Une semaine passa et Niji ne se remettait pas de son erreur. Elle n'en avait pas fait part à Izumi, la connaissant, elle se serait moquée d’elle. Alors, elle le gardait en elle, mais cela ne l’aidait pas. Au lycée, elle redoutait de voir le professeur de kyudô. Que pensait-il d’elle ? Une imbécile ? Une cinglée ? Ou pire ? Même si elle ne voulait rien dire, elle cachait mal ses émotions.
- Niji-saaaan !
Elle se redressa et remit pied à terre. En face d’elle Kyoichi la regardait comme inquiet.
- Niji-san, daijobû ?
Elle regarda son ami dans les yeux, d’un air absent. Comprenant qu’il lui avait posé une question, elle secoua la tête.
- Oui ? Désolé Kyo, j’étais un peu absente.
- Un peu ! C’est la dixième fois que je t’appelle !
- Gomen.
- Et tu peux m’expliquer pourquoi es-tu là ?
Niji se retourna, elle était devant le kyudôjô. Inconsciemment, alors qu’elle allait se promener au parc, ses jambes l’avaient emmenée devant ce lieu maudit. Elle tomba à terre, et pleura. Elle revit la scène dans sa tête. Le doux visage du professeur, son sourire, sa voix. Elle s’effondra. À ses cotés, Kyo ne comprenait absolument rien. Il la regardait d’un air désemparé. Il ne savait pas quoi faire. Il essaya par des mots doux, mais rien n’était efficace. Il la força à lui parler, mais elle pleurait tellement qu’il ne comprenait absolument rien. Dans un moment de découragement, il fit demi-tour et partit acheter des glaces. Une à la pistache pour lui, une à la fraise pour elle. À son retour, elle avait disparu. Comme un imbécil, avec ces deux glaces à la main, il la chercha du regard. Rien.
« Mais où est-elle ? »
Où ? Elle ne le savait pas non plus. Elle avait pris ses jambes à son cou dans l’unique but de s’éloigner de son cauchemar. Elle fit une pause et chercha à se repérer. Soudainement, elle se souvint de Kyoichi. Elle prit son portable pour l’appeler, mais elle constata qu’elle n’avait plus de batterie. Elle marcha sans but et retrouva son chemin. Elle décida de rentrer et d’appeler son ami à son retour. Elle avait tout de même une petite pensée pour lui et s’en voulait d’avoir réagit ainsi.
De son coté, Kyoichi prit la direction du parc, s’installa et mangea ses glaces. Des passants marchèrent et le regardèrent d’un air étonné.
- Maman ! Regarde ! Le monsieur comme il a très faim !!
- Regarde celui –là ! Le pauvre, il s’est pris un râteau…
- Tiens, un schizophrène…
- …
Niji continua sa marche. Les rues d’Osaka étaient particulièrement vides à cette période de la journée. Vide, mais pas calme. Elle allait et venait dans les rues, lorsqu’elle entendit un cri. Un cri assez strident et aigu, qui ne pouvait être un cri de détresse provenant d’un être féminin. C’était dans une impasse qu’elle rencontra l’agression. Une jeune demoiselle agressait par trois grands et robustes hommes.
La jeune demoiselle ne vit absolument rien. Elle ne vit qu’une ombre extrêmement rapide et très souple, enchaîner les coups sans aucune hésitation. Elle en admirait son sauveur.
« Quel homme fort ! » pensa-t-elle.
L’obscurité de l’espace ne lui permettait pas de voir le visage du Samouraï, mais elle était persuadée que sa beauté était égale à sa force. Elle avait tellement peur qu’elle se réfugia dans un coin. Recroquevillée sur elle-même, elle ne voyait pas la scène, mais d’après les nombreuses agitations, elle imagina. Elle imagina un grand et beau garçon bien bâti, défoncer ses bandits en quelques coups de poing et de pied. Pourtant, son rêve s’acheva au moment où...
- Mademoiselle, tout va bien ?
La voix qu’elle croyait grave et posé ne l’était pas. Son héros était une héroïne, mais cela ne l’empêcha pas de l’admirer d’avantage.
« Comment une femme peut avoir cette force surhumaine, tel un homme ? »
Niji accompagna la demoiselle à la lumière du jour et la sortit de ce trou à rat.
- Vous allez bien ? demanda Niji
L’agressée ne répondit pas, gênée de voir le vrai visage de celle qui l’avait sauvée. Elle était d’une splendeur incroyable et d’une beauté remarquable. Elle avait devant elle, un être parfait. Néanmoins, Niji l’accompagna jusqu’à la route principale. Malgré l’agression, Sunako allait bien, seulement effrayée. Rassurée par son état de santé, Niji laissa Sunako regagner son chez elle, tandis qu’elle fit demi-tour. Sunako rentra toute gaie. Même si elle venait de vivre un moment assez traumatisant, elle en ressortit heureuse.
La seule chose que Sunako avait vraiment aimée, était cette balade avec Niji. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle aurait pris son temps pour elle. Au contraire, elle supposait que, comme tous les héros des films, elle repartirait dans l’ombre, laissant un mystère planait. Niji était plus qu’une simple fille et Sunako était pressée de la revoir.
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