- Otomen est le père de Niji ! Hurla de surprise William
Yuki était installé derrière son bureau et jouait avec un élastique. William faisait les cent pas. Il en connaissait autant que Yuki. Cette révélation était plus que surprenante et entraîna un long débat. La curiosité de William n'était pas entièrement satisfaite. Il fixa Yuki et lui demanda comment il avait rencontré Otomen.
- Pure hasard. Un soir, je me suis saoulé la gueule, il était à coté de moi, aussi bourré. Il m'a raconté sa vie m'a parlé de son ex qui était une vrai pute et qui est maintenant une pute battue. Il m'a parlé de sa fille qui est un ange. Puis qu'il a du regret d'être parti. Lorsqu'il m'a dit que sa fille s'appelle Niji et qu'il m'a montré une photo d'elle quand elle avait seize ans. J'ai tout de suite fait le lien.
- T'en as parlé à Niji.
- Non. Son père a simulé sa propre mort pour échapper aux Yakuzas. Depuis il est complètement paranoïaque, sauf quand il est bourré. Il m'a avoué qu'il avait envie de retrouver sa soeur qui habite dans le coin. J'ai fait ce que j'ai pu, sauf que ce jour là, Niji-chan n'était pas présente, dommage pour elle. Deux conseils d'ami. Motus et bouche cousue! J'ai gardé le secret, alors idem. Si tu tiens à ta petite copine, ne lui dit rien ou elle risque de détester son père et elle n'a pas besoin de ça. Sors avec elle, éclate toi avec elle, fait ce que tu veux avec elle. Tu as peut être pris son coeur en amande mais ça reste là. Dernière chose, si je retrouve Niji-chan en larmes à cause de toi , tu as intérêt à prendre le premier avion pour l'Ecosse.
William acquiesça et reparti dans ses quartiers. Il prit la menace au sérieux. Yuki bascula sa tête en arrière. Otomen lui en avait posé des colles. Trois mois pour trouver son trou à rat et un de plus pour le convaincre d'aller voir sa soeur. Petite Niji qu'il l'aimait tant ! Il la voyait partir avec un autre. C'était donc si simple de sortir avec elle ! Yuki s'en voulait. Quelle idée de les avoirs présentés, ce soir-là au restaurant ! Il ne pouvait faire du mal à son amie, mais il ne tolérait pas avoir un autre concurrent qui avait déjà beaucoup d'avance. Il frappa du poing la table et se mordit les lèvres. Le voilà puni et éternellement maudit en amour. Tant de haine tournait autour de lui. Un mauvais karma, ça ne pouvait qu'être ça.
- Sumimasen Suzuki-sama. Votre mère est sur la ligne 5. Annonça sa secrétaire.
Yuki acquiesça et prit le combiné.
- Quel culot de se faire passer pour ma mère. Tu n'as pas trouvé mieux ! Tu vas me pourrir la vie éternellement ?
- Yuki-kun, répondit sa belle-mère, je n'ai pas beaucoup de temps. Ton père a besoin de toi pour reprendre les affaires.
- Lorsque tu es venue dans mon bureau la semaine dernière, je t'ai déjà dit que mon père est mort. Si Sunako-chan a besoin d'aide, qu'elle m'appelle.
- Ta soeur ne peut pas appeler car elle est dans le coma.
Yuki se pétrifia. Pas elle. Pas sa soeur. Surtout pas Sunako. Le visage de Sunako martela sa tête, puis il l'imagina dans un lit d'hôpital, couverte de tuyau, relié à toutes sortes de machines, en train de dormir.
- J'espère que ce n'est pas une blague.
Yuki raccrocha prit sa veste et ordonna à sa secrétaire d'annuler tous les rendez-vous des trois prochaines semaines.
Anya se trouva seule dans le bar. Il se passait quelque chose. Quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Pourquoi sa nièce avait-elle autant de valeur? Il ne l'avait jamais vu. A moins que...
Elle sortit à son tour et poursuivit son fiancé. Il avait prit de l'avance mais elle réussit à le rattraper. Elle le prit la le bras, le força à s'arrêter.
- Qu'est-ce qui se passe Chiisu-kun ! Pourquoi es-tu si inquiet au sujet de ma nièce? Ce n'est pas grave. Nous serons en petit comité et tout se passera bien. N'est-ce pas?
Il ne répondit pas. Trop d'émotion contradictoire le saturé. Il avait tellement envie de lui dire la vérité. Qu'il était à Kyoto pour la rencontrer, et parler de leur père commun, lui avouer son lien à elle, tout lui raconter, mais cela briserait le mariage et Anya. Il ne voulait pas la faire souffrir par ses maladresses, comme avec Niji. Il avait voulu rompre avec Anya, mais il s'était habitué à elle, sa gentillesse, sa présence, son sourire. Il ne savait plus comment réagir. Il ne voulait pas que ça change. Il ne fallait rien changer.
Il se retourna, la prit dans ses bras et lui souffla ces trois mots qu'il n'avait plus dit depuis longtemps. « Je t'aime ».
- Konnichiwa ! Vous êtes bien la messagerie de...
Niji raccrocha avec rage. Cet imbécile de Yuki refusait de répondre. Bon sang, où était-il ! Toujours absent quand on avait besoin de lui.
