ses amis. Tiens, il y a une lettre avec. Ah ! Alors, c’est toi la fameuse femme qui n’aime pas les noëls. Quelle coïncidence ! Bon, vaut mieux tout ranger avant qu’elle ne me voit fouiller. Ce n’est pas génial mais au moins je suis fixé. »
Quelques temps après, je sortis de la salle de bain. De succulentes odeurs me titillèrent les narines. Je les suivis presque comme hypnotisée jusqu’au salon où Fred s’affairait.
« - Alors, bien ce bain ? Fit Fred qui finissait de mettre la table pour deux.
- Vous attendez quelqu’un ? Fis-je ? Si tôt !
- Ben oui, répondit-il. Vous.
- Oh non, il ne fallait pas, fis-je. Je ne veux pas plus vous déranger. Je vais partir. Merci beaucoup pour tout. Et dès que j’aurai récupéré mes affaires, je vous rendrai vos vêtements.
- Mais non, mais non, tout va bien. Deux choses déjà : premièrement, pas de vous entre nous, ça me donne quarante ans de plus et j’en ai suffisamment avec mes vingt-quatre pour le moment. Deusio, vous aimez les croissants à la française ? C’est une recette de ma mère, elle est boulangère !
- J’adore ça, répondis-je en m’asseyant toute heureuse.
- Eh bien voilà, tout s’arrange, finit Fred en allant chercher le petit-déjeuner. »
Pendant que l’on dégustait les croissants tous chauds encore, je lui racontai toutes mes mésaventures jusqu’à hier soir en passant par mon dégout retrouvé pour les fêtes de fin d’années.
« - Vous êtes pire en vrai que sur Internet, fit Fred en riant.
- J’avoue que je ne comprends pas, fis-je étonnée par sa réponse.
- Vous ne souvenez pas de la conversation que nous avons eu sur le net et sur tout ce que vous pensiez, dit Fred. Vous ne m’avez d’ailleurs pas répondu. C’est pas bien.
- C’était vous, fis-je très étonnée. Je suis confuse mais à ce moment, ça n’allait pas très fort.
- Et vos amis, enfin, je suppose que vous en avez, continua-t-il. Ils ne peuvent pas vous aider ?
- Eh bien, en fait, fis-je en sortant une petite feuille avec les adresses de tous les personnes qui m’étaient chères de mon cher sac à dos. J’ai bien des amis mais je ne veux pas les déranger pour Noël. Cette journée est importante pour eux et je ne veux pas les gêner.
- Mais si ce sont réellement vos amis, ils ne vous rejetteront pas, expliqua Fred. Au contraire, ils vous accueilleront à bras ouverts, heureux d’avoir une nouvelle invitée à leur table, et qui plus est une grande amie à eux.
- On croirait entendre Jérémie et ses fondements sur l’Amitié, fis-je en riant.
- J’ai lu toutes ses nouvelles, répondit Fred en souriant.
- Ah d’accord, fis-je. Vous le connaissez ! Bon, si cela ne vous dérange pas, je vais aller voir à quelle heure l’avion revient avec mes affaires.
- Tenez, voici un peu d’argent en cas de problème, fit Fred en me tendant un portefeuille. J’ai aussi une carte de la ville et je tiens à vous prêter une petite carte qui est très utile dans les aéroports. C’est ma carte de l’ambassade. Si vous avez un problème, avec ça, vous êtes tranquilles.
- Merci beaucoup, fis-je. Euh, qu’allez-vous faire aujourd’hui vous ?
- J’ai deux ou trois coups de fils à passer puis je vous attendrai ici. Dans le portefeuille, il y a mon numéro. N’hésitez pas.
- D’accord, répondis-je en me dirigeant vers la porte. Au fait, Fred, arrêtez de trembler, je ne mange personne.
- Désolé, l’inhabitude, répondit-il en riant. »
Je partis donc vers l’aéroport. Il était dix heures et d’après tous les renseignements que j’avais reçus, l’avion n’arriverait pas avant ce soir à vingt-deux heures. Super, une journée de plus à Rome.
« - Ouf, j’ai cru qu’elle n’allait jamais partir, fit Fred. Bon, heureusement que je suis un bon samaritain. Allez, y’a du boulôt. »
La journée se passa tranquillement pour un vingt-quatre Décembre. Je fis quelques magasins histoire de me changer les idées. J’y passai d’ailleurs des heures durant. Lorsque les vingt-deux heures sonnèrent, j’étais déjà de retour à l’aéroport. Mes bagages m’attendaient gentiment à côté d’un agent de la douane qui m’aida à les transporter jusqu’à un taxi. Je les embrassai mille fois avant de refermer la porte de la voiture qui me ramena vers la maison de Fred. Je voulais le remercier et aussi lui demander encore l’hospitalité pour cette nuit. Je partirai dès demain matin. Bref, encore un Noël seule.
