Yuki demeura chez Niji qu’un mois et demi. De part son nom, il trouva rapidement un bon poste dans une entreprise. Avec un peu plus de difficulté, il loua un petit appartement dans un vieil immeuble. Hormis le dépaysement, Yuki voulait son indépendance le plus vite, par prétention envers Niji. Pas très doué en cuisine, il venait régulièrement chez elle, déguster un bon repas préparer par Jin.
Un soir, après avoir fait une excellente affaire, Yuki ne put s’empêcher de s’en vanter. Jin était heureuse pour lui, Niji voulait le tuer.
- En fait, reprit Jin à Niji, où en es-tu avec tes recherches d’emploi ?
Niji rougit
- Je n’ai encore rien trouvé d’intéressant qui puisse me convenir.
- Si tu veux, ajouta Yuki, je peux te trouver un travail.
Elle redouta le pire.
- J’ai besoin d’une femme de ménage. Je te payerai convenablement et je suis un très bon patron.
Il sourit de toutes ses dents. Niji lui colla sa main sur sa figure.
- Baka ! Je ne serai jamais à ton service ! Tu n’es qu’un bon à rien !
- Un bon à rien qui a fait la plus grande affaire de sa vie
Niji glaça l’ambiance. Elle sortit de table, s’éclipsa dans sa chambre.
Pour la nième fois, Niji se rendit en centre ville. Le peu de postes libres ne l’intéressait pas, mais au point où elle en était, tout était bon à prendre. Son portable se mit à sonner.
- Mochi mochi !
- Ano… Kaeda-san ? Chuchota une petite voix.
- Qui est-ce ?
- Suzuki Yuki.
Niji faillit laisser tomber son portable.
- Yuki-kun ! Mais… Qu’est ce qui t’arrives ?!
- Juste la grippe. Tu peux me ramener des médicaments ?
- Ok, mais n’oublies pas de me rembourser avec les intérêts !
Elle raccrocha.
Niji se dépêcha de terminer ses commissions et se rendit chez Yuki. C’était la première fois qu’elle alla chez lui. Elle n’avait aucune raison d’y aller. Elle fut étonnée de voir ce lieu bien entretenu pour un célibataire, sauf qu’un coup de balai était nécessaire.
Elle prépara un thé au miel et apporta son médicament. Allongé dans son lit, Yuki était plus que blême, un mort-vivant. Elle le força à prendre son médicament, et chercha de quoi éponger le front du souffrant. Il avoua qu’il avait près de quarante-deux de fièvre. Elle prit son portable pour appeler une ambulance, mais Yuki le convainc que ce n’était pas nécessaire, les médicaments suffiront.
- Mais tu souffres ! Tu n’arrives pas à parler, tu es très faible ! Il te faut un traitement spécifique !
- Betsuni… c’est juste une grippe. Le médicament commence à faire effet.
Yuki lui indiqua une petite boîte sur sa commode.
- Sers-toi et rentre chez toi.
Niji l’ouvrit et découvrit une petite liasse de yen. Ce crétin pensait s’en sortir tout seul alors qu’il n’était qu’une épave. Elle retourna sur ses pas, et ordonna à Yuki de se taire jusqu’à nouvel ordre. Elle reprit son portable et appela sa tante. Elle lui prévint qu’il était préférable qu’elle reste pour s’occuper de lui. La santé de Yuki était très préoccupante. Jin approuva.
Ensuite, Niji passa un coup de balais, aéra la piève et se prépara quelque chose à manger. Elle convertit le canapé de la salle de séjour en un petit lit. Toutes les heures, Niji changea l’eau de la petite bassine et rinça régulièrement la serviette et la reposa sur le front du malade, pour baisser la fièvre. De plus elle le força à boire et à manger. Finalement, elle s’était retrouvée à travailler pour Yuki. Elle pouvait encore partir, mais ce n’était pas digne d’elle.
En début de matinée, le portable de Niji sonna. Elle maudit celui qui la réveilla.
- Mochi mochi… bafouilla-t-elle à moitié endormie.
- Niji ? It’s Chris. Je te dérange ?
Même s’il ne s’était pas présenté, elle le reconnu tout de suite. Cette voix qu’elle n’avait plus entendue, seulement dans ses rêves. Son cœur se mit à battre la chamade.
- Chris ! How are you ?
Elle avait prit l’habitude de converser avec lui en anglais.
- Très bien. Je viens tout juste d’arriver à Hokkaido et j’aurais aimé qu’on se voie cette après-midi. Je ne suis ici que pour quelques jours.
Niji s’enthousiasma. A sa montre, il était tout juste huit heures. Elle était sur le point d’accepter, mais se rendant compte qu’elle était encore chez Yuki, elle déclina.
- Sorry ! Aujourd’hui je dois m’occuper de mon voisin. Il est souffrant et son était ne s’améliore pas.
Des larmes ruisselaient sur sa joue. Elle s’en voulait de refuser ce rendez-vous qu’elle attendait depuis longtemps.
- Je comprends. J’essayerai de passer chez toi, te donner un faire-part.
- Un faire-part ?
- Yes ! Je vais me marier.
- … Congratulation.
Niji raccrocha. Son souffle coupé, elle ne put d’empêcher de pleurer à chaude larme. L’impensable était arrivé. Tout était trop beau, elle était bien naïve.
- Niji....... Yuki tenta de l’appeler. Ses pleurs l’avaient sans doute réveillé.
Elle sécha rapidement ses larmes, mais ses yeux demeuraient boursouflés.
- Tu as dormi ici ? Demanda-t-il, toujours d’une petite voix.
Elle ne répondit pas.
- Merci. Répondit-il. Quelque chose s’est passée ?
- Tais-toi et repose toi.
Elle sortit, se rappelant qu’elle devait faire quelques courses. Il fallait qu’elle change d’air. Rien de mieux qu’une bonne soupe de poireaux contre la fièvre. S’occuper de Yuki l’aiderait à ne plus penser à lui. Elle restait tout de même curieuse sur sa rivale qui lui avait volé son âme sœur.
Comment cela pouvait arriver ! Elle était prête à tout pour lui, tous les moments qu’ils avaient passé ensemble, il ne pouvait pas tout laisser comme ça ! Elle lui était fidèle, il n’avait aucun droit de la trahir. Elle découvrit ce qu’était la jalousie. Chris était à elle, et à personne d’autre. Elle n’irait pas à se mariage.
En attendait, elle était devenue infirmière et son patient l’attendait.
|