Elle jeta son portable sur la table. Elle était encore confuse de la veille. Laisser William ainsi, en fuyant. Elle avait peur sans comprendre pourquoi. Il y avait quelque chose qui la bloquait et l'empêchait de rester plus longtemps avec lui. Il semblait si intentionné envers elle. De plus sa compagnie n'était pas désagréable.
Niji se frotta la tête. Elle ne comprenait plus rien. Elle ne se comprenait pas.
- Et bien. Toujours pas au boulot? Demanda Jin.
- C'est mon jour de congé.
Jin arqua un sourcil. Elle s'assit en face de sa nièce.
- Raconte tout à Tante Jin.
Niji leva la tête et la regarda droit dans les yeux. Des yeux qui lui rappelèrent son père avec lesquelles il la regardait, autrefois. Elle baissa les yeux et lui raconta absolument tout. Sa soirée, le dîner, la conversation, l'ambiance, puis sa fuite. Elle lui parla de ce qu'elle ressentait, de ses questions existentielles sur elle-même. Elle ne savait pas si elle aimait William et aussi ce qu'il ressentait pour elle. Ca la gênait de ne pas savoir.
- Demande lui ce qu'il ressent pour toi! Ca pourra peut être t'aider. Ajouta Jin.
- Tu es folle!
- Alors tu préfères te contenter de tes hypothèses non fondés. Tu n'es pas dans sa tête, tu ne peux pas savoir ce qu'il pense. La prochaine fois que tu le vois, demande-lui. Et s'il t'invite à sortir, profites-en. Ne reste pas coincée. Eclate-toi et souris. Tu es peut être une championne du Kendo, mais tu te compliques la vie avec les hommes.
Niji vira au rouge. Certes, Jin avait raison, mais il y avait une autre manière de lui demander ses sentiments sans être aussi directe. Il restait un problème, elle n'avait pas son numéro de portable. Si seulement Yuki pouvait répondre...
Elle retenta trois fois, en vain. Yuki devait être trop occupé pour lui répondre. Elle soupira. Dans un dernier élan de courage, elle se releva, prit son manteau, ses clés et se dirigea vers la porte.
- Jin-san ! Je vais faire un tour au combini.
Elle ouvrit la porte et se trouva face-à-face à son demi-oncle, Chris. Ils restèrent figés. Des larmes montèrent aux yeux de Niji, des larmes de joie de revoir son premier amour, mais aussi de la tristesse de sa traîtrise. Elle se remémora le faire-part donné par sa tante Anya. Il allait se marier, avec sa demi-soeur. Niji ne savait pas tellement comment réagir. Elle se contenta de le gifler. Chris ne réagissait pas à son tour. Il se contenta de regarder Niji dans les yeux.
- Good Afternoon Niji. Ca fait longtemps que nous nous sommes pas vus.
Il souriait. Elle l'avait giflé, mais il souriait comme avant. Le même sourire que dans ses souvenirs. Son coeur se comportait comme un marteau-piqueur qui s'enfonçait toujours plus dans son corps. Beaucoup d'évènements s'étaient passés mais Chris restait le même. Niji se jeta dans ses bras. Il lui avait tellement manqué, sa chaleur, son étreinte, son odeur.
Chris la repoussa délicatement. Cette petite était toujours dingue de lui. D'un autre coté, elle n'était plus « petite ». Il avait devant lui une parfaite femme.
- Discutons un peu! Proposa-t-il
Niji acquiesça et l'accompagna. Les courses pouvaient attendre.
***plus tard ***
- S'il te plait. Accepte l'invitation et assiste à mon mariage !
Niji se tordait les doigts. Sa décision était prise.
- Je suppose qu'Anya n'est au courant de rien.
Il acquiesça.
- Ta mère non plus, ajouta-t-il. Il n'y a que toi qui le sait.
- Et tu veux que je vienne alors que je connais la vérité ! Ton mariage sera un vrai échec.
- Je ne te demande pas de faire un discours ou de tout avouer, juste d'assister. Je veux juste t'aider à renouer les liens avec ta famille. Tu ne peux pas rester seule, Niji.
- De quel droit tu te permets de savoir ce qui est bon pour moi? Insista-t-elle. Si je suis « seule », comme tu le dis, ce n'est que de ta faute. Je n'ai jamais voulu m'éloigner de toi. Je pensais même vivre avec toi.
Chris fut prit de court. Ses inquiétudes avaient lieu d'être. Elle avait toujours des sentiments pour lui, comme il le soupçonnait. Étrangement, lui aussi. Son visage ne montrait rien, mais au fond de lui son coeur heurtait sa cage thoracique. La voir avec ce regard rempli de haine et d'incompréhension culpabilisait Chris.
- Je te demande juste de faire acte de présence. Tenta-t-il d'expliquer.
- Alors voilà ce que je suis ! Une simple présence pour toi ! Baka Chiisu-kun !
Elle pouvait bien le dire, il n'était qu'un idiot. Elle fit demi-tour et partit. Elle retenait ses larmes du mieux qu'elle pouvait, mais elles coulèrent, sans interruption.
Elle raccrocha pour la énième fois. Yuki ne répondait toujours pas. Ce n'était pas dans ses habitudes. Elle n'avait pas eut le temps de ranger son portable qu'il sonna. Un numéro s'afficha, elle ne le reconnut pas.
- Mochi mochi!
- Niji?
Son coeur se remit à battre. William.
Il lui donna rendez-vous quatre heures plus tard dans un grand restaurant. Le repas ressemblait au précédant, mais se termina dans l'appartement de l'écossais. |