« - Bah, on s’y fait, fis-je tout haut. Tiens, c’est tout éteint. Etrange, pourtant, il m’avait dit qu’il ne bougerait pas de la journée. Manquerait plus qu’il me fasse le coup du jeu de mot du style : « Oh, j’avais dit la journée mais quand tu es rentrée c’était la nuit ». Charmant souvenir d’ailleurs ! Bon, Grazie signor. Può conservare la valuta ! »
Je sortis mes affaires et je les traînai jusqu’à la porte d’entrée. Heureusement qu’il m’avait prêté une clé. Il m’avait rapidement fait confiance. Etonnant ça d’ailleurs. Je posai mes valises dans le couloir puis j’allumai toutes les lumières pour voir où je mettais les pieds. J’arrivai dans le salon principal où une table majestueuse était dressée. Frédéric devait attendre des amis. Un sapin était même décoré dans un coin de la pièce. J’allai tourner les talons que la lumière s’éteignit brusquement.
« - Ben tiens, manquait plus que ça, fis-je en soupirant. Bon, il faut que je trouve une bougie et que je commence mon aventure à le recherche de la boite à fusible.
- Je ne pense pas que tu en auras besoin, fit une voix que je ne connaissais que trop bien.
- Non, c’est impossible, ça ne peut pas être toi, fis-je.
- Pourtant, les miracles ça existe, fit Jérémie en rallumant les lumières du salon entouré d’un nombre incroyable d’amis. »
Cette fois-ci, c’était la crise cardiaque assurée. Les larmes coulèrent toutes seules. Tous mes amis, ceux que j’adorais et même mes parents, tous étaient là, les bras chargés de cadeaux. Je tombai à genou, les mains sur le visage. Je me pinçai, voulant être sûre de ne pas rêver.
« - Non, ce n’est pas un rêve, fit Jérémie en s’accroupissant devant moi avec un large sourire. Allez, arrête de pleurer sinon je vais aussi m’y mettre. Tu sais comme ça part vite chez moi. Je n’ai qu’une chose à ajouter à ce moment qui j’en suis sûr est magique pour toi ma chère amie : JOYEUX NOËL JESSICA. »
Je lui sautai au cou, tant heureuse de tout ça, de cette surprise si…fabuleuse.
« - Allez Jessica, fit Marion, ma meilleure amie qui s’était accroupie aux côtés de Jérémie. Relève-toi et viens t’asseoir. On a faim nous après tout ce voyage. »
Elle m’aida à me relever et je pris tous mes amis dans mes bras, ma joie ne se comptait plus. J’embrassai mes parents plus de vingt fois. Ils me jurèrent que tout cela n’arriverait plus. Stéphanie, Laura, Caroline, Matthieu, toutes et tous étaient là rien que pour moi. Enfin assise comme tout le monde, la question que je me posais depuis tout à l’heure me revint en tête.
« - Mais…Comment…Enfin, tout ça ? Fis-je en bégayant un peu.
- Il faut remercier le chef, fit Jérémie.
- Ouais, c’est lui qui nous a expressément demandé de venir ici, fit Laura. Et grâce à l’avion privé de la compagnie d’édition de Jim, on s’est tous retrouvé à Rome en trois heures. T’as de la chance que je ne sois pas encore partie aux Etats-Unis à cause de la neige.
- Mais…mais, je t’ai gâché toutes tes vacances, fis-je en baissant la tête.
- Mais non voyons, ne dis pas ça. Tu es mon amie et ça me fait hyper plaisir de passer le réveillon avec toi.
- Merci à tous et à toutes d’être venu, fis-je aux bords des larmes. Grâce à vous, j’ai renoué avec Noël et j’ai compris que ces fêtes étaient très importantes et qu’elles ne réunissaient pas que la famille mais que cela comprenait toutes les personnes qui nous sont chères, famille ET amis. Je…je suis folle de joie d’avoir des amis et des proches tels que vous. Merci, merci de tout cœur.
- Mais de rien, fit Fred en apportant la dinde. Ah, euh, tu m’excuseras d’avoir fouillé dans ton sac à dos. Mais il me fallait trouver un moyen de te rallier avec Noël et c’était dans mes cordes.
- Merci de tout cœur, fis-je en le prenant dans mes bras. Je te revaudrais ça un jour.
- D’accord, alors tu pourrais pas m’aider à payer ma facture de téléphone, répondit Fred. Parce que tous ces appels en France, ça coûte un max.
- Promis, fis-je en riant. Je t’aiderai. »
Et dans une ambiance festive, je participai au premier réveillon de ma vie alliant mes amis et ma famille. Ce repas, j’en rêvais depuis quatre ans. Comme quoi, l’Espoir permettait parfois des miracles. Il suffisait juste d’y croire et de s’accrocher de tout son cœur à son rêve. Quand tout semble fait pour vous nuire, que tout tourne mal, il ne faut pas oublier que dans chaque nuit il y a une étoile, dans chaque tunnel, il y a une sortie et que dans tous les ténèbres il y a une part de lumière. Il suffit d’y croire pour qu’elle vous apparaisse. Je regardai à travers la fenêtre et je vis la neige commencer à tomber lentement, flocon par flocon. La maison de Frédéric était très grande et tout le petit monde put coucher là ce soir-là. Moi, dans ma chambre, alors que tous dormaient, je sortis cette fameuse nouvelle de mon sac, celle qui me répugnait avant rien que par son titre.
« - Un Noël à Rome atypique ! Lus-je à haute voix. Mais où a-t-il encore été chercher cette histoire ? »

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